Je restais un moment à voir comment aménager mon lieu de travail et mon logement. Puis je me dis qu’il serait temps de penser à me restaurer. J’allais faire quelques achats dans une boutique non loin où je m’étais fournie depuis trois jours. Je me rendais au bateau et cuisinais mon repas du soir. Mais il était à peine vingt heures et je me dis que je ne pouvais rester seule alors que je venais juste de trouver du travail et un logement sur cette île qui manifestement me crier de rester.

Je décidais donc de sortir et voir les gens de ce quartier qui allait devenir le mien. On ne peut pas dire qu’il y avait grand monde dans les rues. C’est alors que je vis une enseigne :
Le "Dedalus bar". Ben ma foi, pourquoi ne pas tenter de me faire quelques connaissances et danser. J’entrais donc dans les lieux. La décoration quelque peu sombre faisait penser à un donjon, me voilà devenue une princesse à libérer, non je plaisantais dans ma tête. Je regardais la piste de danse et machinalement je regardais les danseurs car certains étaient plutôt doués. Je m’installais au bar sur un des tabourets assez design par rapport au contexte des lieux et je commandais un cherry. La lumière des néons rendait les clients éblouissants et je regardais ailleurs quand le barman me servit mon verre que je commençais maladroitement par renverser, moitié sur le bar, moitié sur ma robe.

- oh non, je commence bien ma soirée, je suis navrée…..quelle tête en l’air !

"Est-ce que ça va ?"

Non mais quelle question ? Bien sûr j’allais sauter de joie, il avait pas vu ça le monsieur ? J’adorais me baigner dans le cherry ? Oh mais ma petite Sam, tu es énervée et il ne fait que poser une question, sois sympa. Mais c’était le genre de question stupide qu’on ne posait pas dans ces circonstances ! Alors que j’essuyais le liquide rouge sur ma robe blanche avec mon mouchoir je lui répondis vaguement :

- Oui disons que ça ira.

Mais lorsqu’il se retourna vers le barman qui visiblement était confus de ma bourde en disant : "Donnes lui un autre verre veux-tu."

Puis se retournant vers moi, toujours le regard neutre et le visage de marbre :"Ne vous en faites, pas, celui-ci c’est cadeau de la maison."

Là ce fut trop, je pensais qu'il croyait que j'avais trop bu et n'étais pas apte à assumer les conséquences de ma maladresse et du coup ma colère sortit sans que je m’en rende compte, oh je ne criais pas mais disons que je marmonnais méchamment. Je commençais déjà par prendre le chiffon humide des mains du barman en lui lançant un regard évocateur qui voulait dire "surtout tais-toi".

- Non ! Ce n’est pas à vous de nettoyer les bêtises que je fais

Et je me mis à essuyer correctement le comptoir allant jusqu’à faire le devant où le précieux liquide avait dégouliné puis essuyé les deux gouttes qui trainaient au sol. Je me relevais, rendis le chiffon au barman qui était encore plus confus face à ma réaction et je me retournais vers la statue de marbre qui m’avait adressé la parole.

- Et Non ! Je n’accepterais pas votre verre ! Je suis assez grande pour assumer mes bêtises ! Quand à votre liquide précieux, voyez je bois volontiers mon deuxième verre !

J’avalais mon verre cul sec, posais des drekels sur le comptoir sans demander combien cela faisait car je pensais que j'avais largement donné assez, vu que c'était le prix que j'avais payé pour une table et une chaise au magasin cet après-midi même. Je sortis du bar sans dire un mot de plus. J’étais tellement en furie contre moi-même que je ne pouvais décemment rester et fêter mon arrivée dans de telles conditions. Sur le trajet jusqu’au yacht, je pleurais de colère.

Le lendemain, je retournais au Dedalus à l’ouverture. M’avançant vers le bar je reconnus le barman et ne voyant pas la statue de marbre près de lui, je commandais un autre cherry en m’excusant de mon comportement de la veille. Cette fois je fis bien attention de ne pas le renverser. Je le sirotais tranquillement la tête ailleurs lorsque les premiers clients arrivèrent. Visiblement des habitués des lieux. Je regardais le barman et lui dis :

- Alors votre cerbère d’hier soir n’est pas là aujourd’hui ?

