Me voilà bien las sur cette terrasse. Sirotant de temps en temps le thé servit, je regardais sans voir la ville qui s’animait ici. Le bruit n’était qu’un écho sans importance. On parlait, on passait, on disparaissait… Mais moi, je m’en moquais. Amante de la symphonie festive, je ne trouvais là que chaos dans un monde qui m’indifférait au plus haut point. Le temps s’écoulait ici d’une manière si affreuse. Les jours ressemblaient à des années pour nous les dieux, et le désespoir semblait bien plus violent une fois le sol fouler. Depuis combien de temps, j’errais en solitaire sur Caelesti, à la recherche de mes semblables sans succès. Mon père semblait s’être caché. Ma famille disparue… Ainsi pesait lourdement le poids de la solitude, le sentiment de la damnation.

Seule vraiment ? Moi qui me vantais d’avoir un esprit si libre, agissant par son instinct, j’eus le sentiment de ne pas avoir choisi ce café par hasard. Il n’était pas miteux, mais il y avait mieux. Pourtant, son avantage fut qu’il n’était pas loin de chez Anubis, le seul dieu de Kemet que j’eus retrouvée. Coïncidence ? Je ne serais le dire. Bien que semblant profiter de ce moment de repos, au fond de moi j’eus la peine du monde à faire taire cette voix qui disait que je cherchais à revoir ce dieu.

Non bien sûr ! Pourquoi voudrais-je revoir Anubis ? Déjà nous étions diamétralement opposés. Lui soutenait un tyran et usurpateur Enfin, il ne s’opposait pas à lui et cela m’énervait. Et puis, Anubis n’avait rien d’un marrant. Froid, trop sérieux, il pourrait ressembler à Thot, mais la science en moins. Faudrait-il que je sois désespérée dans ce cas, pour souhaiter recroiser sa route. Et puis… Nous ne nous sommes pas quittés la dernière fois, tout heureux dans les bras. Il y avait encore de la tension, trop de mal fut fait. Alors, pourquoi étais-je ici à attendre depuis des heures sans raison ?

Me rendant compte de l’absurdité dont je faisais preuve, je pris la décision de m’en aller. Tant pis, je trouverais un autre dieu de mon panthéon plus sympathique. Abandonnant donc le reste de mon thé avec un pourboire, je quittais la petite table sur la terrasse pour m’en aller le plus loin possible. Rejoindre mon école ou ma petite villa avec mes sujets. Me changés les idées, oubliée les paroles du chacal qui me retournaient le cerveau depuis notre dernière rencontre.

Mais à peine avais-je quitté la terrasse pour rejoindre la rue, que je tombais directement sur lui. Neith devait avoir gardée ses pouvoirs pour nous relier ensemble par ses fils maudits. Je fus bien surprise par l’ironie du sort en le retrouvant ainsi. Toutefois, ne me laissant pas perturber, je repris pleinement le contrôle de la situation. Sourire narquois et regard perçant, je défiais cette vielle connaissance.

"Tiens, tiens. Regardez donc qui nous retrouvons en cette belle journée. Tu vies dans le coin ?"

Question bien idiote, sachant que j’étais venue le cambrioler il y a peu. J’étais curieuse de savoir comment il réagirait en me revoyant. Sera-t-il en colère ? Gêner ? Ou fidèle à lui-même, aussi expressif qu’une statue en basalte ? Le voir en plein jour toutefois, me donnait une autre image de l’embaumeur. Dans la pénombre, Anubis avait des traits plutôt séduisant ne le cachons pas. Sous le soleil, il semblait si différends, mais pas plus moche.
Néanmoins je ne montrais aucune inclinaison face à cela. Trop de chose restait encore récent. Et je me sentais d’humeur massacrante, même si je me sentais quelque peu… Troublée. Comment dire, notre dernière rencontre ne m’avait pas laissée indifférente. Ses paroles raisonnaient toujours dans mon crâne. On aurait dit une maudite formule magique qui devait vous torturer l’esprit. De plus, quelque chose s’agitait en moi, des questionnements en réalité.

Par le Noun, que la vie pouvait être compliquée. Qu’il me manquât le temps où tout paraissait si simple. Danse, musique, fête, famille et devoir… Les dieux se tourmentaient moins que les mortels il me semblait. Enfin, jamais de mon existence je n’eus à me retrouver dans pareille histoire. Et même si j’avais ma part de responsabilité, je ne pouvais m’empêcher de tenir pour coupable surtout Amon et ses alliés.

D’Anubis, je ne connaissais que le personnage sombre, aussi froid que ses statues de basalte qui ornaient nos temples. Alors, le voir sourire n’avait rien de rassurant. Même, c’était hyper malsain. Je ne dirais pas que sa grimace semblait fausse, mais quand on n’était pas habitué, on trouvait cela bizarre. Sans doute une de ses facettes que j’ignorais ou que ma mémoire se refusait de gardée en stock. Cependant, il fallait avouer qu’en même temps, ceci accentuait ses traits de beaux ténébreux. En réalité, Anubis était une bien curieuse chose, c’était à se demander si j’eus la bonne idée de le retrouver inconsciemment. Mais, maintenant que nous y étions, autant continuer. Sans me laisser dérouter, je gardais mon calme comme si de rien était.

"Monsieur sait se montrer au moins gentleman, très bien."

