Courrez bande de fou !

Ah ! La forêt ! Monde de verdure, de plante et d’eau, ainsi que d’animaux. Terre sauvage qui devait résister chaque jour aux assauts de notre monde soi-disant civilisé. Et contrairement au petit village gaulois dans cette bande dessiné, les merveilles de dame nature avaient bien du mal à tenir bon. Combien d’endroit encore, existait comme celui-là ? Marre de voir la négligence humaine, jeter tout et rien dans ces espaces qu’on dit vierge. Vierge de nous, mais noircit par la vie pullulant tout autour. Ces magnifiques créatures des plus timides, avaient bien raison de se cacher de nous, qui étions des monstres destructeurs, piétinant tout sur notre passage.

Et ouaip ! Arjun Kapoor n’aimait pas que les fêtes, la boisson et la belle compagnie. Que vous seriez étroit d’esprit de croire que je me contentais que de ça dans la vie. J’aimais la nature, j’adorais ce monde qui eut inspiré de nombreux artistes qui s’en servaient pour décrire leur mélancolie, avant de se faire sauter le caisson après. Un véritable univers fantasmé qui nous dévoilait tant de merveille, et pourtant, nous continuions à rêver d’en voir plus. Et justement, le commun des mortels vous ferait une liste simple des animaux vivant en forêt. Le loup, le lapin, le renard, l’ours, un piaf particulier… Et pourtant, j’avais l’ultime preuve sur moi, que sur cette île vivait autre chose que le bestiaire reconnu par l’homme.

Pour vous remettre dans le contexte, ma venue sur Caelesti n’avait rien à voir avec le hasard. Ma sœur avait disparu. Et d’après les dernières informations sur elle le jour où elle s’était volatilisée, elle serait tombée sur une bien étrange créature, filmer et envoyer à mon intention. Et je comptais bien découvrir de quoi il s’agissait et sauver ma sœur aussi. Mais bien que je sois des plus inquiets pour ma bien-aimée cadette, l’excitation fut à son comble, concernant l’idée de vivre une véritable aventure, comme on le voyait à la télé. Et bien sûr, comme dans ces médias du divertissement, nous avions droit aux clichés du genre « personne ne savait rien, je divaguais. »

Vous faisant fi de toute mon enquête et ma vie passé ici, nous allons venir de suite au moment présent. Je n’étais pas loin de l’endroit précis où Abhaya aurait disparu. Fouillant donc les environs, je m’étais muni d’un appareil photo pour capturer l’image du monstre. Aucune arme ? Et bien je n’en avais pas trouvé et… Je ne savais pas m’en servir. Mais si je trouvais le repère de la bête, sauver ma sœur sans doute enfermée dans une cage au fond d’une grotte, livrais la photo aux autorités qui la captureront… Capturez la bête, pas ma frangine. Quoi que… Enfin bon, à quoi me servirait une arme dans ce cas ? Alors je fouillais les buissons, remontais les cours d’eau de cette jungle. Fis attention où je mettais le pied, laissant juste les oiseaux piaffaient et tambourinait contre les arbres. Jusqu’à ce que je voie sans doute le plus gros buisson de ma vie bouger, qu’aussitôt mon esprit me fit imaginer le monstre en train de… Voilà quoi. Alors, je me préparais à le surprendre en l’immortalisant dans mon appareil.

Et voilà donc pourquoi, on pouvait me voir courir comme un dérater. On disait que l’adrénaline donnait une force et des aptitudes extraordinaire, surtout sous la peur. Et j’en avais nettement l’impression. Mes jambes allant sans vite que je crus par moment m’envolais. Des obstacles furent sursautés, des dizaines de mètres parcourus en quelques secondes. J’aurais aimé vous dire que je remontais tout ce parcours en accomplissant des acrobaties dignes d’un vrai ninja. Des sauts périlleux, des coups dans l’air, des roulades et des glissades sans accros… Mouais ce ne serait pas crédible je vous l’accordais. Déjà que j’arrivais à sauter et courir sans trop trébucher fut un véritable exploit. Et sous la peur et la fatigue me prenant, je n’avais pas la tête à faire mon cirque d’acrobate.

