... la vie d'une kitsune appelé Kumiko, ou encore l'enfant éternellement belle (j'ai hérité de l'humour de ma mère).

Alors cette histoire commence dans une forêt japonaise il y a plus de 300 ans. Comme c'est mon histoire, et pas celle - adorable hein, je dis pas le contraire - de mes parents, je vous fais leur rencontre en court : ma mère était une kitsune, mon père un noble qui a fini assez gravement blessé au milieu des bois (une histoire de famille rivale, de complot, et j'en passe). Il se trouve que ma mère a décidé de le soigner parce, mine de rien il était pas mal fichu, puis un corps en décomposition, même beau, pas loin de chez soi, ça fait tâche. Bref, après avoir été soigné, il a réussi à séduire ma maman et ils sont tombé amoureux. Sauf que mon papa était marié, et ils étaient parti pour devoir garder ça caché, ce qui plaisait pas à haha - maman en japonnais, enfin j'avais intérêt à l'appeler okaasan devant tout le monde, les manières, les apparences, tout ça tout ça. Oups je m'égare à nouveau. Finalement il y a pas eu de dramas. C'est presque triste, même si c'est cool pour moi parce que sinon j'aurais peut-être jamais existé ! Parce qu'il se trouve que la femme de mon père était morte dans le fameux complot, et comme il avait déjà eu trois fils dont deux qui ont survécu, sa famille a été moins regardante sur l'identité de sa nouvelle femme, maman. Puis elle était belle et charmante, alors elle s'est mis tout le monde dans la poche.

Donc je suis née un peu plus d'un an plus tard, presque dans l'indifférence : j'étais une fille. Puis ma mère avait bien fait comprendre à son mari qu'il était hors de question qu'on me marie de force quand j'aurais l'âge - et mon père qui avait des doutes sur la nature de ma mère n'était pas assez bête pour la contrarier. Du coup je n'étais même pas un futur outil politique. De fait, même si mon père m'aimait, j'étais mise de côté quand il s'agissait de l'histoire de la famille. Ce qui m'allait très bien, parce que petite kitsune que j'étais je préférais passer du temps dans la forêt, et surtout à faire des farces à tout le monde. J'ai très vite été qualifiée d'insupportable, sauvageonne, mais quelques jours à jouer les filles modèles me permettaient de regagner la sympathie de tout le monde - ou presque. Ma maman n'était pas du genre à se laisser à avoir, mais elle s'amuser de mon comportement plutôt qu'autre chose. En somme j'ai passé une enfance privilégiée, avant de quitter ma famille quand le fait que je ne vieillissais pas commença à se faire remarquer. J'ai pas mal voyagé à travers le Japon, rencontré des kamis, d'autres créatures, jouer pas mal de tours grâce à mes pouvoirs à des gens qui la plupart du temps le méritaient. De temps en temps je rentrais chez moi en douce pour rendre visite à ma mère, jusqu'à sa mort peu après celle de mon père - oui elle l'aimait tellement qu'à sa mort elle s'est laissé dépérir aussi. Quand je vous disais que c'était une histoire adorable !

Ma vie a été plutôt paisible jusqu'à la Réunification - bon je dis pas que la vie des gens que j'ai croisé a été paisible par contre. Pour ma part, je n'avais rien contre cette décision - j'étais qu'un bébé d'un peu plus d'un siècle, loin de moi l'idée de remettre en cause les décisions de kamis bien plus âgés que moi. En fait j'aimais même l'idée de pouvoir m'amuser avec des créatures et divinités venant d'autres mythologies. Du coup quand on m'a vaguement approché pour rejoindre les Rébellious, je les envoyé bouler. C'est pas parce qu'on me définit comme une nogitsune - une kitsune qui aime jouer des tours et qui n'est pas considérée comme bénéfique - que je vais pour autant rejoindre le camp qui veut semer le chaos. Non j'étais pour cette réunification, je faisais donc partie des Garden, même si deux siècles plus tard, je ne me suis pas retrouvé aux premiers rangs des combattants. Je me suis même liée d'amitié avec un dieu irlandais, Ai Mac Ollamain, probablement le seul capable de m'empêcher de créer des ennuis.

En tout cas ce sont les souvenirs que j'ai, ceux que je pense vrais parce qu'ils font résonner quelque chose en moi qui dit : c'est ça ! Parce que j'ai d'autres souvenirs, des souvenirs brumeux d'une vie humaine que je n'ai pas vécu, celle d'une franco-canadienne qui a vécu entre le Québec et l'Ile-de-France, un père travaillant dans les finances et une mère artiste ainsi que deux demi-frères que j'aurais peu vu. Je sais pas qui m'a filé de faux souvenirs, mais il s'est pas foulé visiblement. C'est probablement pourquoi je me suis rappelé aussi vite de ma vrai vie d'ailleurs ! Ce qui est sûr c'est que j'adore mon nouveau prénom, on dirait une blague, ce qui m'amuse beaucoup. Quant à mon boulot j'adore : pas d'heure fixe, je sors beaucoup, je découvre de nouveaux lieux, je fais de nouvelles choses. Puis comme la raison pour laquelle les roi-Dieux nous ont envoyé ici - pas que je m'en plaigne ! - m'intriguent, j'ai décidé de me lancer comme détective privée en amateur. Le rapport ? Bah ça m'offre l'occasion de fouiner partout et de découvrir qui sont les divinités et créatures cachées, qui appartient à quel camp, et surtout qu'est-ce qu'on fait tous là et si on va rester.