Il était sûr que je n’allais pas lui priver de me payer le repas. Ainsi d’ailleurs fut l’humanité depuis sa création. L’homme offrait divers présents à la femme pour la comblait, obtenir souvent quelque chose comme un baisé, un cadeau, un simple remerciement, de l’attention ou quelque chose d’un peu plus charnel. L’homme jouait depuis longtemps le chevalier servent (en général), passant par le romantisme, la personne des plus serviable et appartenait à la femme d’y répondre ou non.
Ne croyez pas que je critiquais, encore moins que j’accusais le dieux chacal. N’oubliez pas que j’étais la déesse de la féminité. Les petits gestes qu’on m’accordait étaient toujours plaisant et je savais comment me comporter. Non, ce que je déplorais fut la manière dont les humains ont massacré ces rites offerts depuis qu’ils nous ont renier. Regardez, peut-on de nos jours parler de romantisme ou véritablement de relations humaines ? On avait tout simplifié, un clic sur un ordinateur, et hop directement à la conclusion. On ne savait rien de l’autre, il n’y avait plus de défis, de mise à l’épreuve et l’Humanité en souffrait terriblement.
Moi, je restais certes traditionnaliste, avec un peu de modernité, mais je ne disais pas non aux petites attentions des autres, et ceux d’Anubis ne me déplaisaient pas. Soit, j’avais encore en moi un peu de colère de la veille, mais la chatte en colère s’était quelque peu calmée depuis. Et aujourd’hui, ses griffes étaient rétractées, ne cherchant plus à décapitée qui que ce soit.

"Rappelles moi donc où nous en étions, comme j’ai mauvaise mémoire."

Petite pique, de plus je me sentais motivée à le provoqué. Quand on était face à quelqu’un d’aussi droit et inflexible, on avait envie de lui provoquer des émotions, une réaction dite normale. Comme ces gardes anglais dont les touristes s’amusaient à ridiculiser devant le palais royal de Buckingham, faisant les singes et osant les touchers. Ou bien comme Catwoman s’amusant à provoquée Batman pour le voir réagir comme un être humain, cette image devait être plus parlante sans doute.

En tout cas, contrairement à ce que je faisais faussement croire, je me souvenais encore de cette soirée de nos retrouvailles. La colère, la joie de retrouver un de mes semblables, le doute aussi. Chaque émotion vécue en quelques heures seulement, me revenaient naturellement. Mais ce n’était qu’un simple souvenir, me rappelais des émotions, ne me les fis pas ressentir à nouveau. J’éprouvais un certain détachement.

"Mais sinon, que deviens-tu toi depuis le temps ? J’imagine que comme tous les monde, tu as trouvé une petite vie intéressante sur ce caillou. Racontes-moi ta vie sur Caelesti."

La curiosité me poussait à en savoir plus sur lui. Je connaissais sa vie en temps que dieu, du moins les grandes lignes. Mais j’aimerais savoir quel chemin il avait parcouru depuis que nous avions échoué ici. Quel métier il menait, ses loisirs, ses rencontres. Si oui ou non il avait enfin trouvé quelqu’un, ce qui serait peu probable ou sinon mériterait d’être marquer dans le calendrier et avoir droit à une fête.

Pendant un bref moment, nous pourrions oublier que nous étions ennemis. On se ferait passer pour le contraire même, deux vieux amis qui venaient de se retrouvés après un siècle d’absence et profitant d’un instant agréable au soleil, à la terrasse d’un café. Sans doute y mettrais-je un peu plus de cœur, s’il n’eut tant de rancune en mon cœur. Mais j’eus suffisamment parler de mon passé, pour que vous compreniez la situation. Qu’il était bon le temps jadis, où je rivalisais avec Hathor dans les fêtes. La déesse féline qui aimait se déhanchée et secouer ses instruments. Maintenant, je ressemblais plus à ces héroïnes « badass » dans les films, au passé lourd et n’hésitant pas à sortir les griffes.
Anubis me parla un peu de lui, et il fallait avouer que ses petites révélations ne manquèrent pas de me faire sourire. Ce fut à la fois une surprise, sans en être une à la fois. En réalité on s’attendrait à quelque chose, mais c’était le contraire, une autre chose à laquelle on s’attendrait aussi, mais qu’on espérait que non.

"Voilà qui n’est pas si surprenant, une tâche qui te sied à merveille. Mais que voulons-nous, on est bon que dans notre domaine."

Je pouvais parler oui, même si Bastet touchait à pas mal de chose, je ne m’éloignais pas non plus de mon petit cocon, ma zone de confort. Cela devait-être de même pour les autres dieux. D’ailleurs, je voyais bien Anubis oui, travaillait dans les cimetières comme il le faisait avant, protecteur de Cynopolis. Et dans les pompes funèbres, voilà ce qui ne risquait pas de le dépaysé. Est-ce qu’il enveloppait toujours les morts dans des bandelettes comme il l’avait fait pour son père de cœur ou bien s’adaptait-il à ce monde moderne et barbare ?
Voilà justement qu’il posa à son tour la question, chacun son tour comme le voulait la bienséance entre deux individus. Cependant j’esquivais la demande, non pas gène, mais par petit jeu mesquin. Le serveur nous demanda nos boissons et je pris également un thé mais Marocain, avant de revenir vers Anubis, petit sourire au coin.

"En règle général, c’est à l’homme de se présenter en premier comme tout bon gentleman."

De plus, on disait que connaître le nom de quelqu’un, c’était avoir un pouvoir sur lui. Une croyance au combien vraie chez nous. Chaque dieu et déesse, possédait d’ailleurs un Nom secret. Un nom donné lors de notre création ou naissance et dont seul nous le connaissions. Si un autre dieu ou mortel venait à l’apprendre, il pouvait avoir une puissance sur nous. Nous convoquer voir même nous faire obéir à sa volonté. Celui de Râ fut d’ailleurs trahit, à cause de cette trainée d’opportuniste d’Isis. Et depuis ce jour, le chaos grandissait en ce monde. Mais ceci était une histoire qui n’avait pas sa place ici, et d’ailleurs je m’égare pardonnez-moi.

"Mais soit, c’est bien parce que c’’est toi." En plus de ses bonnes manières en général, il fallait avouer qu’avec une tête de chien ou en humain, Anubis avait un charme fou qui vous donnez envie de lui faire confiance et pardonner ses petites maladresses. "Sur ce maudit rocher, je porte le patronyme de Souad Basta. Et je suis professeur de danse et un peu de musique à « L’appel du Sistre ». Tu peux y faire un tour, je suis sûr que cela te ferait du bien de tester."

