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Voilà qui était inhabituel pour moi, me promener aussi loin dans les terres, m’éloigner plus de cent mètres de l’Elpis. La mer a toujours su être une maîtresse rassurante, une épouse même qui donnait envie de se lover dans ses bras. Pas un jour il me semblait, je n’eus à la quitté, souvent sur le pont du navire, nous étions un couple inséparable ne pouvant vivre l’un sans l’autre. Et pourtant… Depuis ce fameux soir, tout semblait chambouler. Au départ je croyais à une mauvaise blague, mais la vérité fut dévoilée de manière si brutale. Je me disais « Ok les gens de cette ville étaient tous devenue fous ! » Mais depuis que cette femme m’eut touchée, m’ayant fait je ne savais pas quoi encore, ma tête hurlait sans arrêt devant ces images dansant devant mes yeux. Des flashs, montré visiblement dans un désordre incroyable qui à la fois me surprenaient et en même temps, paraissaient si familières…

Je cru devenir à mon tour fou. Mais le plus dure, fut que depuis ce jour, l’océan ne m’apportait plus aucun réconfort, le sanctuaire que j’y trouvais n’existait plus. Je voulais fuir, je voulais me perdre au milieu des vagues et ne plus jamais revenir. Malgré cela, plus m’éloignais, plus ces « souvenirs » devenaient violent. Mon médicament me condamnait en quelque sorte. Désemparer, je reviens à la terre ferme et déduisant que mon domaine ne pouvait plus me protéger, celui de l’île pourrait devenir temporairement mon nouveau refuge.

Où allais-je ? Je n’en savais trop rien. Depuis le temps que je vivais sur Caelesti, je me rendais compte que je ne connaissais pas vraiment sa ville. Juste ceux qui se trouvait près de l’eau mais pas plus. Alors, quoi de mieux qu’une bonne petite visite pour se changer les idées ? Et mon aventure me mena finalement à ce bien curieux quartier qu’était Ceacănești. On aurait vraiment dit un village à part. Un peu coupé du reste de la ville, ce lieu offrait au moins un cadre reposant où leur mer était verte et paraissait aussi dangereuse.

Mains dans les poches, je me baladais ainsi dans les rues. Les gens ici paraissaient tellement plus détendues, plus chaleureux qu’ailleurs. On y trouvait en plus quelques boutiques. Ce qu’on y vendait, semblait tellement atypiques. Quelques enseignes proposaient du moderne, mais on y trouvait surtout ce qui se rapprochait du traditionnel européen. Vêtements faisant penser au moyen-âge, outils en bois, objet de décoration à thème… Pas mal de petit trésor qui était fort attirant. Pourquoi, pour ne pas changer, je ne me procurerais pas un souvenir ? Pendant que je regardais ce qu’on proposait, je remarquais qu’à quelques mètres de moi, se tenait une jeune femme. Visage fin, longs cheveux noirs, je me laissais allé à ma guetté du moment, oubliant enfin ces choses qui me hantaient depuis peu.

"Plutôt pas mal hein ?"

J’ignorais ce qui m’arrivait, mais je fus comme un petit enfant, qui s’extasiait devant des jouets et des bonbons lors d’une fête de village. Finalement, quitté le monde marin m’eut fait un bien insoupçonné. Oh oui ! Oublier toute cette histoire de dingue, c’était comme si… Retrouver sa vie d’avant ? Non, car là ça changeait. Je ne serais donner un nom à ce que je ressentais, en tout cas, cela m’amusait un peu, me détendait également. Et je comptais bien en profiter.

"Vous êtes du quartier ? Moi c’est la première fois que je viens et ça à l’air charmant."

D’ordinaire, je n’aimais que ceux qui avait attrait à la mer. Coquillage, maquette de bateau, étoile de mer, objet repéché des fonds marins… Pourtant je fis infidélité à ma maîtresse en me laissant séduire par la vision d’une autre culture, d’un autre mode de vie que jusque-là, je dénigrais. Était-ce un effet secondaire de mon cerveau qui se bagarrait entre deux identités ?

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La belle inconnue se confia si facilement sur son malheur. Il y avait de quoi compatir, mais aussi à se sentir mal à l’aise. Vu ce qu’elle venait de vivre, car oui, je la crus sur le coup, on pouvait comprendre son besoin de parler. Mais moi qui cherchais à fuir mon passé ou « mon destin », bref appelez cela comme vous voudrez, je me retrouvais plonger dans un problème qui me dépasse. Peut-être pouvais-je fuir, dire « Dommage, bon courage alors ! » Et au revoir. Mais non. Le loup de mer que je fus éprouvait de la pitié pour elle, pour Belle Jensen. Un nœud se nouait au plus profond de mon estomac, ressemblant à une laisse qu’on tirait pour me guider vers ce que je devais faire, ou du moins tenter. Me penchant vers elle, tendant ma main en lui rendant son sourire :

"Enchanté Belle Jensen. Moi, c’est Kyle Fisher. Vous avez fait une sacrée trotte depuis le centre-ville. Enfin, je viens des côtes alors ce n’est pas mieux."

Je fus même étonné qu’elle n’est rien trouvé dans le centre-ville ou un des quartiers dans les alentours. De lieu de travail, l’île n’en manquait. Que ce soit boutique, bar, école, centres… Et puis, après le fameux séisme qui avait secoué toute l’île, de nombreux bâtiments furent refait, de la main-d’œuvre devait être rechercher un peu partout. Enfin bon. Je participais à la contemplation aussi de la boutique aux côtés de ma nouvelle « amie ». En effet, celui qui devait être le proprio, du moins le gérant semblait parfaitement gérer la situation.

"Vous savez… Je doute que dans le coin ils embauchent facilement. Ce quartier semble surtout se concentrer sur lui-même. Vous pouvez tenter Sahadir, Njordalvïr ou Ardreven ? Ils sont plus important, peut-être y trouverez-vous votre bonheur."

Très honnêtement, je ne savais pas quoi dire d’autre ou proposer. Moi l’embaucher ? Je gagnais tout juste ce qu’il me fallait entre la plongée et l’Aquarium. Prendre quelqu’un à charge… Je ne savais pas si c’était envisageable. Après, peut-être aurais-je une ou deux connaissances qui chercherait quelqu’un. Je dis bien peut-être. Me mordant la lèvre, je fis une proposition à Belle afin de chasser un peu ce moment déplaisant.

