La saison était bien fraiche. On pourrait dire alors que le moment pouvait-être mal choisi pour organiser pareille festivité. Pourtant ils l’avaient fait. Gardienne du monde des morts, éternelle témoin du passé, mais silencieuse, la pyramide aux origines inconnues dominait la scène. Cette flèche d’or pointant vers le ciel demeura inébranlable quant à l’agitation qui se fit à ses pieds. L’immense monument ne s’inquiétait pas plus que de cela, des mortels qui grouillaient tout autour.
Non loin d’elle, on y dresser une scène richement décorée de colonnade de couleur de grès, relié par des rubans de plusieurs couleurs, et de lanternes qui trônaient en leur sommet, comme la pointe jaune en haut d’un obélisque.

Tout autour, des stands furent dresser, proposant boissons, nourritures ou quelques souvenirs divers et varié telles des photographies de la pyramide, ou bien des objets artisanaux, proposé pour l’occasion. Et que dire de l’ambiance qui accompagnait cette scène, créer par une troupe de musicien, qui soufflait dans leur flûte, tapaient sur la peau tendue de leur tambour ou agitaient les disques de cuire pour imiter la mélodie de la pluie tombante. Et si les gens ne portaient pas doudoune, jean, basquettes ou bonnet, on aurait pu croire qu’on avait voyager dans le temps pour revenir au temps des Pharaons, lors des grands marchés. Mais le clou du spectacle n’était pas cette pseudo reconstitution de la vie de tous les jours.

"Mesdames et messieurs, je vous prierais de bien vouloir accueillir ce soir, les élèves de l'école de danse de "L'appel du sistre" !"

La foule autour de la scène, applaudissaient l’entrée des nouveaux artistes. Certains même sifflait ou criaient déjà fort exciter. Les danseurs et les danseuses montèrent donc à la manière d’un cortège, formant un cercle sur les planches. Les femmes portaient une tenue légère malgré le froid. Robe fendue, bras et ventre nue, elles avaient quelques perles autour du coup et pendant du bustier, ainsi qu’une ceinture qui semblaient être recouvert d’une poudre de diamant. Deux femmes furent en blanc, les deux autres en bleu.
Deux hommes composaient aussi la troupe. Leur costume faisait plutôt penser aux marins perses, avec un pantalon ample, un turban sur la tête et le haut était une veste ouverte sur leur torse. Tout ce petit groupe se mit en position accroupie comme s’ils priaient un être invisible devant eux, ou bien se mettait en veille. C’est alors qu’elle entra. Derrière eux, d’un pas léger, une cinquième femme soutenant un long voile noir qui dissimulait son corps, monta sur scène et se plaça au centre de la scène. La musique se fit calme, douce en accompagnant les pas gracieux de celle qui semblait être la cheffe de file. Quelques mouvements des jambes assez sensuels pour envouter le publique, puis d’un coup ce fut l’explosion !

Les tambours frappèrent si violemment qu’on aurait dit qu’une guerre se faisait. La femme au centre, laissa tomber son long voile pour dévoiler une créature aux regard perçant, couronné d’un couvre-chef recouvert de perles accrochés les unes aux autres par des fils qui pouvaient pendouillaient à côté de sa longue coiffure d’ébène attachée en une longue queue de cheval.
Les autres danseurs eux, se levèrent pour commencer leur danse. Les femmes encerclèrent leur cheffe toute de noire vêtue, restant sur place comme quatre colonnes qui protégeaient la statue d’une déesse au cœur d’un sanctuaire, mais bougeaient bras et jambes comme si elles allaient jetées de leurs membres des flammes dansantes ou un jet de sable qui exécuterait une valse avec le vent.
Quant aux hommes, leur chorégraphie se voulut plus guerrières. Ils tournaient autour des quatre femmes, exécutant une danse martiale, tantôt s’accroupissant, tantôt se levant pour agiter des armes imaginaires.

La femme en noire elle, resta imperturbable à l’agitation de sa troupe. Le regard fixe sur la foule devant elle, la danseuse principale fit quelques moulinets de ses poignets, bougeant son bassin comme un serpent envouté mais ses pieds ne bougèrent pas d’un seul centimètre. Une statue vivante qui parlait par sa danse imposant aussi bien fascination qu’envoutement.