Courant, toujours plus loin et plus vite, mon corps chauffait incroyablement vite en même temps. Je sentais la sueur me recouvrir, mes muscles se tiraient comme des élastiques, à croire qu’au bout des pieds et des bras, du plomb se rajoutait. Toutefois, malgré les douleurs qui me prenaient, j’eus le temps de voir quelqu’un. Une parfaite inconnue, dont la logique des événements m’aurait encouragé à l’ignorer, l’oublier de suite et la laissait se débrouiller. Mais na nature me poussa à lui crier :

"Courrez pauvre fou !"

Oui, il fallait courir, tenter de sauver sa vie. Surtout face à une bête des plus folle, des plus sauvages et au caractère de cochon, un sanglier…

Courrez bande de fou !

Aurais-je déjà couru aussi vite ? Sentir tout mon corps se faire torturer et qui hurlait à l’agonie ? Non, aucun souvenir. À croire que c’était la première fois qu’une telle course fut mener au cours de ma vie. Je pouvais être en excellente condition physique, bien manger, bouger, et faire attention, que déjà, je me sentais arrivé au bout. C’était une sensation bien étrange, à la fois on ressentait la douleur, et en même temps, les membres furent comme anesthésier. Et de ce fait, on se voyait plus vulnérable à une chute, qu’à tout moment nous pouvions nous écrouler. Je voulais bien céder à son caprice, m’arrêter et me reposer pour mille ans afin de me remettre. Mais l’instinct de survie me l’interdisait. La mort aux trousses, l’Option « arrêt » était bloquer, ne pouvant être appliqué. Alors je continuais à courir, fonçant droit devant moi, ignorant chaque obstacle qui se dressait sur ma route.

La jeune femme rencontrée m’avait suivi dans cette course à la survie. Du moins, l’imaginais-je. Car j’eus peu fait cas de ses actions, et encore moins si elle me parlait ou non. Toute mon intention fut égoïstement dirigée vers ma propre survie. Courir, encore et plus loin ! Aucune coupée attendue à l’arrivée, juste le droit de respirer encore demain. Quelques petits sauts, respiration puissante, je tentais de zigzaguais entre les arbres, croyant sans doute inconsciemment semer la bestiole, mais cette dernière était un vrai taureau de la forêt. Il était rapide et défonçait tout sur son passage, beuglant comme s’il avait la rage.

Serait-ce donc la fin pour moi ? Le BG allait-il déjà terminé son histoire aussi tôt ? Quelle perte cela aurait été pour l’humanité. Mais je voyais bien ma mort défilait devant mes yeux. Et très franchement, me faire déchiqueter par ses défenses et piétiner ne me réjouissait pas du tout. Ce fut alors que les dieux me sont venus en aide. Me refusant une fin si atroce et me voir me réincarné déjà, la chance semblait me sourire. Comment une telle chose fut donc possible ? Je l’ignorais, j’en fus tout aussi surpris. Quoi qu’il en soit, je me découvris une force et une agilité insoupçonné. Le prochain arbre qui se dressait sur ma route ne fut pas éviter, mais escalader.

Par l’énergie de la peur, je grimpais cette colonne en bois, pour m’agripper aux premières branches où pour une fois, je pus souffler, me reposant contre le tronc. Si la jeune femme avait voulu faire de même, je me serais dépêché de l’aider à escalader également. Toutefois, je fus bien ravi de me voir hors de portée de la créature qui chargea une première fois l’arbre, sans arriver à le faire vaciller. À cet instant, la peur fut remplacée par une joie arrogante.

"Haha ! Tu l’as eus dans le pif saleté !"