"Je paries qu’avec tout ça, vous n’avez rien manger. Ça vous dit un café et quelque chose à grignoter ? C’est moi qui invite."

Rien de mieux pour ensoleiller un peu nos pensées. En plus, il faisait beau, le soleil brillait toujours, malgré que l’air se faisait un peu frisquet, ce n’était pas désagréable et me sentais d’âme généreuse une fois de plus. Et puis j’avais aussi besoin de me changer les idées. Distraite mon esprit pour ne plus penser à cette soirée qui eut plus que bouleverser mon existence. Pourquoi avais-je accepté d’y assister ? J’aurais pu ignorer l’appel et vivre ma vie de tous les jours. Mais voilà, mon cas ne faisait que s’aggraver et j’étais donc dans l’optique que, tant qu’on ignorait la chose, elle n’existait plus. Stupide, je vous l’accorde, mais paraissant tellement logique sur le moment. J’eus même tenté de prendre des médocs contre ça, malencontreusement, l’effet fut pire.

Avec un peu de chance, Belle pourrait être mon salut, comme je pourrais être le sien. Ouais faut pas exagérer tout de même. En tout cas ce quartier/village devait bien proposer un café ou un petit resto sympa dans le coin. Oui, je ne venais pratiquement jamais ici, restant près des côtes de préférence. Sinon, et bien nous pourrions toujours aller ailleurs, pas de soucis. Pourquoi pas en tant que plan B ou C, l’emmener dans le bar du port dont je suis habitué ? Ha ! Ca serait comique.

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Houlà ! Elle était devenue un vrai moulin à paroles dite moi ! On dirait bien qu’on ne pouvait plus l’arrêter, sans vouloir la vexée. Sans doute l’effet de revenir d’un coma et se sentir perdue. La main tendue que je lui ai faite, devait l’avoir mis en confiance, bien plus qu’on aurait pu l’imaginer. La voilà lancée dans ses confidences, sa recherche d’emploi, son ressentiment etc. À croire que je m’étais déjà fait une nouvelle amie. Je n’en étais nullement gêné, juste surpris et peut-être même amusé. On ne rencontrait pas ce genre de chose tous les jours et voir qu’une bonne action faisant tant plaisir, était déjà en soi une récompense.

"Ecoutez, ce n’est pas la peine. Le plus important serrait que vous trouviez votre job. Et puis… Un petit bar près de chez moi risque d’être compliqué, mais bon, suis en repos alors."

C’était cela que de vivre sur un bateau. On vivait n’importe où et les coins comme un resto ou un bar n’étaient jamais à côté. Belle enchaina de suite sur son aventure à l’hôpital et en l’écoutant, on découvrait qu’elle avait déjà des prépositions pour certains types de jobs. Bonne mémoire, bon contact, pourquoi pas dans le social ? On trouverait bien quelque chose après tout non ?

C’est alors, que Jensen vint me poser une question qui troubla. Non du fait qu’elle m’est tutoyer, ça je m’en moquais, mais savoir si oui ou non, on me manipulait, d’étranges souvenirs indéfinissables. Tout me revenait, la révélation choc, la vision violente de cette cité blanche aux immenses tours dont on disait que j’en étais le roi… Mes dons qui pouvaient aussi bien me servir que me pourrir l’existence. Mon visage devenait sombre, mon regard se perdit dans le vide. Belle devait vivre autre chose. Sans doute, avait-elle l’écho d’une vie de famille, de mère, d’enfants ou quelque chose dans le genre. Pas de dieux ou de créatures mythologiques. D’ailleurs, depuis ces révélations, je regardais bizarrement les gens, me demandant si oui ou non cette personne était vraiment humaine.

"Pour tout te dire… Je ne sais pas trop. Pourquoi ? De quoi te sembles-tu te souvenir ?"

La marche avait un effet bénéfique. Même si je luttais pour renfermer dans sa boîte mes doutes et mes peurs, la forêt envoisinant chantait son hymne reposant, avec son orchestre composait des vents et des oiseaux. Vivre dans ce coin-là devait être relaxant. Mais je n’étais pas trop verdure. Même si j’appréciais sentir ici, comme sur la mer, la caresse de l’air sur ma peau et celle du soleil qui réchauffait. Les voitures étaient rares en plus. De temps en temps, on pouvait en voir une passée, brisant rarement l’harmonie mélodieuse de la nature, nous rappelant que la civilisation était toute proche. Bien que j’aurais profiter encore de ce cadre reposant, j’eus une pensée pour Belle.

"On a encore un peu de marche, mais si tu veux, on peut appeler un Taxi. Je payerais t’inquiètes."

Déjà qu’elle avait voyagé du centre-ville jusqu’à Sahadir, avant de traverser toute la ville pour finir ici, à Ceacănești, la pauvre devait être fatiguée, surtout si on faisait marche arrière. Moi en tout cas, sans vouloir me venter, j’étais du genre sportif, mettant à l’épreuve mon corps tous les jours entre mes deux boulots. Marcher pendant des heures ne me faisait pas peur. Mais s’il y avait une chose que j’eus appris pendant les cours de plongée que je donnais, c’était que personne n’avait la même endurance.

"Mais au fait, où veux-tu donc aller ? On peut s’arrêter au centre-ville ou tout autre quartier typique. En ce moment, je me suis posé près du centre, mais on peut se rendre où tu le désires. Si tu veux, je peux même te faire visiter la ville."

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En effet, la Belle avait dû dormir suffisamment longtemps pour devenir une vraie pile atomique. Surexcitée comme une enfant ayant trop avalé de sucre, je la voyais à la limite sautillé, préférant les longues marches et surtout, cherchant à rattraper le temps de parole perdu. Je me demandais bien « Sur quoi j’étais tombé », mais bien que surpris par cette étrange rencontre, je devais bien avouer qu’au fond de moi, j’en étais amusé. En même temps, qu’on pouvait comprendre l’attitude de la jeune femme, Belle paraissait fort sympathique. Enfin, tant qu’elle ne brandissait pas d’un coup un couteau et voulait planter les gens, pour moi, tout irait bien.