Je vis le barman devenir blême, pourtant ce n’était pas une question si terrible, je ne pouvais pas faire peur à ce point. Tout de même, j’étais plutôt sympa aujourd’hui vêtue d’un simple jean et d’un corsage blousant. En plus je n’avais pas renversé mon verre.  Soudain j’entendis un raclement de gorge derrière moi puis :

"Vous me cherchiez ?"

Oh non ! Ma petite Samantha tu venais de faire une sacrée bourde une fois de plus. Je me retournais sourire aux lèvres, bien décidée à me rattraper.

Quelle tronche franchement ! Il ressemblait plus à une statue qui garde les yeux pour bouger et épier la moindre de mes réactions. Je le regardais donc de même, le jugeant. Plutôt l’air grincheux, un visage figé sans aucune expression, une belle carrure, il aurait pu faire du catch dans mon pays. Mais malgré ses traits un peu tendus, je ne pouvais pas dire qu’il était laid bien au contraire. Mais malgré moi j’avais envie de le provoquer, ne me demandez pas pourquoi, il avait ce que j’appelais un air provocateur, autoritaire et du style « monsieur je m’impose » et puis d’abord qui était-il ? Bon il ne fallait peut-être pas se montrer trop directe ce qui allait être très dur pour moi car je ne savais pas tenir ma langue.

"Vous allez mieux ? J’espère que vous n’allez pas nous refaire une scène comme hier."

- Je suis venue m’excuser pour mon comportement. Je suis Samantha Dawnford et je vais m’installer comme médecin non loin de votre bar. Mais n’allez pas penser que je suis un monstre ou je ne sais quoi. Je suis un peu paniquée.

Voyant que j’avais attiré son attention, je me permis de continuer.

- J’avoue que j’ai pas mal de travail qui m’attend et je ne sais pas où donner de la tête mais ce n’est pas mon installation qui me fait le plus peur, c’est surtout comment avoir de la clientèle vu que le maire m’a fait comprendre que vous ne manquiez pas de médecins dans cette ville. Même si nous sommes partis d’un mauvais pas, je tiens vraiment à m’excuser. Je voulais m’offrir un verre pour fêter mon arrivée, oui toute seule, je sais ça paraît bizarre, mais je ne connais encore personne en dehors des gens de la mairie. Bref pour en revenir à hier soir, j’ai été impressionnée par votre bar, je regardais la décoration peu courante  et j’avoue ne pas avoir fait attention quand votre barman a posé mon verre.

Bon voilà, j’avais présenté mes excuses et donné l’explication de ma maladresse, j’espérais que monsieur « statue de marbre » allait être un peu compréhensif. Je n’avais rien fait de mal même si je m’étais un peu emportée. Mais bon je ne me suis jamais laissée dirigée ni même imposée quoi que ce soit, et je ne pouvais pas commencé simplement parce que « Monsieur » le désirait. Je ne lui tournais cependant pas le dos attendant sa réponse. Pendant ce temps là le bar se remplissait et je me disais en moi-même que ce serait génial si j’arrivais à me faire une aussi belle clientèle.

"Ce n’est rien. Bienvenu à Caelesti Island et Caelesti City. J’espère que vous trouverez votre clientèle."

Hein ? Il devenait moins radical ? Je le regardais ne sachant que dire soudain.

"Hector Kostas. Gérant du Daedalus Bar."

Oh non ! Il fallait que ce soit le patron, mais bon sang que je n’étais pas perspicace, j’aurai pu le deviner, un simple client ne pouvait décider de m’offrir un verre. J’étais vraiment embarrassée lorsqu’il reprit.

"Le verre d’hier aurait pu être un cadeau pour l’occasion. Vous voulez rattrapez le coup ?"

- Volontiers.

Que dire d’autre, si j’avais trouvé un trou de souris, je serais entrée dedans pour cacher la honte que je ressentais en cet instant. Je commençais très mal mon abord avec les gens du quartier et surtout avec un commerçant. Je devais être rouge comme une pivoine tellement je ne savais plus que dire. Je devais absolument me reprendre.