Mais le dieu Vahâra ne dut aimer que je me moque ainsi d’un de ces disciples. Mon pied glissa et je dus mon salut qu’on mon réflexe de m’accrocher à la branche. Je restais donc dans l’arbre, mais voilà que comme un crétin, j’étais suspendu au-dessus du vide, où un sanglier furieux, devait envier le goût de ma chair. Paniqué, je criais pour que quelqu’un ou quelque chose vienne à mon secours, me voyant déjà lâcher prise. Mais ce ne fut point le cas, car finalement, je retrouvais mon perchoir et ayant bien retenu la leçon, je ne me pressai pas pour refaire mon malin, pas de suite.

Il s’en était passer des choses en peu de temps. Raconter ainsi, cela ne prit que deux minutes maximums à lire, mais pendant qu’on le vit, cela semblait une éternité. Je crus que toute ma journée était passé à courir, sauver ma peau. Chaque seconde avec cette horreur sur les talons, semblait durer une éternité. C’était comme dans un cauchemar, quand on rêvait qu’un monstre ou tout autre danger vous pourchassait. On ne pouvait que courir, et quand on s’arrêtait, la chose revenait encore plus dangereuse, semant la désolation sur son passage, ou la crédulité, ou le « je m’en fiche » général. Ou de la crème fouetter… Enfin bon, on avait la pétoche, on en perdait haleine. Puis, quand venait le réveil, on voyait encore ce monstre. Bien présent dans notre esprit, il faisait encore peur. Mais rapidement, on se rendait compte qu’il n’était rien, qu’il s’éloignait et que plus jamais, nous ne le recroiserons.

Courrez bande de fou !

« Je vais mourir ! Je vais mourir ! » Voilà les mots qu’on se répétait face au danger. Cette certitude que notre dernière heure était arrivée, et pourtant, nous continuions à nous battre. Notre cerveau interdisait d’admettre que la fin était là, qu’on avait une chance de survivre. Si ce ne fut pas le cas pour moi, je ne serais pas là à vous raconter mon histoire. Quoi que… En tout cas le monstre était parti, ayant fini par lâcher l’affaire, comprenant que je n’étais pas facile à attraper. Où bien il avait fini par en avoir marre de faire joujou avec moi et cherchait un autre pauvre humain à mal mener. Néanmoins, je remerciais les dieux de la chance de m’avoir protégé de la rage de ce sanglier.

C’est alors que je la revoyais. Cette mystérieuse fée de la forêt, qui revenait sautillante sur les branches et feuilles sèches, craquant sous ses pieds et m’adressant la parole sur un ton espiègle. Whoua je savais faire de belles phrases quand même. Il s’agissait bien de la jeune inconnue. Je n’eus qu’un bref moment avant pour mémoriser ses traits, trop concentrer sur ma course. Pourtant j’eus la certitude que c’était bien elle. Indemne, calme, à croire que la menace lui était passer à travers sans s’en soucier.

"Salut ! Moi c’est Arjun, enchanté…" Répondais-je quelque peu nerveux.

La bête étant loin, je risquais de descendre. Comme un chat, mon corps glissa le long du tronc pour finir à quatre pattes au sol. Me redressant, j’essuyais mes mains en les tapant l’une contre l’autre, puis passant sur mon pantalon avant de regarder un bref instant d’où je venais. Enfin, me sentant de nouveau pleinement moi-même, je m’approchais de Kimisore, sourire aux lèvres.

"Vous allez bien ? Désolé pour ça, je vous promets, c’était un accident. Je prenais juste des photos quand cette horreur met tombée dessus."

Me souvenant alors de mon activité, je me dépêchais à vérifier mon matériel. Après tout, mon appareil photo pouvait contenir non seulement des images importantes pour mon enquête, mais en plus il m’avait coûté une blinde. S’il s’était retrouvé en pièce… Kostas pouvait être un chouette patron compréhensible, mais je me verrais mal lui demander une augmentation pour me payer un autre appareil. Fort heureusement, je n’aurais besoin d’aller le confronter à ce sujet, la machine était en bon état. Ces quelques secousses n’eurent raison de sa résistance et les commandes restèrent pleinement opérationnel.