En guise de réponse, je levais mes mains dans la veste, faisant soulever cette dernière, exprimant une petite moue ressemblant à une grimace. J’étais déjà guide marin, cela pouvait aider, mais guide terrestre… Je ne pouvais avoir la prétention de connaitre cette ville comme ma poche. Juste les coins importants m’étaient portés à ma connaissance, mais les rues, les recoins là, il faudra passer son chemin. Tiens c’était drôle. La pauvre toute de même, elle désirait connaître Caelesti, et elle était tombée sur celui qui préférait vivre en mer.

"Pas vraiment." Lui répondais-je à nouveau sur sa question de l’enfermement. On pouvait suivre son raisonnement quand on se plongeait dans son cas. Cependant pour le mien, le sentiment était différend. Jusqu’ici, je menais ma vie comme je l’entendais, sans prise de tête si ce n’était mon combat écologique. Mais, depuis ce fameux soir, ce ne fut plus le cas. Loin de me sentir plus libre, de me dire « Je connais la vérité », c’était une angoisse qui me bouffait les entrailles. Pouvions-nous donc être vraiment libre quand la peur vous traquait et que vous vous sentez obligé de suivre une sorte de destinée ou autre idiotie de la sorte, devant dire non à une vie que vous pensiez choisir ?

Une fois de plus, mon propre raisonnement fut arrêté par Belle qui fut toute folle de joie en découvrant une annonce. Revenant donc vite fait à moi, je me rendis compte de ce qu’elle venait de demander à l’instant. Playmate ? Evidemment que je connaissais, du moins de nom. Pas que j’étais un fidèle abonné pour ce genre de pratique, mais il fallait avouer qu’ils savaient attirer l’œil dans les kiosques avec ce genre de photo.

"Euh quoi ?! Non mais attends, comment peux-tu vouloir faire ça si t’ignore ce que c’est ?"

Toujours aussi enjouée, ma petite protégée se hâta d’aller rejoindre le point de rendez-vous. Levant les yeux au ciel et lâchant un petit râle, je me pressais à mon tour pour la rattraper. Moi qui voulais trouver un moyen de chasser ces pseudos souvenirs de mon crâne, je ne m’attendais vraiment pas à cela. Quelle journée vraiment.

"Non mais attend moi au moins !"

C’était fou de voir comment la distance nous séparant du reste de la ville, diminuait à vue d’œil. La forêt défila comme ça, nous laissant rapidement apercevoir les bâtiments de Caelesti City. Et tout cela à pieds pour vous dire. Qui sait, peut-être que Belle pourrait s’inscrire à l’avenir au prochain marathon de la ville. En tout cas, une chose était sûr, nous allions au-devant d’une bien belle surprise.

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En deux temps trois mouvements, nous nous retrouvions au lieu-dit. Et très franchement, je ne savais pas trop quoi y penser. Déjà, j’avais perdu de vue Belle. Ensuite, je me sentais quelque peu gêner. Dans mon coin, je souriais bêtement aux gens qui se trouvaient ici. Les hommes étaient tous en costard ou tenue de marque qu’on se payait une fois dans sa vie. Alors que moi, j’étais le petit gueux avec son manteau à dix drekels. Tous devaient bien se demander ce que je fichais là, et moi aussi. Pourquoi donc étais-je venu ? Et pourquoi je suivais cette femme quelque peu excentrique ? Parlant de femme, il m’était impossible de ne pas sourire et suivre du regard plusieurs d’entre elles. De belles plantes, des néréides à la plastique avantageuse, se pavanant en traversant le grand hall de la petite villa, tout comme celles composant le cortège de mon père. Mon… Père ? Ah non, cela recommençait. J’eus comme l’effet d’un flash-back, une brève vision d’un char sortant de l’eau, tiré par des chevaux et entourés de jeunes filles à la peau bleu. Secouant la tête, je chassais cette vision qui perturbait plus qu’on ne le pensait.

Quelques instants plus tard, Belle réapparut. Elle semblait tirée une tête et dévoila sa récompense. Quelques misérables pièces de la monnaie locale, le prix payé pour la décence féminine. Toutefois, sa remarque me laissa quelque peu perplexe.

"Tu aurais voulu être retenue ?"

Idée quelque peu clichée, car on se disait avec l’air du temps, que jamais une femme n’accepterait un tel emploi si dégradant. Et pourtant, toutes ces demoiselles ici présentes, démontraient le contraire.

"Il doit bien existé ouais, un hôtel pas trop chère."

Il existait de nombreux endroits où on louait une chambre. Que ce soit un hôtel, une maison d’hôte ou une chambre à loué chez quelqu’un, la ville ne manquait pas de coin où se poser. Toutefois, ce n’était pas avec cette maigre paye, que Jensen allait s’en sortir. Déjà qu’elle ne semblait pas être retenue pour « l’emploi de ses rêves », que comptait-elle faire à la fin pour survivre ? Elle venait tout juste d’être lâchée dans un monde qu’elle ne connaissait rien, privée de tout. Argent, toit, mémoire même ! Enfin bon, elle n’avait pas grand-chose quoi et je devais avouer que j’éprouvais une certaine pitié pour elle. On disait que j’étais un ancien dieu-roi, pourtant je n’avais là, aucun pouvoir pour lui venir en aide. Moi-même, je vivais dans la limite de mes moyens, devant avoir un double boulot et me montrant le plus économique possible. Pourtant, il m’arrivait de faire quelques entorses, comme là je m’apprêtais à faire.

"Allez, je t’invite toujours à manger quelque part. Un café, ou un resto dans le coin pour bien finir la journée ça te va toujours ?"

Cela l’aiderait aussi à économiser ses faibles économies. Caelesti avait des allures de paradis, pourtant elle était infestée de monstres en tout genre. Et je ne parlais pas de satyres, dragons ou chimères, mais de personnages rêvant de vous dépouillés. La vie pouvait rapidement devenir très chère, pratiquement rien n’était gratuit. Enfin bon, chacun aussi devait chercher à survivre, avoir de quoi l’aider à manger. Mais ce que je voulais dire, c’était que Belle risquait fortement de morfler ici. D’ailleurs, j’étais étonné de constater qu’on la laissait sortir comme ça, sans rien. Même pas une petite aide accorder par la mairie ou l’hôpital pour qu’elle puisse rebondir. Non, elle était livrée à elle-même.