Le spectacle touchait à sa fin. Les danseurs clôturaient la danse les bras levés sous les dernières notes de l’orchestres, qui furent succéder par les applaudissements et sifflement d’un publique visiblement convaincu. La troupe les salua et quittèrent la scène. Souad avait un peu les allures d’une reine, entourée de son escorte de danseurs qui l’encerclaient jusque dans les coulisses improvisées. La maîtresse de danse avait rempli son contrat. Elle pensait pouvoir tout faire déblayer et rentrer chez elle pour reprendre ses autres activités. Mais à peine que son pied eut fouler les dalles aux pieds de la scène… Qu’une autre scène se produisait.
Un homme voulu forcé le barrage imposé par la mairie, visiblement désireux d’aller parler avec la cheffe de la troupe. Les danseurs regardèrent incrédules cet énergumène qui insistait. Basta leur fit signe de la laissée, que chacun aille se changer et qu’il rentrait chez lui. Bras croisé retenant le voile qui l’avait accompagné durant toute sa danse, Bastet s’approcha donc de cet inconnu toujours bloquer de l’autre côté. Regard dur, mais curieux, elle toisa cet homme aux traits plutôt asiatiques. Son visage ne lui disait rien, elle ne comprenait pas pourquoi, il désirait tant la voir.

"Est-ce moi que vous voulez voir ? Si oui, que voulez-vous ?"

Méfiante, elle laissa les vigiles maintenir l’homme visiblement excentrique. Non, son visage ne disait rien. Toutefois, avec les habitants de Caelesti, les gens pouvaient s’être rencontré dans une autre vie. Un dieu ? Une créature affrontée du temps jadis ? Ou bien un authentique fou ! Sinon un fan excentrique qui voulait juste parler et voir son idole, chose qui ne manquait pas de flatter l’égo de la danseuse. Enfin, parlant de fan ils étaient bien rares. Souad, aussi talentueuse soit-elle, n’était pas une icone pour autant. Elle passait à la télé en tant que figurante dans de rares clips musicaux, mais pas plus. Son nom ne figurait presque nulle part.
Ou bien l’homme aurait peut-être tout simplement envouté par la danse de la féline. Ceci pouvait bien arriver, une autre chose qui ne répugnait pas la principale intéressée. Mais bon, voyons donc déjà ce qu’il avait à dire et elle pourra en tirer des conclusions après.

La scène qui suivait, prit une tournure plutôt… Troublante. L’homme avait tout d’un fou. Quelqu’un frappé de démence qui effrayait le monde qui l’entourait. Si Souad n’était pas retenue par la discrétion, elle aurait calmé l’homme d’un claquement de doigt. Soit par un toucher apaisant ou bien envoyé sur lui une horde de félin pour le déchiquetée. Un second agent de la sécurité venait la rejoindre pour l’intimer de s’éloigner de cet énergumène. La danseuse consentit à obtempérer, ne comprenant pas la folie qui habitait cet inconnu qui agitait les foules. Et là, tout se concluait sur une note des plus surréaliste. Au moment où il s’écroulait tel un homme frapper par la fièvre du désert, il prononça quelques mots inaudibles pour l’humain mais pas pour une féline avant d’exiger de l’eau…

Installer sur un broquard, gourdes ouvertes pour lui, l’inconnu comatait en attendant l’arrivée d’une ambulance sous bonne garde. L’ambiance qui se voulait festive devenait lourde, un sentiment de malaise planait au-dessus de tout le monde. Souad, ayant abandonné son voile transparent, se tenait au chevet de cet homme, malgré les mises en garde de la sécurité. Son regard se faisait dur sur cet « humain » qui dormait. Compassion ? Elle n’en était pas investie, et encore moins quand cet homme voulu bien revenir à lui. D’un geste délicat, elle apporta un récipient remplit d’eau aux lèvres du dément, mais s’exprimait sévèrement, telle une mère grondant son enfant.

"Quand la mairie voulu apporter de l’animation pour sa population, elle ne devait avoir prévu votre numéro."