Pour revenir à notre amie, oui je pouvais m’en vouloir pour cette mauvaise première rencontre. J’eus toujours préférence d’aborder les demoiselles avec douceur, sourire et phrases d’accroches, pas avec un monstre assoiffé de sang sur les talons. Au moins, elle semblait n’avoir aucune blessure. Pas un bras écorcher, pas des trippes à terre, où qu’elle se soit retrouvée à ramper au sol, la partie inférieure en moins. Non, elle semblait intacte, bien portante et c’était tant mieux. Toutefois, il existait le risque qu’elle soit légèrement remontée. Contre moi ? Je n’y étais pour rien dans cette histoire, pas complétement en tout cas. Mais avec les femmes ce n’était pas toujours facile à savoir ce qu’elles ressentaient et pensaient réellement. J’eus plusieurs copines comme ça, je pouvais vous dire que c’était dure.

Courrez bande de fou !

Il fallait tout de même avouer, que Kimisore était plutôt pas mal. Même si ma mère et mon père, auraient préféré que je fantasme sur une belle Indienne, l’esthétique asiatique était tout de même plaisant à admirer. Un vrai visage de porcelaine, la peau claire, les traits symétriques, aucune tare, on avait envie de caresser son épiderme imaginant une matière à la fois douce et froide. Et que dire de ses yeux, fin mais transperçant comme deux lances à la pointe aiguisé. Et ses lèvres alors ? Non effacées, et non plus pulpeuse, elles étaient tout simplement parfaite, dessiner par quelqu’un à la main habille, qui savait que rajouter ne serait-ce qu’un défaut, serait vu une offense à cette beauté de l’orient. Et que dire quand elle se mettait en colère. Le rouge qui colorait ses joues et son regard encore plus meurtrier, lui donnèrent les allures d’une petite poupée toute choupinette qu’on avait envie de prendre dans ses bras.

Face à tant de beauté, je me sentais quelque peu désarmé. Je savais donc ce que ressentait ce marin légendaire grec, face à la nymphe Calypso, comment il s’appelait déjà… Jean-Yves Cousteau c’était un grec non ? Enfin bref, devant Kimisore, je me sentais comme un enfant qui se faisait gronder par l’institutrice, pour qui il ressentait un béguin. D’un coup, mon corps devenait encore plus chaud que lors de la course avec le sanglier, mes mains moites à cause de la honte et du fait que j’étais un rien intimider. Pourtant, elle n’était pas plus imposante que moi.

Mais quand le calme semblait revenir, et qu’elle fit la remarque sur mon appareil photo, aussitôt je retrouvais de mon aplomb. Une belle porte de secours que j’apercevais à présent, me faisant oublier comme bien souvent, toute procédure utile, comme la prudence par exemple. Me jetant donc tête baissée, c’était avec entrain que j’exposais sans retenu mes projets. Me prenant presque comme un marchand qu’on croisait dans une allée commerciale ou faisant du porte à porte, je soulevais mon appareil, l’exposant ainsi à toute l’assemblée, c’était à dire, à Kimisore seulement.

"Je n’eus même pas le temps de prendre le moindre petit cliché ! En réalité, je cherchais à faire des photos cryptozoologistes. Voyant les buissons s’agitaient, je croyais y découvrir un spécimen intéressant, mais j’étais tombé sur ce gros cochon."