Petite taquinerie, car je n’avais pas souvenir d’avoir vue ni entendu qu’Anubis était un dieu danseur ou festif. Je pouvais me tromper, mais l’image qu’il dégageait en général, était si proche de celle de Thot, une déité ennuyeuse et immobile comme ses statues de basaltes. Mais bon, les dieux de la danse et des fêtes étaient plutôt du genre à se concentrer sur eux-mêmes, devenir les rois et reines de la nuit comme ces starlettes sur la Terre. On ignore pas mal de chose pendant qu’on bougeaient.

La déesse resta partagée. Toujours sur ses positions, elle pensait de bon droit que sa colère fut justifiée. Comment ne pas ruminer les injustices subites ? D’après une rumeur peu connue, ce serait dû à la déchéance de Bastet que les chats se montreraient moins fiables, enfin moins fidèle. Une vengeance de la déité sans aucun doute, un symbole de son courroux. Mais là n’était pas le sujet. Souad en voulait toujours aux dieux Gardens et à Amon. Et malheureusement, Anubis semblait s’être trop rapproché du mauvais camp. Elle pourrait alors lui sauter dessus, lui tranché la tête avec ses griffes. Pourtant, la divine ne pouvait qu’admettre que les mots d’Anubis étaient juste.

Deux réalités possibles, mais opposées. Opposées, mais peut-être pas incompatible. Peut-être existait-il un chemin reliant ces deux points de vue, toutefois Souad aka Bastet avait un peu peur de le trouver. Elle ignorait cependant si cette crainte était dû de la possibilité d’admettre qu’elle avait tort, ou bien changé d’avis et trahir ceux pour qui elle se battait.

Darren acceptait visiblement l’invitation de Bastet à lui rendre visite un jour à son école. La déesse chatte était une fois de plus partagée entre le plaisir de côtoyer un de ses semblables, mais aussi dérangeait que ce soit un dieu ne partageant pas sa vision du monde, un moralisateur qui lui fit la leçon. Comme là, demandant en retour que Bastet ne tue plus. Et dire qu’avant ont aimé son côté sanguinaire, qu’elle aille découpée en morceaux le serpent Apep et sa horde de démons pour protéger le soleil et le monde. On aimait la voir avec ses couteaux et exécuté sa danse macabre. Ou encore, quand Sekhmet lui demandait de bondir sur ses ennemis pour s’amuser avec eux, comme un chat jouant avec une souris morte entre ses griffes. Un sourire mesquin se profila sur son visage fin.

"Cela fait un moment que je n’ai plus déchiqueté ou découper qui que ce soit."

Acceptait-elle la proposition d’Anubis ? Si oui, ce ne sera pas sans condition. Avec Bastet, c’était souvent du donnant donnant. Si on lui demandait de faire des efforts, elle exigeait que ceux d’en face, en fassent autant. Sinon, elle aurait l’horrible sentiment de se faire avoir, qu’on cherchait à l’arnaquer, pire, l’humilier. Et puis après tout, ne serait-ce donc pas juste et logique ?

"Très bien monsieur le rabat-joie. Je suis prête à mettre de côté mon ressentiment… Pour l’instant. Mais tu devras me montrer comment faire pour avoir justice sans venir aux griffes… Et si possible, te montrer moins coincé ce serait un petit plus."

Souad se montrait donc bien prête d’écouter et tester la méthode de son semblable. On disait que chien et chat ne pouvaient s’entendre. Mais il arrivait du contraire entre les deux espèces. Une amitié, une trêve, appelons cela comme vous voudrez. Bastet en tout cas se montra curieuse, bien qu’au fond d’elle, elle garda quelques réserves doutant fortement que la méthode de Darren puisse fonctionner, surtout pour elle.
Et puis, contrairement à Anubis, Bastet n’était pas dans ce que l’on nommait aujourd’hui un alignement « pure » ou « bon ». Elle était l’incarnation de la complexité. Douce, mais féroce. Aimante, mais redoutable. Délicate, mais fatale. La paix et la guerre en elle, le lien qui existait en Sekhmet la destructrice, et Hathor l’amour passionnel. Deux pôles extrêmes qui se retrouvaient en un parfait équilibre. Donc lui demandé de plus pencher d’un côté que de l’autre n’était pas facile, c’était comme lui demander sa nature, d’où la demande à Wade de se montrer plus « joyeux » ou amusant. Mais ça, même Souad se doutait que cela n’arriverait jamais.

Anubis semblait accepté le marché. Et voir son expression interrogative amusait bien la déesse féline. Bien qu’elle se sût dotée d’une très grande puissance, Bastet pensa qu’il faudrait l’énergie créatrice voir plus, pour décoincer le dieu chacal. Etant une grande fêtarde, Souad ne se souvenait jamais d’avoir vu danser ou juste participer Darren ou Anubis. Sans doute était-il trop discret dans son coin, ou bien fut-elle trop ivre et en transe pendant les danses pour s’en rendre compte. Quoi qu’il en soit, elle n’avait pas vue une seule fois Anubis bouger son corps ou se comporter de manière « cool ». Ok, elle ne demandait pas autant que Bes ou avoir la fougue de Seth. Juste qu’il se remue un peu. Un sourire frôlant le machiavélisme se dessina sur son visage fin.

"Marché conclu dans ce cas. Dis-moi, sais-tu pratiquer une danse en particulier où as-tu un endroit phare pour t’amuser ?"

Après plus de trois mille ans, elle cherchait à mieux connaitre Anubis, surtout sur sa vie sur l’île. Bastet cherchait à mieux le comprendre, le cerner et ainsi, proposer quelques défis pour voir s’il pouvait oui ou non se dérider. Au moins, pendant qu’il ferait les efforts, Souad retiendra comme un chien en laisse, sa rage contre les dieux Gardens et Amon et ne cherchera plus à nuire à qui que ce soit. Un marché était un marché après tout. Ramenant ses jambes près d’elle, les retenant entre ses mains, elle proposa aussi :

"Nous pourrions nous donner rendez-vous un soir beau brun et voir comment tu te défends au début. Promis, on ne fera rien de bien méchant."