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La glacière entre les mains, je la descendais dans la calle, bien au frais avant de remonter pour la suite. Un petit coup de balais, quelques meubles pliés et ranger, voilà donc le programme de la journée. Ce sous un soleil à l’œil laiteux et au ciel grisâtre, le picotement du froid fit frémir ma peau. Bon sang, déjà bientôt l’hiver. Au final, l’été aura était de courte durée. Et le bilan ne fut pas glorieux. Peu de visite, une saison bien calme pour se vouloir festive. Heureusement que j’avais mon second emploi. D’ailleurs, je me préparais à le rejoindre. Finissant de tout bien rangé sur le pont, demain il faudra que j’aille migrer vers Elysium. J’adorais mes activités, l’une et l’autre était si proches. Mais le rythme n’était pas le même et l’ambition non plus. Mais il le fallait bien pour vivre. Et ce froid d’automne me le rappelait bien. Si nous étions dans la Fable française de la cigale et de la fourmi, j’aurais beau travaillé l’été, je serais mort quand même en hiver. Ainsi était la vie.

Concernant mon « problème », c’était difficile à se prononcer. Ces pensées venaient de manière totalement anarchique. Mais c’étaient la nuit que ces souvenirs venaient m’agresser, me privant parfois de sommeil. Plus je luttais, plus elles serraient leurs anneaux autour de mon esprit. À la longue, j’en étais fatigué. J’eus l’idée de voir un toubib, mais prendre des médocs n’étaient pas une idée qui me tentait. Finir en légume ou bien avoir mauvais caractère, pas bon pour les affaires. Alors j’essayais de vivre avec, chassant dès que l’un de ces flashs me venait. Malheureusement, ils étaient de plus en plus nombreux, prenant en assaut les remparts de mon cerveau. Honnêtement, j’ignorais si me savoir être un dieu-roi me tentait vraiment. Ma vie simple me convenait, et j’avais peur de toutes les conséquences possibles que cela pouvait entraîner si j’acceptais ce « rôle ».

Pendant que je finissais de tout ranger alors, j’eus une agréable surprise. Belle était revenue, toute souriante, montant à bord. N’ayant rien perdu de sa bonne humeur malgré son coma, elle me somma de venir l’écouter, désireuse de m’annoncer quelque chose. Abandonnant ma charge sur le côté, je vins près d’elle afin de l’entendre. Elle venait m’annoncée qu’elle avait trouver un travail avec logement et j’en passe. Sur le coup, je fis de grands yeux, fortement étonner par une telle nouvelle, avant de laisser place à la joie.

"Belle… C’est une superbe nouvelle ! Je ne te dis pas la chance que tu as ! Je suis content pour toi."

Joignant l’acte à la parole, j’attrapais dans mes bras la jeune femme, pour la serrer contre moi, menton posé sur son épaule. Ses débuts dont j’étais témoins, ne furent pas évidents, mais on dirait que pour elle tout s’arrangeait, et c’était tant mieux. La libérant, je proposais dans un large sourire :

"Entres donc ! Il faut fêter ça !"

La guidant donc dans ma modeste demeure, nous entrions dans la partie faisant à la fois office de cuisine et de salon. Les murs furent recouverts de boiserie pour la zone détente, et la cuisine elle, était repeinte de couleur bleu. Le canapé sous les fenêtres était rembourré ainsi que le petit fauteuil juste à côté et entre eux, une table basse à la surface en fer, trônait. Mais ce qui donnait de la personnalité de mon chez moi, fut la décoration. Que ce soit sur cette même table, les présentoirs de la cuisine ou des guéridons, on y découvrait les trésors remontait de la mer et non vendu. On avait un peu de tout, coquillages, fossiles même, de la pierre gravée, des morceaux de corail dans des bocaux, et même des objets abandonnés aux fonds des mers, telles de vielles pièces, une chaine en bronze etc. Un vrai petit musée en quelque sorte.

Me dirigeant donc vers la cuisine, je passais par une petite trappe menant à une chambre bien fraiche où quelques bacs à l’intérieurs reposées.  En tirant l’un deux vers moi, j’attrapais ce qui s’y cachais avant de revenir, attrapant dans un des placards, deux petites coupes en verre.

"Champagnes pour l’occasion !"

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Nous avons célébrer cela dignement, et chacun reprit sa vie de son côté. Cependant, malgré une journée aussi festive, ma nuit elle, était tourmentée. Car oui, une fois de plus j’eus une de ces visions en rêve qui me harcelaient, devenant de plus en plus puissante. Plus je les chassais, plus elles revenaient fortes. Et dans mes songes, j’étais incapable de me défendre, soumis à supporter ce que je considérais comme une fable, une pure folie. Alors qu’au fond de moi, je me doutais qu’il s’agissait avant tout, d’une vérité que je me refusais. Et le prix en fut le suivant, m’agitais dans mon lit, chassé les draps en lâchant des « Non ! » Gémissant comme si on me torturait à faible dose et nageant dans ma sueur sous une lune moqueuse qui m’épiait à travers le hublot de ma chambre.


J’étais dans une immense salle aux murs blancs. L’architecture était étrange avec un aspect à la fois moderne, mais ancien. Des colonnes soutenaient le haut-dôme doré de la salle, les chapiteaux de même. Sur la surface, des jointures furent recouvertes de veines rouges, ou plutôt cuivré, qui zigzaguaient tout autour. Un long tapis partait de l’immense entrée pour finir aux pieds des marches menant à un imposant trône. Fait de marbre sans doute, il était richement décoré avec un trident doré à son sommet, et les accoudoirs et le siège, recouvert d’une étrange matière semblable à celle sur les murs. Et bien entendu, j’étais là, assis sur ce fauteuil royal, me tenant aussi droit qu’un balai, faisant face au reste de la salle du trône. Un tableau figé, dont même pas le vent ne venait briser la quiétude de la scène. Puis, une voix féminine résonna.

"Mon roi semble soucieux."

Tournant la tête, je vis approché une magnifique jeune femme. Habillée un peu à la Grèce antique, elle avait une longue robe ample bleue, des bracelets et un collier d’un rouge vif. Ce n’était pas du bronze, mais cela en approchait comme cet étrange minerai. Sa tête fut recouverte d’une splendide parure, une couronne en forme d’un serre-tête recouvert également d’or et de pierreries, posée sur un chignon aussi noir que la nuit. La femme approcha donc de moi, ayant le sourire le plus magnifique sourire que j’ai jamais vu, irradiant comme un soleil.