Je savais que toute personne se revendiquant de cette « science », étaient vue comme des gens bizarres. Faut dire, il y a peu, je ne m’y intéressais pas plus, restant concentré sur mon seul et unique centre d’intérêt, la fête avec des filles. Mais depuis la disparition de ma sœur, mon intérêt pour cette étude s’en est allé croissant, et depuis, je traquais dans les coins reculés chaque indice pouvant me guider vers une de ces créatures, et ainsi retrouver Abhaya. Était-elle encore en vie au moins ? Blessée ? Perdue ? Se cachant ? J’eus beau interroger et chercher, jusque-là, je n’eus aucun indice. À croire que toute l’île s’était levée pour la faire disparaître. Je tâchais de garder tout de même un état d’esprit positif, mais chaque jour qui s’écoulait sans nouvelles, m’angoissait de plus en plus.

Ma réflexion quelque peu sombre, fut à nouveau interrompue par une autre question de la belle Kimisore. Nous ramenant au moment présent avec du concret, je retrouvais d’un coup tout mon sérieux. C’était à dire, pas du tout.

"Ah oui la sortie !" Tournant plusieurs fois sur moi-même, mon doigt indiquait plusieurs endroit à la fois. "C’est par ici ! Euh non plutôt par-là ! Nous sommes venus de là-bas je crois donc normalement… C’est par ici ! Non là !"

Bien jouer mon pauvre idiot d’Arjun ! Comment faire pour paraître encore plus stupide ! J’avais des talents incroyables. Ok ! Je ne savais donc pas trop comment retrouver mon chemin. Avant oui, je me retrouvais grâce à des signes, mais à cause du phacochère, nous voilà perdu au beau milieu de ce désert de verdure. Une jungle étouffante avec sans le moindre doute, des araignées aussi grosses que des chevaux cachés dans le coin. Bien jouer mon vieux ! D’un coup, la forêt tropicale me paraissait beaucoup moins belle. Moins accueillante, j’arrivais à entendre ou imaginer le hurlement de prédateurs tout autour de nous et sentir la luminosité baissé d’un coup. Me retournant vers Kimisore, je tentais de garder le sourire.

"Bon Kimi ! Je peux t’appeler Kimi ? Très bien, je ne suis pas sûr du chemin. Mais on ne doit pas être loin de la route haha ! Ou bien sur les côtes ce qui serait pas mal quoi…"

Courrez bande de fou !

Les arbres tout autour de nous, finirent par tous se ressembler. De longues colonnes irrégulières, copiant une mode locale et rassembler pour former une barrière naturelle. Impossible sur le moment de reconnaitre le chemin, ni d’où venait le monstre et où il était parti. Bravo mon vieux ! Nous étions bien paumés dans cette jungle. Aucun chemin de terre, ni aucun panneau pour nous aider. Vraiment, ce fut une solitude pesante qui tombait sur les épaules, un début d’angoisse à l’idée que plus jamais la civilisation ne sera retrouvée. Pourtant, j’avais bien pensé à me faire des repères afin de retrouver le chemin du retour. Hélas cette folle course nous fit nous égarer dans un labyrinthe de verdure où le moindre son devenait suspect.

Parlant de bruit suspect, Kimisore m’interrogea sur la cryptologie. Ceci eut tôt fait de faire oublier un moment la peur d’être le prochain repas d’un puma sournois. Le sujet me plaisait aussi bien qu’il me dérangeait, car là c’était comme parler de croyance et c’était un peu sensible. Car les adeptes de cette pratique furent souvent moqués par autrui sans réelle raison. Encore il y a peu, je faisais parties des persécuteurs, mais aujourd’hui, la roue avait tournée. Me voici dans l’autre camp, prêt à croire n’importe quoi pour retrouver sa sœur. Et donc, fraichement disciple, je répondais dans l’idée de défendre cette science encore nouvelle.