Pourquoi ne pas être partie et l’avoir laissé ? Bastet pouvait-être d’humeur changeante, mais elle tenait à éclaircir certaines choses avec lui, avant de rentrer chez-elle. Cet homme était fou pour elle certes, mais dans cette folie, des détails furent troublant. Et dans bien des croyances, quand quelqu’un se montrait fou, il était touché par les dieux.

"Vous vous êtes exprimé à moi dans une bien étrange langue à la fin. Pourquoi ? Il y a bien trop de chose qui ne peuvent être ignorés alors je vous écoute. Vous vouliez me parler, alors vous avez toute mon attention."

Sur ce coup, Bastet voulu se montrer direct. Elle ne savait pas quelle autre stratégie adopter. S’enfuir, ignorer pourquoi pas. Mais quelles auraient été les conséquences ? Bastet fut troublée avec juste ces quelques mots et tenait à s’assurer qu’ils ne furent pas prononcés à l’aveuglette. Si oui, elle pourrait partir l’esprit tranquille, abandonnant cet homme entre les mains de gens experts. Dans le cas contraire, elle aimerait savoir quels secrets se cachaient dans sa tête.

Le comportement de cet homme fut des plus étranges. Souad ignorait quoi en penser. Soit oui, il était une créature ou un dieu, ou bien un fou. Deux hypothèses qui tenaient la route. Accordons donc du crédit à ses dires, en tout cas, il était difficile à Bastet de connaitre l’identité de cet homme. Son visage lui fut totalement inconnu, de même que la voix et... L’odeur. Une personne qui il y a quelques minutes, braillait et gesticulaient les bras comme un dément, et ensuite, se comportait avec la plus grande révérence à son égard. Peut-être bien qu’il fût fou au final et Souad se demandait si elle ne commettait pas une erreur en accordant tant d’attention.
Jadis, toute personne venant demander « asile » dans son sanctuaire se retrouvait presque materner par la déesse, et déchiqueté si son cœur se révélait impure. Elle aimait les humains telle une chate dorlotant ses chatons. Mais les temps avaient changé. Bastet conservait encore une partie de cette esprit maternel qui la poussée à soignée les blessures et guérir les âmes, mais les épreuves l’avaient quelques peu rendus plus froide et distante, voir même autoritaire. Les mortels aimaient dire que les dieux ne changeaient jamais, répétant les mêmes tâches, commettant les mêmes erreurs dans un vieux films qui se jouait en boucle. C’était faux, les dieux avaient des sentiments, ils pouvaient apprendre et évoluer. Bastet en était la preuve vivante. Soit, cela pouvait prendre plus de temps que pour un humain, ce qui pouvait être trompeur.

"Et si vous commenciez par tout m’expliquer depuis le début. Qui vous êtes d’abord et ensuite me dire pourquoi vous croyez me connaitre ?"

Commençons par le début oui. Souad n’avait qu’à claquée des doigts, et la sécurité revenait pour envoyer ce perturbateur au poste de police ou bien dans un asile. Elle était tentée en effet, car là, cette fameuse compassion qui l’animait depuis des siècles étaient à son plus bas niveau. Elle accordait le strict minima. Sans doute était-elle fatiguée de se voir tout perdre à chaque fois, que le peu de bonheur qu’on lui accordait, fut violemment voler. Familles, amis, biens etc. Tout disparaissait, elle donnait tant mais ne recevait plus grand-chose voir rien. Et si en prix de consolation on lui demandait de s’occuper des fous, du boulot en plus, elle pourrait baissées complétement les bras. Fort heureusement, sa curiosité naturelle, l’encourageait à en savoir plus sur cet homme et donc, de retarder son incarcération.

L’homme ne perdait rien de son aura de fou. Il semblait toujours aussi perdu et ses pensées, traduites par ses mots, furent un curieux mélange dont Bastet n’était par certaine de saisir tout le sens. Il devait y avoir autant d’explication qu’il y a d’étoiles dans le ciel la nuit. Pourtant, ce petit monologue laissa planer une forme de doute en la déesse.

"Enchantée monsieur Gao Toshibo. Souad Basta." Se présenta t’elle à son tour, n’oubliant pas les convivialités tout de même.