"Ne t’inquiète pas mon amour. Juste un peu d’appréhension."
"Ton père a prévu un magnifique cadeau. Tu as peur de ce qu’il peut te réserver ?"
"Sans doute quelque chose d’encore bon pour l’Atlantide. Mais que peut-il offrir de plus ? Nous baignons dans une félicité éternelle, plus personne ne manque de rien. Nous avons tous nourriture et domaine."
"Sans doute autre chose. Tu as bien raison mon amour. Mais quoi que cela puisse être, sache que je resterais toujours à tes côtés."
"Merci Elpis ma reine. Moi de même, je promets de ne jamais t’abandonner et que nous passerons l’éternité ensemble."

Sur ces mots, les deux personnages principaux s’embrassèrent tendrement, un geste affectueux qui symbolisait à la fois leur amour et scellé leur serment. Mais en même temps que les amants s’embrassèrent, tout le palais se mit à trembler. Les murs s’écroulèrent, les colonnes cédèrent pour se briser au sol. Et une vague s’engouffra pour tout engloutir en quelques secondes, alors que les deux amoureux eux, continuaient leur étreinte comme si rien ne se passait. C’était voir Rose et Jack poursuivre leurs embrassades alors que le Titanic coulait, et que l’eau glaciale n’avait aucun impact sur eux. Et ce fut sur cette scène si soudaine et violente, que je m’étais réveillé.


Le reste de la journée fut difficile. Ayant mal dormis, j’étais proche de l’état de zombification. Tellement perturber, je fis les choses de travers. Renverser une tasse et la brisée, me cogner le pied, faire brûler quelque chose par m’égard. Bref, je n’allais vraiment pas très bien et cela commençait vraiment à m’irriter. Mais toutes ces mésaventures furent balayées quand je vis réapparaitre Belle. La jeune femme qui fut si rayonnante de trouver un emploi, se jeta dans mes bras le visage recouvert de larme. Déconcerter, je tentais de la réconforter, ne comprenant pas ce qu’il se passait. Un mystère qui fut rapidement levée quand elle vint aux explications.

Nous nous étions assis l’un à côté de l’autre, prenant place sur le canapé du salon. Et ce que me racontait Jensen, dépassait toutes compréhension. Enfin en temps normal. Pour moi ce fut un véritable choc. Ok, j’avais eu du mal à admettre qu’il existait sur cette île des dieux déchus et des monstres. Mais celle qui devint mon amie, se révéla en être une. Inutile de tournée autour du pot. Ses explications, son histoire ne laissa place à aucun doute. Je pourrais lui mentir, dire que sous l’émotion, elle croyait voir des choses, mais non. D’un coup je me sentais las. Epuiser de lutter contre tout un ouragan à mains nue. STOP ! J’abandonnais, me soumettant au final à la volonté du destin ou autre truc du genre. Visage entre mes mains, je cherchais non seulement à bien me réveiller, mais aussi à maîtriser ce hurlement en moi qui était de la rage et de la tristesse.

"Non tu n’en es pas un."

Libérant ainsi mon visage commençant déjà à viré un peu au rouge, je tendais ma main vers la carafe d’eau qui reposait sur le plan de travail, dans la cuisine en face de nous. Pendant quelques secondes il ne se passait rien. Mais à force de concentration et de volonté, et comme c’était rare que j’invoquasse mon don, l’eau prit vie. Le liquide transparent s’agitait pour sortir de son récipient qu’il renversa au passage, pour voltiger dans les airs tel un long foulard de soie ballotait par le vent. Le trait d’eau serpentait donc dans les airs avant de retomber au sol, trempant ce dernier.

Cela me faisait toujours bizarre d’user d’un tel prodige. J’étais à la fois fasciné, et mal à l’aise. Mais quitte à tout expliquer, une présentation directe valait mieux que mille mots. Me sentant néanmoins honteux, je laissais ma tête s’affaissait, attendant la réaction de Belle.

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En être fière… J’ignorais si elle avait raison ou non de dire cela. On aurait dit que d’un claquement de doigt, nos rôles furent échangés, que c’était elle qui savait ce qu’il se passait et chercha à me consoler, tenant mon visage entre ses mains et plongeant son regard dans le mien. La pauvre, elle cherchait pourtant les réponses, et il fallait croire que je les avais, du moins en partie. Même face à pareille situation, Belle semblait restée forte. Comment faisait-elle ? Moi, je fuyais, je paniquais même quand je comprenais enfin ce qu’il m’arrivait, me laissant tourmenter par ces mauvais esprits qui persécutaient sans relâche le mortel et le dieu pour leur jeu sadique.

J’osais de me défaire de l’étreinte de Jensen, pour aller m’appuyer contre un plan de travail, faisant face à un hublot. Là, mon regard se perdait dans l’horizon, là où le ciel et la mer se retrouvaient. Qu’est-ce que je cherchais au loin ? Une échappatoire ? Le plan de m’enfuir pour laisser toute cette folie derrière moi ! Une réponse encore inconnue qui me serait chuchotait et où enfin tout deviendrait clair ! Que sais-je. Ce sanctuaire qui fut miens, me protégeant de tant de chose, semblait me bouder, ne m’offrait plus rien si ce n’est un abandon, une trahison devenant l’endroit où mes angoisses se tapissaient à présent. Et pourtant, je ne pouvais me défaire de l’étreinte de ma maîtresse. La mer restera toujours mon domaine. Même si là, elle ne me sera d’aucun secours.

Soufflant un bon coup, laissant à nouveau ma tête retombée comme si toute la pression du moment pesait sur les épaules, je me retournais pour faire de nouveau face à Belle. M’appuyant contre le plan, mains posées sur le rebord en bois du meuble, je cherchais les mots à prononcer. Déjà, par où j’allais commencer ?

"Il est vrai que tu as était dans le coma et que tu n’as pas assister à la réunion de la mairie. Je ne sais pas comment te dire ça mais… Apparemment tous ces dieux-là, Apollon, Anubis, Arès, Thor et j’en passe… Existeraient vraiment. Et apparemment, tels des petits hommes verts se seraient écrasés ici sur Caelesti. Et nous sommes eux, prisonnier dans un corps de chaire. Pour cela que nous avons ces dons."