"La cryptozoologie Ha ! C’est l’étude, la recherche d’espèces dont l’existence n’est pas encore prouvée. Certains de parleront de Bigfoot, du Dahu ou su monstre du Loch Ness. Mais pourtant, rien ne prouve non plus le contraire. "

Présentation courte, simple, sans doute un minimum efficace. Pourtant j’eus la curieuse sensation que Kimi ne m’écoutait pas vraiment, car elle suivit par une demande de matériel pour nos survies. Là, pris au dépourvue, changeant radicalement de comportement, je me sentais quelque peu perdu sur le coup. Mon cerveau prenant le temps qu’il lui fallait pour s’adapter au nouveau sujet, je venais à réfléchir à ce que je portais sur le dos. Pour m’en rappelais, je laissais tomber au sol mon sac d’où je l’éventrais en ouvrant bien grand chaque fermeture.

Mais doigts plongés dans ses tripes, je fouillais dans tous ce qu’il avait dans l’estomac. N’ayant pas prévu de faire du camping ou de l’escalade, ma besace ne contenait pas grand-chose.

"Déjà ma bouteille d’eau et… Des barres chocos super ! Des cartes mémoires pour mon appareil, un étui... "

Vraiment, juste de quoi tenir une petite journée, mais rien de plus. Qu’avais-je vraiment dans la tête ? L’idée de prendre en photo un pégase sauvage dans la journée et rentrer point barre. Mais jamais je n’aurais soupçonné l’existence de sanglier dans cette jungle. Franchement, cette île était bizarrement fichue. A croire qu’on y retrouvait tous les climats du monde sur un seul bout de terre. Quand on en parle, les gens trouvaient cela normal et curieusement, je voulais me ranger à leur avis, sans plus me poser de question.

Pendant ma fouille, Kimi nous mit en alerte, signalant la présence d’un bruit étrange. N’ayant pas fais attention, je levais ma tête vers elle, comme si tout allait s’éclaircir en la contemplant. Essayant tout de même de tendre l’oreille, rien de suspect ne raisonna jusqu’à moi.

"Nous sommes au milieu d’une jungle. Il y a du bruit partout. "

Quand ce n’était pas les oiseaux qui nous narguaient du ciel, des raclements de gorge ou des sifflements chantaient tout autour. La jungle de Caelesti semblait plus vivante que sa forêt au nord. Et effectivement, plus menaçante. Quelle bête tapit dans les fougères, nous épiait tout en rêvant de nous dévorer avec de la sauce ? Après l’épisode du sanglier, je ne voulais trop savoir. Fermant donc mon bagage, je l’enfilais d’une main sur le dos.

"Ok on y va. J’ai mon téléphone, mais je capte aucun réseau. Si toi non plus, on va bouger un peu jusqu’à pouvoir appeler ou se localiser d’acc ? "

La jeune et belle asiatique, me contamina avec sa crainte. Bien que je gardasse un large sourire, me montrant toujours aussi confiant et « amusant », je commençais à ressentir de plus en plus la peur, imaginant les pires scénarios possibles. Ma sœur avait disparue un peu de la même manière. Pour son « Job », elle était partie prendre des photos avant de disparaitre. Allais-je connaitre le même sort qu’elle telle une malédiction ? Allions faire le remake du film The Forest où je serais Natalie Dormer et où ma forêt d’Aokigahara serait cette jungle étouffante ? Si oui, je connaissais déjà la règle de base pour survivre, ne pas suivre les fantômes.

Courrez bande de fou !

Au fur et à mesure que nous avancions, la jungle paraissait de plus en plus banale. Les arbres tentaient de se montrées original en adoptant des postures étranges, mais à la longue, on ne prêtait plus trop attention à quoi que ce soit. Surtout quand la fatigue vous prenait peu à peu, et qu’on avait plus qu’à penser à notre lit, un bon repas, la télé et Monster Hunter, la beauté de la nature vous indifférait. Bien que je gardasse néanmoins mon clame et mon sérieux (un exploit), intérieurement je m’insultais de presque tous les noms. « Quel idiot mais quel idiot ! »