Pour revenir aux explications de cet humain, Souad eut le sentiment d’avoir une petite idée de ce qui se tramait en réalité. Ici nous pouvions le dire sans paraitre aussi fou que Gao, elle suspectait ce dernier de venir du même endroit qu’elle. Mais sans preuve… Un chat était d’un naturel prudent, quand il ne sentait pas un coin sûr, il avançait patte par patte, très lentement jusqu’à ce qu’il soit rassuré. Et pour cela, il fallait écarter tout doute possible. Si au départ elle avait les traits de quelqu’un de froid, au début de son courroux, elle se montra un peu plus douce par la suite. Petite stratégie pour mettre Toshiro en confiance.

"Très peu en effet. Mais… Il suffit que quelqu’un cherche un peu et trouve un dictionnaire pour connaitre quelques mots. Est-ce votre cas monsieur Gao ?"

Dire qu’on aimait l’Egypte et son histoire bien entendu, n’expliquait pas qu’on savait parler sa langue la plus ancienne. Encore moins celle des hiéroglyphes. Comme au temps des scribes, ce savoir était jalousement gardé par les experts modernes. Combien de sites ou de livres vous proposer d’apprendre cette langue ? Mais ce n’était pas impossible, Toshiro a bien put trouver un livre ou un site lui ayant donné accès à ce savoir.

"Et pour vous répondre, oui et non. La danse était en quelque sorte traditionnel, mais elle connue quelques retouches. Mais vous vous approchez bien de son origine."

Nous n’allons pas nous perdre dans un cours d’histoire sur la danse et le pourquoi de ce choit de l’enseignante. La belle brune devait présenter un show, ce qu’elle avait fait. Ce n’était pas néanmoins le sujet de cette histoire. Pour preuve, aussi vraie que Bastet adorait cette pratique, elle la chassa rapidement pour revenir à son nouvel « ami ». Qui était-il vraiment ? Pour l’heure, les deux thèses d’un dieu ou une créature échouée sur l’île et d’un fou se rivalisaient encore. Si elle pouvait fouiller dans la mémoire, elle le ferait. Par contre, vue ses dires et son comportement, si cet homme était bien un des leurs… Alors pour une raison encore inconnue, il semblerait avoir perdu la mémoire…
Un effet secondaire ou une malédiction ?

Malgré les remarques, malgré les questions… Souad ne savait toujours que pensée de cet énergumène. Elle avait la sensation que cette conversation n’avançait à rien, et que sans doute, il valait mieux le considérer comme fou, et laisser les personnes compétentes s’occupées de lui. Voilà qui était bien dommage, car au fond d’elle, la professeur de danse avait espérer retrouver un des siens. Quand on vivait si longtemps seule, chasser de sa famille, on voyait cette dernière un peu partout, on gardait l’espoir de belles retrouvailles. Hélas, le destin aimait se jouer de nous, nous faisant apercevoir des mirages et travestissant certains gens pour nous duper un court instant.

Ne sachant donc que pensée de lui, l’idée qu’il puisse être un des siens venait à s’amenuiser petit à petit. Soit il était bien fou, ou bien se jouait-il d’elle. Et si c’était le cas, cet humain serait une personne bien cruelle qui ne savait à qui, il se frottait. Si jamais ce n’était qu’une plaisanterie de mauvais goût, Souad ne se priverait pas de lui envoyer une nuit, une armée de chats sauvages pour le réduire en charpie. Et quand Gao lui parla des « filles du soleil », là non plus elle ne savait que dire à ce moment.

"la fille du Soleil est un terme générique qui englobe énormément de chose monsieur Gao. Que ce soit mythologique ou bien dans toute œuvre fictive… Il faudra être un peu plus clair."

Bien sûr, la première chose qui lui venait à l’esprit à cette évocation fut elle même. Bastet, était la fille de Râ le dieu solaire suprême de l’Egypte Antique. Quand on n’évoquait pas non plus Sekhmet, ou bien Hathor, qui formèrent une sorte de trinité si particulière, les sœurs qui partageant souvent leurs fonctions. Mais chaque panthéon avait son lot d’enfants du Soleil. Non ! Ne pensez pas à ce dessin animé, cela n’avait rien à voir ! Bref, il était vrai qu’en assemblant le dialecte égyptien plus l’évocation de cette fille, un rapprochement était facile.