De nouveau je lui tournasse le dos pour regarder à nouveau l’horizon. Non, je n’allais pas m’en voler et éviter tout cela, obligé à continuer mon récit, à la limite de me faire passer pour un fou.

"J’étais comme toi en fait. Je n’avais aucun souvenir de mon passé. De qui j’étais réellement. A la place, j’avais les souvenirs d’une autre vie, de l’existence d’un mortel. C’est depuis le tremblement de Terre qu’on me rendit la mémoire. Et depuis, j’ai des flash perturbant, que je tente de fuir, mais sans réels réussite."

Et à nouveau je la regardais. Peut-être évitais-je quelque fois son regard par peur du jugement, qu’elle se dise que oui, j’avais bel et bien perdu la tête, que ce que je racontais n’avait aucun sens. Et pourtant… Pourquoi ne pas lui cacher la vérité ? Elle aurait percé à jour mon mensonge, mit en péril notre amitié et serait encore bien plus tourmenter. Là, je devais lui épargner bien des soucis. Toutefois je réalisais quelque chose. Le jour de notre rencontre, j’aurais espéré qu’elle soit normale. Une humaine qui m’aurait aidé à m’accrocher à ma vie simple, à fuir celle que je ne voulais pas. Et finalement, non. C’était bien quelqu’un de divin, ou une créature qui venait me rappeler la vérité. A quoi bon combattre ?

"Par contre… Je suis désolé. Mais je ne peux pas dire qui tu es. Je l’ignore. Sans doute une déesse ou une créature de je ne sais quel panthéon. Mes souvenirs réels ne sont pas au complet encore."

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Il fallait avouer que Belle prenait la chose plutôt bien. Au lieu des répliques clichés « Non tu es fou ! Je ne le crois pas ! C’est impossible ! » etc. Elle prit la nouvelle avec joie, comme une ado qui découvrirait ses pouvoirs magiques dans un roman. Sa bonne humeur fut contagieuse, j’en souriais, rassurer visiblement. D’un côté, j’aurais peut-être voulu qu’elle renie tout cela, mette fin à notre relation prenne la fuite, ce qui m’aurait certainement conforté dans l’idée que je pouvais fuir tout ce délire. Mais au contraire, j’y trouvais un réconfort. Sans doute parceque je rencontrais quelqu’un étant un peu dans la même situation que la mienne. Une amie, un soutient qui aiderait à avancer.

"Je pense pouvoir t’apporter déjà quelques éléments de réponse."

Ouvrant un placard, je sortais de verres que je posais devant elle, avec une bouteille de Whisky que j’ouvrais, pour verser son contenu dans les récipients transparent. Un petit remontant pour à la fois affronter ce qui nous attendait, et aussi fêter ce « nouveau départ ».

"L’île n’est pas normal en effet. Mais ce serait une sorte de prison pour garder les dieux à l’oeil. Mais nos dons eux, sont antérieur à sa création."

Laissant Belle boire, je m’installais à côté d’elle, verre en main. Je fis quelques remous en tournoyant le verre, ne me pressant pas à la boire de suite. Il y avait tant de chose à raconter, que je ne savais pas par où commencer. Je crois bien que pour la première fois, je cherchais ces souvenirs si déroutants, au lieu de les chasser. Et curieusement, ils sa faisaient plus discret, comme vexer pour tout ce temps d’ignorance, ou aimant juste me pourrir la vie.

"A la Mairie il eut une réunion avec beaucoup d’habitant de l’île. C’est là que tout me fut révélé. Les gens présents étaient comme nous, dieux et monstres. Tous acquiesçaient comme une évidence, et moi je croyais être au milieu de fous. Mais voyant certains se pavaner avec leurs pouvoirs… Bref. Tu n’étais pas là, tu étais dans le coma, mais ce fut ce soir-là, à la suite du séisme qu’on m’apprit ma véritable identité et que mes souvenirs revinrent peu à peu."

Avant de poursuivre, je finissais par prendre ma première gorgée. Non bu délicatement, mais d’un coup, comme si je ne voulais pas sentir le goût, mais c’était surtout comme si je voulais faire passer l’information d’un coup. Avouer, cracher le morceau, redouter la douleur qui pouvait en suivre. Tâche bien délicate, car là, je sentais que j’étais au point de non-retour, car dire ces mots, ce serait les accepter et les assumer en suite. Mais j’étais dos au mur, reculer maintenant n’aurait aucun sens et Belle ne le comprendrait sans doute pas. Enfin, peut-être un peu, mais elle risquait d’être fortement déçus, sa curiosité voulait être combler, et je voulais bien lui accorder ce plaisir.

"Et oui, je sais qui je suis. On me nomme Atlas. Mais pas le titan qui porte le ciel non. Le fils de Poséidon, le premier roi de l’Atlantide."

Voilà, le mot venait d’être dit. Je sentis mon corps se tremper de sueurs froides, la peur me picotant tout le corps. Je crus même voir le ciel s’assombrir, l’annonce d’un orage. Zeus ou Poséidon m’écoutaient-ils et approuvaient que je balance tout ainsi, ou non ? ou alors ce n’était qu’une coïncidence. En tout cas, l’ambiance était au rendez-vous. Restait à savoir comment aller réagir Belle. A sa place, je rirais. Quand quelqu’un vous disait d’être un dieu, c’était limite, mais venir de l’Atlantide, camisole de force recommandé. Si seulement c’était ça, que j’étais fou, ma vie pourrait devenir simple par la suite. Mais là, je me sentais pris au piège dans un jeu du destin, et aucun échappatoire visible.

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Nouveau départ

Pire que du vin, la curiosité de Belle n’en fut pas plus rassasiée. Au contraire, elle continua de supposée, de poser des questions, d’imaginait des choses. Si j’étais une sorte de sage, ou un de ces gars mythologique ayant encore toute sa tête, j’aurais pus tout lui raconter. Malheureusement, je n’avais que très peu d’avance sur Belle. Mes souvenirs revenaient en morceaux, et pas assez de quoi que ce soit pour retracer une belle histoire. Juste d’autres théories qui venaient recollés les morceaux. Mais rien de garanti. Donc, face à mon amie, je ne savais trop quoi dire. Serions-nous toujours aussi liés une fois la vérité révélée ? J’aimerais le croire. Mais une chose n’était à négligé.