"Ne vous en faites pas pour votre affaire. Ardreven est un coin plutôt sympa. Et un doc est toujours apprécié. Vous vous en sortirez."

- Je vais reprendre un cherry en faisant attention cette fois, je vous le promets.

Quelle bécasse ! Mais bon sang, j’aurai pu éviter de faire allusion à ma maladresse de la veille. Il fallait absolument que je me rattrape si je ne voulais pas buter le maître des lieux. Cependant dès lors que je le regardais il me faisait toujours penser à une statue car ses traits ne se déridaient pas. Cependant je devais rester réaliste, j’avais besoin de conseils et il pouvait m’aider.

- Votre bar est très attrayant et je comprends que beaucoup de jeunes viennent ici et des un peu moins jeunes d’ailleurs. Mais je vous dirais que je viens plus pour l’ambiance. Cet endroit à un je ne sais quoi de magique, cette île aussi d’ailleurs et en trois jours je me sens chez moi. Mais j’aimerais en savoir plus et au vu des fissures qui apparaissent toujours dans vos murs, j’en conclu que vous avait subi ce fameux tremblement de terre. Il y a aussi des traces dans le logement et le cabinet que je loue. Que s’est-il passé ici ? J’ai l’impression que malgré les apparences, je suis face à un monde qui se reconstruit.

Je le regardais toujours avec son air sérieux mais quoi de plus normal que je m’intéresse à mes futurs clients ou aux citoyens de Caelesti et même au delà. Je ne voulais pas paraître curieuse mais les gens que j’avais côtoyés au dehors semblaient soucieux et sans ressources énormes sauf dans un ou deux beaux quartiers. Qu’avait cette ville ? Ce maire qui ne causait qu’à demi-mot même s’il était très professionnel, ce patron de bar ou même l’ébéniste où j’avais commandé mon bureau et un peu de mobilier. Devais-je observer plus et poser des questions ensuite, devais-je respecter leur silence et rester comme une cruche qui soigne des malades sans savoir leur passé. Non ce n’était pas moi, je m’intéressais aux gens et pas seulement à leurs bobos ou leur maladie.

- Si je vous ennuie ou que vous trouvez mes questions déplacées, je n’insisterais pas….trop. Mais je viens d’un pays où la violence règne, où vous devez rester sans cesse sur vos gardes, où faire son métier devient parfois terrifiant alors je ne veux pas revivre dans la peur mais construire une vie autrement, plus proche de mes patients.

Le patron du bar ne s’étendit pas sur le tremblement de terre et pourtant tout un chacun semblait perturbé par ce qui s’était passé ensuite. Je finirais bien par avoir les vraies explications des suites de ce séisme. Je n’insistais pas pour autant. Accoudé sur le bar, il entreprit une conversation avec moi. Pourtant nous avions mal commencer et le barman semblait surprit. Mais j’étais surprise qu’il accepte de me parler vu ma froideur de la veille.

"Ah ! Chaque endroit à ses dangers. Le coin parfait loin de la violence n’existe pas."

"Mais ne vous en faites pas. Les gens ont un minimum de retenue et vous pourrez bosser peinarde. Et d’où est-ce que vous venez en fait ?"

Les dangers ! Oh oui je les connaissais, ils avaient été mon gagne-pain et je me devais de le reconnaître. Mais comment expliquer les beautés d’une ville qui est la plus dangereuse des États-Unis ? La capitale avait ses beautés, sa violence et ses richesses. Pas facile d’expliquer que je n’avais encore pas vu ici la violence qui régnait là-bas.

- Washington D.C, capitale fédérale de la Belle Amérique. La violence je connais. Quand un gamin arrive blessé par balle, que vous faites tout pour le sauver et qu’il vous claque dans les bras, vous avez intérêt à avoir le cœur bien accroché. Mais j’ai vu tellement de violence et de douleurs dans ma ville que je ne veux pas revivre tout cela. Ne me dites pas que vous n’en avez jamais entendu parler ?