Vous l’aurez compris sans doute. Elle aimait taquiner Anubis, ennemi ou non. Comme lors de cette nuit de leur retrouvaille, elle avait réussi à le faire rougir et le mettre mal à l’aise d’un claquement de griffe. Là, elle pensait surtout qu’elle ne l’entrainerait pas dans une salle affaire de cambriolage. Après tout, si elle volait, c’était uniquement pour s’amuser. Elle était attirée par le brillant, mais l’argent ne l’intéressait pas. Et puis, si Anubis la suivait dans pareille entreprise, il jouerait les moralisateurs et gâcherait tout le jeu. Non, elle prévoyait quelque chose d’un peu plus « sage » histoire de le mettre en confiance et s’assurer que le moment restera plaisant et amusant, surtout pour elle.

Que cherchait-elle au final ? Respectait-elle complétement l’accord passé avec son compère ? Avait-elle une idée derrière la tête, n’ayant abandonner au final son ambition de vengeance et comptait se servir d’Anubis à ses détriments ? Ou juste le ridiculiser et s’en prendre à lui comme bouc émissaire ? Difficile à dire, tout peut paraitre imprévisible avec cette déesse à l’humeur si changeante. En tout cas, si Darren désire s’en sortir indemne de cette histoire, il ferait mieux de faire attention là où il pose le pied. Car les chats ont une habitude qui est de jouer avec leur proie…

Un sourire de triomphe, illumina le visage de Souad. Darren semblait accepter les termes de leur accord, ne mettant pas trop de condition. Cela pouvait paraitre louche, ce chacal avait-il une idée derrière la tête ? En même temps, cela mettrait un peu de piment dans leur histoire, du challenge qu’elle ne dirait pas non pour relever. En tout cas, la féline était ravis de voir son comparse prêt à se tenter au jeu de la danse. Elle avait pour première idée de lui donner quelques cours pour le mettre un minimum au niveau, mais le dieu sombre semblait vouloir se jeter déjà à l’eau. Fort bien, voyons s’il allait oui ou non décevoir la belle.

"Parfait dans ce cas."

Souad attrapa donc une serviette en papier et se mit à gribouillait dessus avec un stylo. Enfin gribouillait… Même si elle était sauvage, son écriture gardait quelque chose d’élégant. Geste fluide et gracieux, ses lettres et chiffres ne présentaient aucune rature, des traits et des boucles parfaits.

"Je te donne rendez-vous ce soir à vingt heures. Nous irons nous lâcher un peu au Daedalus Bar. Tu connais ? Le meilleur endroit pour se défouler ou vider quelques… Verres. Bref, tu as intérêt à te mettre une tenue un peu plus décontractée, ou mode que ça mon chère."

Ayant fini d’écrire, elle remit la précieuse note à son compagnon de table gracieusement, sans lâcher son sourire mesquin.

"Tu devras venir me chercher à l’adresse indiquer comme un véritable gentleman."

Une petite sortie était toujours plaisante, et pour la première de Warren, Bastet voulait y mettre le paquet. Il n’avait peut-être pas l’expérience certes, mais la déesse lui apprenait petit à petit la marche à suivre, et puis il voulait s’attaquer à du haut level après tout. Voilà en plus de quoi le mettre à l’épreuve. Et elle serait d’autant plus amusé, si le dieu canin arrivait à trouver quelqu’un dans la soirée. En même temps, elle voulait bien l’admettre, le dieu de l’embaument, avait tout du beau ténébreux. Elle sentait bien, qu’elle s’amuserait bien.
Se levant elle déposa un baiser sur la joue d’Anubis, lui sifflant à l’oreille "Passes une bonne journée et à ce soir." Avant de s’en aller, toujours aussi triomphante.

En tout cas, Darren pouvait se vanter aussi d’une victoire. Que ce soit temporaire, c’était déjà ça de gagner, il avait fait oublier à Bastet ses envies de vengeances et de guerre. En réalité, la déesse avait l’impression de retrouver un peu d’elle de l’ancien temps…

Anubis avait accepté volontiers ses petites conditions, Souad en était ravie. Ce dernier pouvait en effet se féliciter d’avoir à moitié gagner. Car si le dieu chacal arrivait à jouer les bonnes cartes, il arriverait à faire oublier à Bastet ses désirs de vengeances et les peines qui harcelaient son cœur. D’ailleurs, Souad aimerait également passer un bon moment avec un de ses paires. Maintenant qu’elle avait retrouver un dieu de son panthéon, elle s’en voudrait de déjà devoir lui trancher la tête. Sans compter qu’elle était curieuse de savoir si Darren allait assurer ce soir, ou bien se ridiculiser à en mourir de rire.

De retour chez elle, la belle féline se mit sur son trente-et-un. Petite robe noire à manche longue en dentelle, ainsi que des bottines à semelle légère aux pieds. Assise devant son miroir, la jeune femme terminait son maquillage. Le miroir ovale était encadré de deux petites colonnes de bois ornés de fleure de lotus et au tronc barré de plusieurs couleurs, dans un style purement égyptien. Même la table où reposait tout le service de toilette et de maquillage, était ornés de quelques antiquités qui feraient salivés musées et collectionneur. Tout ceci n’avait rien à voir avec la chambre qu’occupait Souad de son époque divine. Là, c’était limite l’espace idéale pour une fille noble. Mais… Elle savait s’en contenter.
Tout autour d’elle, une dizaine, si ce n’était plus, de chats de diverses races, miaulaient et allaient, tenant compagnie à leur maîtresse. Certains osaient se coller à elle, ronronnant pour obtenir l’affection de leur protectrice.

"Allons mes bébés… Maman à un rendez-vous, elle vous gavera à son retour d’accord ?"