Ce qui pouvait me faire peur justement, ce serait qu’une fois nos mémoires restitués, nous ne soyons plus les mêmes. Kyle Fisher et Belle Jensen seraient comme mort, redevenu ces entités pleinement, et pouvant vouloir reprendre leurs anciennes querelles. C’était une possibilité, tout comme devoir partager sa tête avec deux identités, et encore le résultat risquait de ne pas être jolie. Donc voilà, face à l’incertitude, j’eus des raisons d’avoir un minimum peur.

Toutefois, je trouvais une occasion de lui apporter des réponses. La seule chose dont je pouvais être certains, fut ces flashs qui me harcelaient telles des groupies de Justin Bieber. Informations bien maigres, mais je n’avais rien d’autre sous la main. Bras croise devant moi, les mains se cachant sous les aisselles, mon regard se perdant dans le vide, mon esprit en train de chercher ce dont on avait besoin, des rêves encore présents dans mon crâne, et ceux vagabondant dans la journée, jouant un peu les mouches qui viennent souvent vous titiller sans prévenir.

"Je… Je me souviens de cette grande cité. Immense, titanesque. D’une blancheur parfaite, avec ces canaux, fontaines et cascades qui coulaient un peu partout. D’immenses tours ressemblant à des flèches, sans doute des obélisques, pointant vers le ciel de manières régulière. Il y a tous ces gens, ceux de la cité qui allaient et venaient dans les rues, souriant. Très peu de gardes. Beaucoup de marchands venant des bateaux qui remontaient les anneaux d’eau protégeant l’Atlantide. Il y a toutes ces couleurs, ces soies, ces senteurs… Il y a tellement à dire. Et encore, je ne parle pas du Palais, une sorte de pyramide à étages. Blanche également, mais recouverte d’or et d’un minerait cuivrer qui fit resplendir ce monument comme un Soleil. Je voie des gens bien vêtus, je suppose que je les connais. Ils viennent souriant, me prenant dans leurs bras. On parlent, mais je n’entends rien. Et il y a elle…" Mon visage devait viré au rouge. Je le sentais se réchauffait, comme si pour une raison inconnue, j’eus l’envie de verser quelques larmes. L’étrange souvenir d’une vie étrangère qui venait me tourmenter aussi, celui de ce rêve le plus distinct et le plus chamboulant. "Elle… Elle s’appelle comme mon bateau, « Elpis ». Un signe ? Je… Je crois que c’était ma femme."

Cela faisait bizarre de dire une chose pareille. Dire qu’on était marié, mais qu’on avait aucun souvenir de notre compagne. Que le visage pouvait vous paraitre familier, mais ne rien ressentir, se croire victime d’une farce. Oui, car on demandait une vie peinarde et voilà que comme dans une émission de caméra-caché, on vous disait être marié et avoir des devoirs. Je me sentais donc à la fois coincé, et honteux de ce que j’ai pus devenir. Car cela sonnait aussi que j’avais abandonné femme et enfant ? J’avais peur de la réponse.

"Sinon à la Mairie, on m’a expliquer qui j’étais en gros. Mais j’ai du mal à tout remettre en place encore. Il me semble aussi… Mais je ne suis pas sûr, que je fus divinisé en guise de récompense ou un truc dans le genre. Sinon, je ne sais pas quoi te répondre d’autre."

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Comme on pouvait s’y attendre, Belle ne pouvait apporter grand-chose sur le sujet. Elle était visiblement plus cultivée que moi en matière de mythes et légendes et sans doute d’Histoire. Mais ses souvenirs ne sont pas encore revenus et donc, aucune piste ne pourrait nous servir pour en apprendre plus sur nous. Toutefois, j’en profitais pour apporter, dans la mesure de mes moyens quelques précisions. Tant que je savais des choses, j’en profitais.

"Ce n’est pas grave, mais c’est normal. Atlas de l’Atlantide n’a que peu de texte parlant de lui. Ça vient surtout de Platon si je ne m’abuse. Pour Elpis, je ne sais pas. Mais peut-être qu’ils étaient plusieurs à porter ce nom."

Vrai qu’à l’époque, un patronyme ne devait exister que pour une seule personne, sauf les dieux peut-être. Mais si pour chacun gosse on devait en inventer un, bonjour le calendrier chez eux. Après je pouvais me tromper, il devait exister un lien entre cette Elpis et la boîte, même si à la fin, cela deviendrait paradoxal non ? Bref, je n’en savais pas plus, je ne pourrais même pas dire d’où elle venait. Je n’avais que des Teaser d’une vie morte depuis des lustres. Il faudra sans doute que je regarde le film en entier pour mieux le comprendre.

Par la suite, Belle proposa un plan qui pourrait être bon. Retrouver ceux présent durant la réunion de la Mairie pour obtenir de l’aide. Cela pourrait effectivement marcher, cependant la tâche ne sera pas des plus simples. J’y voyais plusieurs problèmes qui me poussèrent à me gratter la tête, sentant une sorte de gène très malaisante.

"Oui on pourrait. Seulement il y avait tellement de monde, à croire que toute la ville était-là. Je ne serais les reconnaitre facilement. Il y en a une qui m’a plutôt tapé dans l’œil. Une bien belle jeune femme. Pas mal dans son genre. Elle semblait d’origine arabe. Peut-être égyptienne. J’ignore si cela peut-aider. Sinon il y a… Attends, je crois qu’il y avait quelqu’un d’un peu connu aussi, sa tête me dit quelque chose."