Mon expédition avait pris des tournures inattendues, et tout se passait donc comme je ne l’avais pas du tout prévu. Encore, s’il n’eut que l’incident du sanglier, je pense que j’aurais su m’en remettre. Mais voilà que je me retrouvais aussi responsable de la vie de quelqu’un. Et ça, c’était une situation assez stressante car jamais de ma vie, je fus responsable de qui que ce soit. Je ne l’étais jamais de moi, alors de quelqu’un d’autre… Mais il valait mieux sans doute éviter de mentionner ce détail. Toutefois, j’ouvris de grands yeux quand elle me parla de pierre tombale. N’ayant compris la blague sur le coup, je pensais qu’elle était sérieuse, et que oui, j’apportais bien le désespoir et les problèmes, n’ayant pas réussis à sauver quelqu’un. Mais malgré le fait qu’elle disait plaisantée, on lisait bien sur le visage de Kimisore la fatigue et le doute.

"Oui… Pas mal du tout. Tiens, j’ai un peu d’eau sur moi. Pas grand-chose mais vas-y tu en as besoin. "

Attrapant la toute petite bouteille d’eau coincé au fond de mon sac, je la passais à ma compagne d’infortune. Le contenant en plastique à moitié écrasé, possédait encore un peu d’eau, au moins un quart de la bouteille. Pas grand-chose en effet, mais déjà cela. Me souvenais plus si j’avais mentionné ce vivre, mais comme ce n’était pas grand-chose, cela ne nous aiderait pas à tenir bien longtemps, si on devait se retrouver perdu ici à jamais.

Lorsque tout à coup, une nuée de papillon virevolta tout autour de nous pour partir vers les cieux orangés du soir. On se serait cru dans une scène de Disney, où une chanson sur la nature allait être prononcer, devant servir avant tout de base pour une histoire romantique. BEURK ! En tout cas il fallait avouer que c’était plutôt beau à voir. Les paillons d’ici semblaient bien plus grand et coloré que ceux du nord de l’île. A croire qu’on avait franchit la frontière entre deux continents. En tout cas le paysage était merveilleux et nous fit oublier un moment la situation calamiteuse dans laquelle nous nous étions retrouvés.

Mais… Autre chose semblait apporter de l’espoir également. A travers la nuée de lépidoptère (avouez que cela vous choque que je connaisse ce mot), quelque chose apparut entre les épais buissons et arbres plus loin. On aurait dit un tour de magie où quand le magicien, levant son voile, fit apparaitre quelque chose derrière. Au début ce fut à peine perceptible, mais avec un minimum de concentration, on finissait par deviner de quoi il s’agissait et comme dit, l’espoir renaissait. J’en fus si heureux que ma voix raisonna sans doute dans toute la jungle.

"Kimi ! Une cabane au milieu de la jungle ! On est sauvés ! "

Dégringolant de la petite butte de terre sur le quel nous étions, j’accourais vers la bâtisse faite en bois. On ne voyait que la façade. Le toit fut écrasé par de nombreuses branches et feuilles faisant la taille d’un homme. Le bois était soit pourri ou noircit. Les vitres bien entendu, fissuré ou brisé. Et la porte décorée par de longs traits ressemblant à des griffures bien profondes. Bref, j’étais content de trouver ce salut et cherchais un moyen d’y entrer.

Essayant de regarder par une des fenêtres, tout semblait si sombre. On distinguait quelques objets, peut-être des boites et des meubles, mais rien. A croire que l’endroit fut abandonné depuis quelques temps, il pourrait servir sans doute de lieu sûr où se reposer et avec un peu de chance, trouvé de quoi manger et boire et surtout !  Des toilettes fonctionnelles.

Courrez bande de fou !