Les félins la regardaient à travers leurs yeux d’émeraudes. Ils la comprenaient et contrairement avec les humains, ils n’insistèrent pas plus, faisant confiance en la promesse de leur déesse. Si certains miaulaient encore, c’étaient pour aborder tout autre sujet que la nourriture.

"Que dites-vous là ? Non, ce n’est qu’un marché passé. Un moment pour s’amuser rien de plus. Je doute que cela dure mes chéris."

Tout à coup, les poils des chats se mirent à se dresser comme prit d’un cours jus. Tous les regards se tournèrent vers l’extérieur, crachant plus violemment qu’un cobra, miaulant avec menace et restant figer, la queue en l’air. Souad sourit et rangea son maquillage.

"Il doit être arrivé. Les chiens et les chats…"

Souad prit néanmoins tout son temps. Chaque geste était délicat et fit un maximum attention à comment elle rangeait ses affaires. Attrapant un petit sac à main en bandoulière noire, ayant une tête de chat en argent dessus, elle se dirigea vers la sortie de sa villa. Ouvrant la porte, elle eut confirmation sur l’identité de son visiteur. Elle s’était posée la question à savoir comment viendrait Darren ce soir. Un peu comme Thot, Basta imaginait l’homme porté une veste à carreau, des lunettes, coiffé en arrière, chaussures de ville ou quelque chose dans le genre. Là, elle voyait une tenue beaucoup plus classique, T-shirt noir, jean et baskets…

"Pas mal du tout." Ce côté à la fois simple mais négligé plaisait à la déesse chatte. Déjà qu’avant, elle trouvait intéressant son côté humain ténébreux, là il était bien mieux.

Elle se souvenait de quand elle voulu refaire le look de son maris Ptah. Ce dernier était plaisant aussi, souvent en tablier crasseux, les cheveux en bataille, le regard doux… Elle fondait à chaque fois. Mais quand il portait sa longue robe blanche avec ses accessoires, elle aimait le taquiner un peu.
Ajustant son sac sur son épaule, elle apporta quelques précisions.

"Bon… Nous allons donc aller au Daedalus, l’endroit parfait qui je pense, devrait te plaire." Disait-elle cela sérieusement ou bien par ironie ? Mystère. "Nous y allons ?"

On ne pouvait pas dire qu’Anubis, ou Warren, n’était pas un véritable gentleman. Bastet n’avait trop à lui rappeler les règles de bonne conduite envers une dame, car le dieu chacal les exécutait sans l’aide de personne. Ouvrant la portière pour la faire entrer, puis le rituel inverse… Non, rien à redire. Souad sentait que la soirée promettait d’être intéressante et se disait que si au final, la sortie se révélait être une soirée galante, Anubis aurait été un poisson dans l’eau. Hélas pour lui, la fête n’avait rien de sage. Sinon, ce ne serait pas drôle et comment mettre le dieu psychopompe à l’épreuve ? Ainsi ils se rendirent tous deux au « Daedalus Bar », l’un des endroits les plus branchés de toute l’île mythique.
Bien entendu, toute boîte possédait son videur. Celui du Daedalus était un vrai monstre dans tous les sens du terme. Une grosse montagne de muscle au regard meurtrier qui ne ménageait pas ceux qu’il refoulait, et encore moins ceux exprimant la moindre résistance. Souad trouverait cela drôle de voir Darren prendre sa défense, défié le gardien au risque de s’en prendre une. Ce serait si mignon, et tellement drôle. Fort heureusement, Anubis n’avait besoin de courir un tel risque, car la belle était connu de l’endroit, et un peu de charme de sa part suffisait à faire s’agenouiller n’importe quelle brute. Elle n’était pas sœur jumelle d’Hathor pour rien.

En tout cas, une fois à l’intérieur, l’ambiance changeait drastiquement. La musique électro remplissait toute l’établissement à un volume très élevés. Des spots lumineux clignotaient dans tous les sens, crachant des éclairs colorés à travers quelques écrans de fumés au sol. Et la décoration… La classique, aux aspects de donjon antique avec de fausses torches sur des cloisons imitant des murs de pierre avec des fresques de gens s’adonnant à la fête. Avant la piste de danse, il y avait le coin bar, avec bien entendu le bar moderne high-tech aux néons bleutés et tout autour quelques tables avec tabouret devant, et un espace au-dessus qui surplombait la scène avec des fauteuils et canapés de cuir. Ce n’était pas évident de décrire, mais l’endroit était plaisant. Bastet sourie, respira l’étrange odeur qui émanait de l’endroit, un mélange d’alcool, de sueur et parfums diffusé dans l’air. Puis, se tournant vers son compagnon :

"Nous y sommes. Alors, montres moi ce que tu comptes faire vas-y."

Ce n’était pas vraiment un cours de toute façon, Bastet avait mis au défis Anubis de se montrer moins coincé. Son côté trop rigide devait être mit de côté un instant pour prouver à la déesse égyptienne qu’il était possible de changer, passer au-dessus de nos épreuves.

Beaucoup de chose était donc en jeu ce soir. Bastet y mélangeait donc l’important comme cette idée de paix, mais aussi le plaisir du jeu de voir si son compagnon allait oui ou non se ridiculiser. La déesse chatte était connue pour arborer différends caractères, douce, violente, calme ou énergique, compatissante ou cruelle… Elle était assez imprévisible et pleine de surprise. Alors qu’Anubis, elle ne le connaissait que sous une seule et unique facette. Un dieu mort, terne, dont elle n’avait jamais vue bouger du bassin pour s’amuser. C’était un peu le camarade de classe, qui pendant une fête, restait assit à sa table, regardant les autres s’amusé. Le neerd si vous voulait, mais le neerd beau ténébreux qui faisait rêver à la télé.