Abandonnant Belle, je me dirigeais vers l’extrémité de la zone salon du bateau. Ici, quelques meubles reposaient. L’un d’eux était un guéridon avec tiroir et une partie placard. L’ouvrant, je dévoilais de nombreux magazines qui attendaient là depuis un moment. Non je vous voyais venir ! Rien de la sorte ! Il s’agissait de revues écologiques, éditer et réalisé par une association dont j’en fus membre et soutenue par l’aquarium de la ville. Un bon moyen pour toucher les gens, mais ces magazines étaient bien entendu porteuses de pages de Pubs. J’étais contre ça. Quand j’en voyais, je haussais souvent le ton, disant que ceci risquait à chaque fois de nuire à l’image de notre cause. Mais on me sortait alors le même argument « Où comptes tu trouver l’argent alors ? »

Finalement, c’était peut-être une de ces exaspérante pub qui allait nous aider. Quelle ironie non ? Fouillant donc dans ces revues, j’en sortais une qui datait de quelques mois. Puis, je revins auprès de Belle, où je feuilletais avec énergie sous ses yeux, les pages du mag. Dans d’autres circonstances, j’aurais fait l’éloges de chaque article expliquant la faune et la flore aquatique, les dangers misent en avant etc. Mais exceptionnellement, je zappais toute la partie importante pour retrouver le sujet principal de notre quête. Cela se trouvait un peu après la moitié de la revue. Mais dès qu’elle fut trouvée, je posais violemment le livret plastifier sur la table basse, appuyant plusieurs fois avec mon doigt, la photo qui trônait au centre de la page.

"Tiens regardes c’est lui ! Je suis sûr que c’est lui !"

La photo illustrait l’article suivant : Le Dancing Bar renait de ses Cendres. Bienvenu au « Deadalus Bar ! » On voyait l’établissement refait à neuf, avec du monde devant, une décoration à la fois moderne et au thème quelque peu médiéval. Et bien entendu, on y voyait le STAFF de la boîte, où se trouvait le patron. Bras croisé sur son torse puissant, regard dur, sourire timide, Hector Kostas se tenait fièrement devant son repaire. Sincèrement, il fichait la trouille. Il ne semblait pas si amical que cela, et j’avais un peu peur de qui, il pouvait s’agir facilement.

"Je ne sais pas si c’est un dieu ou une créature. Un gars bien ou non. Mais c’est bien lui. Une première piste. Sinon on a la belle fleure du désert, pour elle il faudrait faire plus de recherche je pense. Sinon se balader dans la rue et voir si je reconnais quelqu’un d’autre. Alors ? Qu’en penses-tu ?"

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Sa patronne connaissait déjà ce Kostas ? Voila qui fut une bonne nouvelle. Ceci devait faciliter notre démarche. Enfin, j’ignorais si oui ou non, nous pouvions lui demander de l’aide pour une entrevue, mais j’y voyais une bonne piste. Cependant, pas le temps d’émettre la moindre remarque. Belle parvint à me faire rougir en parlant de la femme de la réunion. Yep ! Je devais avouer qu’elle était plutôt pas mal dans son genre. Mignone, belle… Que vouliez-vous, je restais un homme sensible à la beauté féminine. Loin d’être un puritain, je m’accordais quelques regards quand une femme bien avantagée passait devant moi. Et sachant qu’elle puisse être une déesse, il y avait de quoi fantasmer un peu non ? Hélas non, je ne la côtoyais nullement. A part son visage, je ne connaissais ni nom ni fonction. Elle restait une inconnue comme une vision trouble.

Belle semblait toute excité par contre de partir à l’aventure, à la recherche de la vérité. On pouvait la comprendre. Découvrir que son passé n’était qu’un mensonge, il y avait de quoi motivé à tout savoir. Cependant j’eus un peu de mal à sentir le même entrain qu’elle. Pour moi, ce n’était en rien séduisant, au contraire cela m’effrayait. J’avais peur encore de ce que je pouvais apprendre, de dire pour de bon adieu à cette vie qui jusque-là, me plaisait. Cependant je n’en montrais rien. Restant cool, je suivais mon amie sans faire la moindre objection à ses plans. Allez au Deadalus serait une bonne idée. Après tout, cela restait la meilleure solution à cette heure.

"Pourquoi pas. Après tout, on peut aller se lâcher un peu sur les pistes. Par contre, arpenter tout Ardeven me parait bien inutile. On ne va tout de même pas examiner chaque visage pour voir si je reconnais quelqu’un ou non si ?"

Rien qu’à m’imaginer dévisager les gens me mit mal à l’aise. De quoi pousser certains à se sentir agresser et venir m’en coller une pour mon comportement déplacé. Cependant, autre chose me gênait et me fit un peu hésiter. N’arrivant pas de suite à y apporter un sens à ce sentiment, je me fis violence pour poursuivre et rester encourageant.

"Sinon oui, on peut se rendre en boîte ce soir et en attendant nous balader en ville. Mais je ne garantis pas que je reconnaitre qui que ce soit."

Ma mémoire n’était plus comme avant. Avec ces visions qui venaient sans cesse, j’eus du mal à discerner du vrai du faux. Comme un rêve qu’on voudrait se remémorer, ou bien un souvenir d’enfance bien lointain, les détails devenaient flous, et le doute ne rendait pas les choses plus clairs. En tout cas j’attrapais ma veste et me dirigeais vers la sortie de mon bateau pour débuter notre expédition de la vérité. Cependant, j’eus comme un moment de déconnection quand je me tenais au seuil de mon domicile flottant. Ok, j’avais franchi un cap pour accepter ma soi-disant véritable nature. Mais là, rejoindre le monde extérieur prenait une forme plus symbolique. C’était le grand pas pour moi. Accepter pour de bon qui j’étais, embrasser ce qui semblait n’être que folie. Dire pour de bon au revoir à mon existence peut être fausse mais plaisante. C’était avant tout un sacrifice que je faisais pour Belle. Pour qu’elle sache, je laissais tomber ce que j’avais en quelque sorte.

Mais peut-être qu’aussi, au fond de moi, je le voulais. Pas uniquement pousser par l’altruisme, je pouvais au final, avoir envie de savoir. De comprendre qui j’étais réellement… Le mensonge ne devait plus me suffire. Qui était donc Atlas roi de l’Atlantide ? Si peu documenté, il devait y avoir une raison non ? Fut-il un si bon dieu-roi ? Ou bien un monstre responsable de la destruction de sa cité et de son peuple ? Quel mal avais-je accomplis ? Voilà donc de quoi j’avais le plus peur. Que de redécouvrir les possibles fautes, crimes même commis, cela me rendrait à nouveau coupable de ces derniers.

Le meilleur moyen de le savoir, fut d’y aller. Ainsi, je franchissais le seuil, affrontant mon destin. Heureusement que je fus secondé.

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