"Peut-être voulez-vous parler des trois filles de Râ. Née de Tefnout qui se divisa en ces déesses, elles furent filles du Soleil et Œil de Rê. Hathor, Bastet et Sekhmet."

Tout ceci n’était que confusion la plus totale. Souad n’était même pas sûr de comprendre les divagations de cet homme. N’importe qui l’aurait donc jugé fou et envoyer dans un lieu pour être à jamais enfermer. De plus, l’éloge entendu sur sa sœur lionne lui ravivait de biens mauvais souvenirs. Rien que pour cela, elle pourrait déjà le faire enfermer. Mais les quelques mots doux à son encontre calma rapidement sa frustration. Les dieux de l’anciens temps étaient très susceptible. Heureusement, certains savaient mieux retenir leur courroux que d’autres.

Pour revenir à Toshibo, il était clair que cet humain, s’il en était bien un, n’avait plus toute sa tête. Cette dernière était visiblement en proie à un terrible tourment. On aurait dit qu’un ouragan s’abattait dedans, mélangeant tout dans un affreux désordre et laissant donc un corps perdu. Au tant le dire, il faisait de la peine à la déesse déchue. Malheureusement, Bastet n’avait pas le pouvoir sur l’esprit. Elle ne pouvait pas ôter ou infliger la folie. Enfin, pas d’un claquement de doigt. Comme le mortel privé de dons divins, il faisait appel à son ingénierie, usant de méthodes subtiles pour parvenir à ses fins, comme le démontre leurs nombreuses inventions. Souad devra donc en faire autant.
Si donc, elle ne pouvait calmer son esprit agité, elle pouvait le soulager. Ce ne sera pas évident car ce don ne fut utilisé depuis bien longtemps. Il lui fallait un cœur doux, en paix et plein d’amour pour influer sur l’humeur de l’autre. Mais depuis un bon moment, celui de la déesse chatte fut rongé par l’amertume, la tristesse et la colère. Elle fit donc appel à la pitié qu’elle éprouvait pour Gao, afin de l’aider.

Ainsi, délicatement, elle caressa la partie non recouverte de la joue de Toshiro afin d’absorber la peine vécu et laissé entrer un souffle doux, chaud et parfumé dans son âme. Si ceci ne pouvait le libérer de son tourment, au moins il éprouverait normalement un calme, de quoi mieux réfléchir et remettre les choses dans l’ordre.

"Allons calmez-vous. Reprenez donc depuis le début. D’où vous viennes ces histoires et toute cette connaissance ?" Demanda t’elle avec la douceur d’une mère qui consolait son enfant.

L’acclamation de Gao avait aussi éveillé quelque chose en elle. Rien qui puisse la troublée, car cela n’avait encore aucun sens, et la divine danseuse était consciente que cela pouvait vouloir dire tout et rien. Si on se basait sur son passé, quand elle était la reine de Bubastis, il arrivait plus d’une fois qu’on suppliait à la déesse de prendre sa vie à la place d’un criminel. Rassurez-vous donc, Bastet n’était pas une dictatrice sanguinaire. La sentence de meurtre allait toujours pour les crimes les plus graves, allant du meurtre au blasphème. Mais souvent, ce fut un amour ou un parent qui voulait prendre la place du ou de la condamnée à mort. Une action que la divine pouvait comprendre, mais ne pouvait tolérée.

"Trouvez-vous réellement que je ressemble à une femme ayant une tête de minette ?" Plaisanta-elle.

Pour elle aussi, cette situation était quelque peu éprouvante, car elle aimerait avoir des réponses claires. Était-il oui ou non un dieu de son panthéon ? Chaque mot qu’il prononçait renforcé le mystère. Elle lui accordait bien le bénéfice du doute, mais si cette conversation continuait à aboutir sur le néant… Souad se verrait dans l’obligation d’abandonner. Et si c’était quelqu’un souffrant d’amnésie ? La déesse avait entendu parler de cas, d’effets secondaires comme on dit, du passage divin à mortel. Si cette histoire se confirmait, voilà qui n’arrangerait pas les choses. C’était donc une punition bien cruelle, condamné à chercher les autres à jamais, et ne jamais les reconnaitre, même s’ils se tenaient en face de vous. Cette idée donna la chaire de poule à la divine féline.
Car elle disait dans ses moments les plus noirs, qu’elle aurait put recroiser la route de Ptah depuis un moment, mais jamais elle n’aurait réussi à le reconnaitre. Deux époux devenus de parfait étranger… Une histoire bien triste. Et si… Et si Toshiro était… Non c’était impossible !