Bastet pouvait comprendre pourquoi sa sœur Hathor aimait ce genre d’endroit. Ici, on oubliait, on dansait, les problèmes et les maux qui nous persécutaient n’avaient plus leur place pendant le temps d’une soirée. Encore, sous le soleil chaud et puissant de Râ, pendant qu’on érigeait encore des pyramides au milieu de sable brûlant, la déesse dansait avec le peuple uniquement pour les réjouissances. Imaginez une femme féline se déhanchait, agitant les bras au ciel pour exprimer la joie et la prospérité de tout un peuple. Bastet semblait heureuse à cette époque, limite insouciante.
Mais aujourd’hui, c’était Souad, et elle ne dansait plus pour les mêmes raisons. Ce n’était pas la joie qui nourrissait son cœur, mais le chagrin. Et la danse était devenu un peu une drogue, un rituel magique pour chasser ce mauvais esprit de la tristesse. Sauf que ce soir, la belle brune semblait avoir trouver autre chose pour combattre son mal.

Se tournant vers Anubis qui venait de lui parlait, elle le dévisagea un instant. Venait-il de dire la pire bétise qui soit où toucher une corde sensible ? La divine pointa le bout de son nez vers son homologue divin.

"Mais on dirait que monsieur essaye de faire de l’humour. J’ignore si c’est bon signe. Vas donc montrer ce que tu sais faire au lieu de raconter n’importe quoi."

Et Darren s’exécuta. Ce dernier avait tout du beau ténébreux, qui attirait les regards. Plusieurs sur la piste détournait le sien pour les poser sur ce dernier. Malheureusement pour lui… Le charme s’estompa dès les premiers pas de danse. Beaucoup riait dans leur coin, et Bastet, pour sa plus grande honte plus tard, partagea leur hilarité. En effet, la légende disait vraie, Anubis n’était pas bon danseur et Souad pouvait le constater. C’était même difficile de décrire ce qu’il faisait, le pauvre tentait tant bien que mal, de copier les mortels, leur façon de faire semblait malgré tout lui échapper.

Bastet ria, mais rapidement, voyant la honte qui s’abattait sur son pauvre compagnon à travers les rires, les doigts dénonciateurs… Basta éprouva une certaine pitié pour son ancien adversaire. D’un coup, elle avait envie de lâcher une meute de chat sur tous ces impudents. D’un claquement de doigt, cet endroit deviendrait le garde-manger de ses protégés. Mais elle n’oublia pas la promesse faite au dieu psychopompe et se l’interdit donc.
Au lieu de cela, Bastet vola au secours du dieu Anubis, allant le rejoindre, toute souriante, et encore malgré tout, amusé par sa danse si personnelle. Car si au départ elle raillait également l’incompétence de Darren, elle trouva quand même du charme au travers.

"Arrêtons le massacre. Laisses moi te guider mon chère."

Attrapant ses épaules avec ses doigts fins, Souad les fit glisser le long de ses bras comme une douce caresse, guidant ses bras en user de la moindre force, l’encourageant donc à suivre ces mouvements, comme un chef d’orchestre dirigeant les musiciens grâce à sa baguette.

"Les mortels ont un nombre infinie de danse. Mais il en existe une, universelle qui s’adapte à chacune des musiques et qui est facile… Il te suffit de suivre le rythme. Exprime ce que te fait ressentir le son… Ce dernier est un vent doux comme sur le bord de la mer, et toi… Un boue de soie, une feuille, une vague emportait…"

Souad donc, suivait la musique, agitant donc les bras autours de sa tête comme si elle désirait la retenir, tout en bougeant son corps à la manière d’un serpent qui ondulait et aux jambes ne bougeant qu’à peine. Elle s’agitait ainsi, laissant parler cette part d’elle si puissante, si envoutante qui avait fait d’elle sa renommée. Et loin de chercher à avoir pour elle seule toute l’attention, elle resta près de Darren, s’occupant dès fois de lui, l’aidant à suivre et surtout… A se montrer le plus détendu possible.

La musique aussi forte fut-elle avec ses basses et se son électro, ressemblait à une épaisse couverture dans laquelle, Basta s’enroulait pour y trouvait une douceur exquise en même temps qu’elle dansait avec Darren. Ce dernier avait deux pieds gauches oui, mais il était bon élève et suivait son professeur à merveille, se laissant guider, Baster avait comme le contrôle des deux corps qu’elle fit se mouvoir telles deux prêtresses ivres pendant les Bachantes ou dans le cas de nos deux dieux, lors de la grande fête de Bubastis.
Tout le corps de Souad ondulait sous le charme musical, l’ambiance se réchauffait, le cœur de la déesse féline semblait s’attendrir. Quand elle plongea ses yeux dans ceux d’Anubis, elle n’avait pas remarqué à quel point ils étaient sombres et profonds.

C’était amusant d’ailleurs non ? Anubis et Bastet se connaissaient depuis des milliers d’années. Pourtant, elle avait le sentiment de ne jamais l’avoir vraiment connu, car ce soir, elle voyait une facette qu’elle ignorait de ce dieu sombre. En réalité, que savait-elle réellement de lui ? Mise à part une réputation toute faite chez les dieux, il était la divinité la plus ennuyante, si on exceptait Thot, avec qui s’amuser revenait à regarder un Hippopotame dormir. Là, c’était autre chose. Elle voyait à travers ce visage aux traits forts mais au regard doux, une bonté et une naïveté qui lui rappelait Ptah.
D’ailleurs, quand Darren la touchait, en toute amitié, elle avait l’impression que sa peau frémissait, se souvenant de la délicatesse et du geste galant de son mari qui fut si attentionné à son égard.

Ayant eut comme un flash violent devant ses yeux, Bastet repoussa un peu Anubis, se rendant compte à quel point ils étaient collés l’un à l’autre. Son regard fuyant, elle chuchota :

"Tu sais te débrouiller quand tu veux. Allons boire quelque chose."