Non ce n’était pas possible, Washington D.C faisait la une au moins une fois par semaine quand ce n’était pas plus. Et comme beaucoup de jeunes médecins, j’avais fait mes armes là-bas comme on dit. Au début je pleurais souvent face au décès d’un adolescent ou d’une mère de famille tuée par hasard. Dégâts collatéraux qu’ils disaient. Mais je ne sais pas si j’arriverais un jour à parler de tout cela avec quelqu’un. Reprends toi Samantha, tu ne vas pas le buter alors qu'il devient plus sociable avec toi. Je ravalais donc ma salive et repris :

- Cependant de nombreuses institutions telles que la Maison-Blanche, le Capitole qui est le siège du Congrès, le siège de la Banque mondiale, la Cour suprême et d'autres organismes fédéraux, comme la Réserve fédérale des États-Unis sont installées à Washington. Elle accueille aussi ambassades et représentations diplomatiques. Elle se situe sur les rives du fleuve Potomac, à proximité des villes de Georgetown et d'Alexandria. Par contre ce que j’aime là-bas c’est que contrairement aux autres villes américaines, la construction de gratte-ciel y est interdite : l'architecture de Washington est marquée par une faible hauteur et un héritage de l'architecture coloniale.

Il écoutait et je me demandais sincèrement s’il se foutait de moi ou pas. Impossible de ne pas avoir entendu parler de Washington, je ne savais que dire, j’avais l’impression d’être un guide pour touristes. Je n’allais pas lui apprendre que suite à la guerre de sécession, les blancs avaient cédé la place aux noirs, que des clans s’étaient créés, que des bandes organisées trafiquaient toutes sortes de marchandises dont les armes et la drogue. Que des enfants, mouraient, que la terreur régnait. Non je préférais garder tout cela pour moi, ne plus en reparler, essayer d’oublier mes années aux urgences et essayer de ne me rappeler que mon installation dans un quartier rupin où j’avais pu faire fortune sans pour autant délaisser mes patients et intervenir si on me le demandait pour sauver un blessé par balle.

Je sirotais mon cherry puis je le regardais en face :

- C’est un test pour voir si je connais autre chose que le bout de mon nez ? Ne me dites pas que vous ne connaissez que Caelesti ? Et que sous entendez-vous par “Chaque endroit à ses dangers”, vous cherchez à m’intimider ? Ne suis-je pas en sécurité ici ?

Je regardais cet homme en face de moi, il était plutôt baraqué et je me demandais pourquoi il avait besoin d’un videur. Son établissement avait l’air plutôt calme et l’ambiance était plutôt chaleureuse. Cependant il fallait reconnaître que c’était assez sombre et en dehors de la partie  bar, on ne distinguait les visages que sous les lumières des spots, stroboscopes et autres lumières tamisées.

"Ais-je dis que je ne connaissais pas Washington ? Je demandais juste de quel patelin vous veniez."

"Vous avez un réel talent pour exaspérer les autres. J’espère que vous serrez mieux vous tenir face à vos futurs clients doc."

Son regard se fit plus dur, son front affichait une réelle contrariété et je ne comprenais pas ce que je lui avais fait vraiment. D'accord je ne m'étais pas contentée de dire "Washington DC" tout simplement mais je pensais qu'il avait toujours vécu ici, j'expliquais simplement d'où je venais. Quel mufle ! Que croyait-il connaître de cette ville maudite que j'avais quittée, comme s'il savait ce que vivre à Washington voulait dire ? J'avais passé plus de 20 ans là-bas, vivre dans la peur constante de me faire attaquer encore et encore. J'avais déjà de vilaines cicatrices sur le corps, dues à des coups de couteaux ou autre objets tranchants. Et en ce moment si j'avais un couteau je pense que je lui planterais dans le coeur ! Et encore s'il avait un coeur.

Je finis mon verre cul sec et posais 5 drekels à côté. Je me retournais vers ce mufle lui lançant sur un ton de défi :

- Vous n'êtes qu'un mufle, oui c'est tout à fait ça....un mufle, vous essayez d'être courtois mais vous en êtes incapable car vous n'avez pas de coeur. Je pense que ça suffira pour régler mon verre. Et attention vos narines gonflent de colère. Bonsoir !