Par chance la porte n’était pas fermée. Kimisore arriva à l’ouvrir et nous prûmes ainsi entrée sans mal. Depuis combien de temps la bâtisse ne fut pas occupée ? Je me retrouvais rapidement agressé par la poussière et l’odeur nauséabonde de la pourriture comme comité d’accueil. La gorge qui grattait, les yeux qui brûlaient, de même que ma compagne d’infortune, ma main vint protéger mes orifices, oui j’ai bien utilisé un mot hyper évoluer, le temps que cela se calme. L’intérieur ressemblait à celle d’une petite maison. Mais qui viendrait donc vivre dans un trou aussi paumé ? On y retrouvait bien cuisine, salon, salle à manger et… Toilette ! Remerciant la chance, je me faufilais dans l’étroite pièce ou la cuvette quelque peu usée, m’attendait. M’y enfermant je vérifiais l’évacuation d’eau qui par miracle, fonctionnait parfaitement. Après avoir accomplie tous mes devoirs, j’entendis crier dans le salon. Me précipitant, la belle demoiselle hurlait en courant dans tous les sens qu’une araignée agressait sa tête.

"Ok calmez-vous, laissez-moi faire. "

J’aimais caresser les cheveux des femmes, comme la fourrure d’un félin qui pouvait être aussi bien docile que sauvage. Sauf que là, au lieu de jouer le gros dragueur, je secouais comme un vieux chiffon la crinière de la jeune femme pour faire tomber la bestiole qui se sauva rapidement. Enfin, mieux valait que ce soit ça, qu’un sanglier après tout non ? Petit sourire rassurant à son attention je lui demandais si tout allait bien, avant de reprendre l’exploration de cette cabane abandonnée.
La cuisine possédait tout l’équipement de base. La gazinière par contre, ne fonctionnait pas. Le frigo lui, était du même genre que ceux des appartements, les tout petit avec pas plus de cinq compartiments mais ne pouvant porter grand-chose. Un évier qui n’avait pas beaucoup de pression comme celui dans les toilettes. Les placards quant à eux, contenaient de la vaisselle, mais pas grand-chose. Quartes assiettes avec des verres et des ustensiles recouverts de poussières. Mais la chance nous sourit de nouveau.

"Regardes ! On a de quoi manger finalement. "

En effet, on y retrouver des boites de conserves. Haricots, morceaux de fruits, petits pois, viandes mêmes ! Avec quelques bouteilles d’eau encore fermer. J’ignorais qui pouvait vivre ici, mais on aurait cru qu’avant de disparaitre, le ou la propriétaire s’était préparer quelques vivres comme s’il ou elle devait rester coincé ici pour un moment. Je voulais dire, le frigo était vide tout comme les autres placards. Pas de nourritures gâtées, ni d’effets personnels en vue. On dirait que la maison servait avant tout de refuge comme ces postes pour gardes forestiers.
Enfin, je me faisais sans doute des films. Le plus important néanmoins restait qu’on avait trouver un coin où nous reposer et de quoi manger. Comme quoi, Ganesh veillait sur moi. Pour sortir de cette forêt, la cabane pourrait peut-être posséder une carte quelque part. On devrait fouiller après manger. Laissant Kimisore choisir, j’attrapais dans les ustenciles un ouvre boîte et une fourchette pour que nous puissions nous sustenter.

"On a un sacré bol. J’imagines que tu n’as pas prévu de vous perdre en pleine jungle et finir dans une cabane au beau milieu de tout ça. " Il fallait l’avouer, je me sentais au combien responsable de ce drame. J’étais juste venu ici prendre une photo d’un centaure ou d’une licorne, voilà que j’avais entrainé à ma suite une pauvre jeune femme qui avait toutes les raisons du monde de vouloir m’arracher les yeux. J’aimerais me faire pardonner et le seul moyen qui me venait à l’esprit était de m’assurer de la sécurité de la jeune Kimisore. Pour faire fondre la glace, je cherchais à sympathiser.

"Sinon, parles moi de toi. T’es originaire de Caelesti ? Tu fais quoi exactement dans la vie ? Un petit copain t’attend… ? " Ben quoi ? Je pouvais tenter non !