Malgré toute sa puissance et ses danses, Bastet n’arrivait pas à fuir cette triste réalité. Les chats quand ils le voulaient, pouvaient partir quand quelque chose leur déplaisait et vivre mieux ailleurs. Un don que la déesse leur avait accordé parmi tant d’autres, mais dont elle semblait en être dépourvue. Car elle pouvait encore jouer à Catwoman, sautant de toit en toit pour courir, un spectre menaçant la traquait constamment et quand il était tout prêt, l’esprit de la divine la torturait. Elle avait donc besoin de se changer les idées.

S’installant au bar, ce dernier contrairement au reste du dancing, était moderne avec néon fluo qui donnait l’impression qu’on passait du moyen-âge avec le reste de la déco, au futur. Prenant place sur un des tabourets, elle sourit au barman. Ce dernier, au sourire charmeur, était un beau jeune homme au teint typé. Sans doute venait-il d’orient ou bien de l’Inde. Usant de son charme, il demanda à la belle ce qu’elle désirait.

"Un martini pour moi. Et ce sera monsieur qui paye." Conclu t’elle sur le ton de la taquinerie.

Enfin, il avait intérêt à payer. Lui qui se vantait d’être justement gentleman et que la déesse l’entrainait à s’extravertir, il n’allait pas faire faux bond maintenant, si ?

Tout en regardant la boite autour d’eux, Souad demeura pensif. Le petit plaisir fut de constater les progrès de son compagnon. Elle imaginait plutôt ce dernier tout faire de travers et abandonner… Peut-être que cela aurait été le cas, si Basta n’avait pas prêter main forte au dieu psychopompe. Pourquoi ne pas le laisser se débrouiller alors ? Il aurait pu se ridiculiser davantage, elle aurait rie, il aurait lâcher l’affaire et elle, ne serait plus tenue par son serment. Elle se serait sentie tellement libre…
Malgré cela, elle semblait éprouvée une forme d’attachement ou de pitié envers Anubis, elle n’en était pas certaine. Voir les autres rires de lui en plus, l’avait exaspéré et aurait bien voulu envoyer une armée de félin sur ces mortels impudents. Mais elle a choisi de sauver l’honneur de compagnon autrement.

Bastet sourit aux remerciements d’Anubis. Pour le reste… Pouvait-il surement comprendre ? Un dieu froid, solitaire… Que savait-il réellement de l’amour et de la famille ? Il n’a jamais été marier, n’eut aucun enfant. Enfin, on entendit parfois parler d’une parèdre, mais jamais personne ne la connaissait. Il ignorait tout des responsabilités qui incombait une union. Souad ne comprenait pas. Elle s’était montrer épouse fidèle et sincère. Les chats sont connus pour changer de partenaire facilement, mais elle… Et son fils qu’elle a chéris… Elle avait tout donnée, et pour quel résultat ? Elle avait tout perdue. Jadis, elle était une déesse respectée et crainte. Mais quand les régimes changèrent, ce n’était plus qu’une babiole, une poupée que les derniers rois s’amusaient à jouer avec sur leur échiquier.

"Non je te remercie." Répondait-elle sur un ton quelque peu froid.

Cela aussi l’énervait. Elle se demandait "Pourquoi un dieu comme Anubis, faisait-il partie de l'autre camp ?" Elle constatait bien que la déité ne comportait aucune malice. Il était un véritable gentleman remplit de bonnes intentions et ça, ca lui plaisait. Mais le fait de ne pas être dans le même camp justement, freinait bien des choses. Déjà, cela la bloquée à se confier. Qui garantissait qu’il ne s’en servirait pas contre elle, pour la convaincre de changer de camp également ? Cet aspect la faisait bien déprimée. Soufflant un bon coup, elle préféra en finir.

"Si tu veux, on peut s’arrêter là. Pour moi tu as rempli ta part, je n’exigerais rien de plus."

Certes, Anubis n’était pas le meilleur danseur qui soit, il fut très loin du fêtard qu’on aurait put imaginer à la fin de ces mises à l’épreuve. Mais Souad était à la fois fatiguée, et préférait regarder l’effort plutôt que les résultats. Et sans doute, que tout ceci devait être bien assez pour quelqu’un n’ayant pas l’habitude de ce genre de soirée, inutile de trop en demander pour ne pas fatiguer non plus et décourager.
En tout cas, chaque petit pas que voudra bien faire Darren, Bastet en fera tout autant. Un joli compromis.

Attrapant donc son sac pour enfiler la bandoulière fine sur son épaule, Basta attendit la réponse de son compagnon de soirée. Elle serait d’ailleurs fort surprise si au final, Warren préférait continuer. Peut-être aimerait-il poursuivre son épreuve. Bastet remarqua même une chose assez drôle qui la fit sourire. Les femmes ici, elles salivaient quand elles le virent entrer, rirent en le voyant danser aussi mal, mais le dévoraient encore des yeux maintenant. Elles étaient complexes, à l’image de la déesse qui les représentaient et protégeaient.
Darren risquait d’être tout émoustiller mais en même temps intimider par tant d’attention.

Anubis surprit fortement Bastet. La divine féline, aurait pariée que le dieu chacal aurait sauter sur l’occasion pour mettre fin à sa torture et reprendre sa petite vie normale, tout en se rassurant du fait que Souad tiendrait sa parole, le marché étant donc respecter. Non, au lieu de cela, le dieu sombre et mystérieux joua les hommes charmants, voulant « connaitre » la fille. Certains hommes usaient de se stratagème juste pour la mettre dans sa couche. Mais, Baster savait que ce n’était pas le cas de Darren, ce dernier était l’enfant sage, timide qu’on aimait taquiner, mais qui méritait la plus grande des confiances. Si seulement il n’était pas dans l’autre camp, ce détail lui revenant constamment, Basta se bloqua alors pour la lui accorder.

"Tu ne préfères pas apprendre à connaitre ces femelles qui te dévorent des yeux ? Tu aurais un meilleur succès." Disait-elle, tout en lançant un regard plein de malice au groupe de femme qui dévorait des yeux Wade.