N’y aurait-il que de la sincérité dans les paroles du jeune homme ? La belle Basta aimerait le croire. Tout semblait n’avoir ni queue ni tête dans cette histoire, ceci-dit, l’envoutante déesse y fit sa propre interprétation. Fou, elle était moins disciple de cette pensée. Désormais, elle était charmée par celle du dieu ou de la créature devenue amnésique par son « transfert ». Mais qui était-il en réalité ? La divine féline était incapable de le dire, et elle avait l’impression qu’ils avaient déjà gratter le plus possible dans l’esprit de cet inconnu. Il faudrait donc user d’un autre stratagème pour obtenir des réponses, or Bastet n’était pas certaine d’en connaitre un. Elle ne possédait ni don, ni relique magique pour pallier au mal de cet homme. Elle soupira.

"Si je vous racontais une histoire bien particulière, vous me prendrez pour une folle sans aucun doute."

Effectivement, elle pourrait lui raconter qui elle était. Peut-être dire qu’elle fut une déesse antique, aussi puissante que redoutée, pourrait déclencher quelque chose chez Gao. Mais elle n’en était pas certaine. N’étant pas déesse de l’esprit, elle ne pouvait pas s’improviser psychologue d’un claquement de doigt. Son approche était bien plus maternelle, celle d’une mère pouvait aussi bien cajoler son enfant pour le consoler, que le pousser à se dépasser. D’ailleurs, elle aurait peut-être une idée qui pourrait bien les servir à tous les deux. Ce n’était pas garantie, voir même risqué… Mais qui ne tentait rien n’a rien non ?

"Ecoutez… Cet endroit n’est pas propice pour ce genre de discussion. Je suis propriétaire de « L’appel du Sistre », j’y travaille tous les jours et suis seule le soir après le dernier cours. Venez donc me retrouver à ce moment-là, nous pourrons en discuter plus en détail et voir de façon plus claire. Etes-vous d’accord ?"

L’Appel du Sistre, était un peu comme le temple de Bastet sur Caelesti. Là-bas, Souad était pleinement maîtresse des lieux, elle se sentirait plus à l’aise et faire ce dont elle avait besoin pour aider Toshiro. Mais… Cherchait-elle vraiment à venir en aide à ce dernier, ou poursuivait-elle une ambition bien égoïste ? Peut-être bien les deux, elle ne pourrait le dire, suivant comme se fut souvent le cas son instinct. En tout cas, elle éprouvait une forme de sympathie pour cet étranger. Bien qu’il parût étrange et dérangeant, surtout au début, elle le voyait sous un œil plus clément. Difficile à expliquer, mais la belle brune espérait que Gao accepterait se requeté, et ne se laisserait pas emporter par la vague du désespoir et cette chanson sur la folie dont il se croyait victime.

S’il était amnésique, normal qu’il se pensait devenir fou, bon à enfermer et rester couper du reste du monde. Mais peut-être qu’une voix chaleureuse d’une personne se montrant prédisposer à l’écouter et aider, lui évitera bien des tourments. Bastet pouvait avoir vécu beau nombre d’outrages, une part d’elle restait celle qu’on eut toujours connue, aimante, douce et soucieuse d’autrui. Comme un chat, il pouvait avoir sale caractère et vous griffer facilement, mais bien souvent, il apportait chaleur et compassion, par les caresses et ses ronronnements. Ne vous attendez pas à voir Souad ronronner !

Quelques personnes plus loin, appelaient Basta. La jeune femme se retourna avec grâce vers eux pour comprendre la raison de cette convocation. Puis, elle revint vers ce mystérieux admirateur.

"On m’attends. Mais j’espère que vous viendriez. Et n’ayez crainte, les vrais fous sont ceux qui s’ignorent." Voulu t’elle conclure sur une note quelque peu humoristique.

Elle fit signe à tout le monde y comprit à la sécurité que tout allait bien, que non, Toshiro n’avait besoin d’être escorter dans un centre ou jeter dehors comme un mal propre.