Elles se sont moquées de lui avant, mais le charme à la fois physique et celle de son aura, lui assura un bon retour des gens. Même Bastet, qui aimait se moquait de son semblable, ne pouvait niée que Darren était plutôt plaisant à regarder. Même, son côté nié et pied gauche le rendait dans un sens attachant.
Souad se calma, elle se rassura en se disant que son mari lui manquait depuis bien trop longtemps, que sa famille lui fut prise avec tant de violence, que la jeune déesse, physiquement, éprouvait un manque horrible. Elle devait trop misée sur ce pauvre Anubis. Il était de toute manière trop différend d’elle, si opposé. Une mine sombre voila donc sa face, et fut renforcer quand son compagnon de soirée lui parla de se confier.

"On ne demande pas à une dame ses secrets voyons. Et il vaut mieux garder ses affaires pour soi. D’ailleurs, as-tu quelqu’un à qui te confier toi ?"

Difficile à dire si elle disait cela avec un réel intérêt ou par provocation. Elle savait qu’Anubis était un dieu du genre solitaire. On ne lui a jamais connu le moindre intime, ni amour, ni ami. Un dieu vivant dans l’ombre, dont les humains finirent par en avoir peur, en faire un monstre diabolique au cinéma ou bien dans les romans.
Ce dieu devait sans doute, comme elle, renfermait tant de chose en lui, tant de souffrance. Anubis serait-il un acteur ? Jouant le rôle de l’homme inébranlable, fort, gardant les secrets qu’on lui confierait, ne se confiant jamais, mais se laissant briser avec le temps, sa force qui se désagrégeait ? En se posant toutes ces questions, Souad se rendit bien compte qu’elle ne savait vraiment rien de lui au final, pas plus que les écrits des temples. Alors, comment se confierait-elle à un inconnu qui tairait aussi sur lui ?
Pour se confier au moins, elle avait de nombreux sujets fidèles, qui jamais, ne répéteront les secrets de leur déesse aux mortels. Et encore, elle leur parla pendant les moments décontractes, de balivernes comme une adolescente sur un réseau social. Finalement, la divine féline prit une décision qui l’étonna elle-même.

"Si tu veux que nous parlons très bien. Je te laisse le choix, soit tu me raccompagnes, et tu es libres de souffler un peu. Ou bien allons finir cette soirée en marchant un peu dehors. Et voyons si nous pouvons en apprendre un peu l’un sur l’autre."

Il y a des dieux à qui se rapprocher d’humaines ne dérangeraient pas. Les mortelles pouvaient être des proies plus facile et séduisante. Quand il n’y avait pas d’agression, il suffisait que le dieu révèle une part de sa nature pour que la dame succombait aux avances. Enfin, c’était surtout le cas chez leurs voisins grecs. En Egypte, c’était un peu différent. Seth aimait posséder des jeunes femmes dans son harem, toujours le besoin d’avoir le pouvoir sur ce qui était plus faible que lui. Et que dire d’Amon ? Sous prétextes d’une symbolique, le dieu-roi allait s’unir à la reine d’Egypte pour s’incarner en elle. Il y prenait du plaisir à n’en pas douter.

Anubis la troublait. Le dieu chacal n’avait vraiment aucune malveillance dans le regard et le fait qu’il rejette aussi facilement cette bande de nymphes pour rester avec elle, avait un petit quelque chose de rassurant. La déesse féline ne savait pas trop si son compère était sérieux ou bien s’il jouait avec elle. Souad n’était pas disposé à réfléchir, ses émotions jouaient contre elle. Entendre Darren dire en plus qu’il n’avait personne lui attira de la pitié. Ce dernier accepta néanmoins de marcher un peu et ainsi tous deux, allèrent récupérer leurs affaires et se retrouvèrent dehors.

La nuit était fraiche et les ruelles semblèrent bien tranquilles, comme si tout le monde s’était rendu en boîte. On entendait au loin quelques véhicules qui allaient et revenaient, mais sinon le coin semblait tranquille. Bastet n’avait même pas peur. Sans doute avait-elle confiance en ses capacités pour se défendre, ou bien c’étant en celle de Darren qu’elle y accordait e l’importance.

"Dis-moi… Et réponds honnêtement. N’as-tu jamais éprouvé de l’amour ou de l’attirance pour qui que ce soit ? Que sais-tu sinon de l’amour."

Anubis voulait connaitre la raison du tracas de la déesse. Mais pour la comprendre, il fallait savoir ce qu’était que d’avoir sa propre famille et avoir aimer quelqu’un. Anubis ressemblait à cet élève, qu’on voyait au fond avec très peu d’ami et qui ne sortait avec aucune fille au point de subir les pires rumeurs. Dieu sombre et mystérieux, Souad était curieuse si son compère avait déjà ressenti le plus puissant des sentiments offerts par les dieux. Mais ironiquement, les dieux eux-mêmes, ou plutôt la seconde voir troisième génération, s’en s’ont privé pour des raisons personnelles.
Bastet était heureuse, et on ne pouvait pas lui reprocher d’avoir voulu défendre ce qui le tenait à cœur. On avait attaqué son père et humilier, ne l’aurait-on pas critiqué aussi, si elle n’avait rien fait pour le défendre ? On pouvait dire que ce qu’elle vivait, était une forme de punition pour s’être opposer à celui qu’elle considérait comme un tyran. Mais Basta n’était pas dupe, elle savait que chaque décision prise par son ennemi, n’avait que pour but la politique. L’ordre établie par Râ fut ébranlé quand il fut contraint par Isis, d’abandonner son trône au profit d’Osiris. Et maintenant, pour tout réparer…

Quel dommage qu’Anubis soit au milieu de tout cela. Sa mère adoptive qui fut en quelque sorte, pionnière de la déchéance de la déesse chatte, et Amon, que Darren défendait aussi. Même si le dieu se voulait neutre, il n’avait rien fait pour sauver le véritable Ordre. Rien qu’en y repensant, ceci suffisait à rétablir les barrières entre eux deux.