Je descendis de mon tabouret et me frayais un chemin à travers la foule qui entrait, me glissant facilement au milieu sans vraiment les calculer, tant ma colère était au summum. Arrivée près de la sortie, je jouais un peu plus des coudes bousculant involontairement un homme d'une trentaine d'années. Malgré mes excuses il se retourna et je sentis un violent coup dans le bas du dos. Je m'arrêtais un instant la respiration coupée, mais je ne voulais pas montrer de faiblesse et je poursuivis mon chemin alors que l'homme lui partait en courant.

Une fois dehors, je passais ma main et je me retrouvais couverte de sang. Non ! Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas recommencer ? Cette ville semblait si belle, cet endroit si gai. Je me revoyais cet après midi, écoutant le chant des oiseaux en regardant voler les papillons. Ce n'était pas pour moi, il ne pouvait s'être mis en colère parce que je l'avais à peine bousculé ? Je devais rejoindre mon bateau et essayais de me soigner. Un jeune homme me croisa et demanda si j'avais besoin d'aide. Je lui fis un sourire et continuais mon chemin. Bientôt à la marina, courage Sam !

Le jeune homme pendant ce temps entrait au daedalus bar et s'adressait au barman :

- Ben dis donc, je viens de voir une femme qui allait vers la marina, et crois moi elle a du courage, son corsage était couvert de sang. J'ai proposé de l'aider mais elle a sourit et fait un signe de main en refusant.  Bref..... comment vas-tu ? Que me sers tu ce soir ?

Enfin le bateau, je réussis à monter, entrer dans la cabine. Je sortis péniblement ma trousse et j'étais décidée à me recoudre. Je posais mon corsage et essayais de voir ma plaie, je nettoyais tant bien que mal, j'étais trop limite pour le faire bien. Je devais stopper le sang mais .... Oh bon sang si j'avais les bras plus longs ! Je décidais de ruser afin de stopper au moins cette hémorragie. Je posais des linges propres au sol, plusieurs couches de gaze et je m'allongeais dessus, laissant aller tout le poids de mon corps.

J'avais bien mon téléphone mais le 911 ne fonctionnait pas. Qui appeler ? Le maire strict et casanier ? La brute de daedalus ? Je n'avais même pas leur numéro. Mes parents ? Mais que pourraient-ils faire de l'autre bout du monde ? Je ne pouvais pas rester comme ça non plus ? Déjà commencer par me calmer, ainsi mon coeur battrait moins vite et mon sang affluera moins vite vers ma plaie. J'arriverais peut-être à stopper l'hémorragie et appeler du secours ? Je me mis à pleurer doucement voyant ma chemise baignée de sang posée sur la chaise, me retrouvant tellement seule, sans aide, allongée bêtement sur des serviettes. J'essayais de respirer régulièrement et retrouver ma confiance.

J'essayais de me calmer tant bien que mal mais je ne cessais de pleurer me disant que j'allais mourir comme ça bêtement. Je respirais beaucoup mieux mais je savais que si je venais à me relever la plaie allait de nouveau couler. Je devais pourtant trouver ma trousse et essayer de voir comment me recoudre mais je manquais de force. Je n'arrivais même plus à me redresser.

"Vous m’en aurez fait voir en deux jours vous."

Mon dieu ! Même s'il était un mufle, je me disais en mon for intérieur que je bénissais sa venue. Il s'approcha de moi, il regarda ma plaie et appela quelqu'un au bar afin de lui apporter de l'alcool. Mais j'avais tout, il fallait juste que je le lui dise.

"Vous me ferrez tous vos reproches après. En attendant vous n’y arriverez pas seule, alors laissez-moi faire."

Malgré ma faiblesse, je lui murmurais :

- Ma trousse est dans la chambre.....Dans le placard....

Il s'y rendit et trouva tout mon nécessaire, lorsque je le vis revenir je souris mais il allait devoir me recoudre et je pensais qu'il pouvait le faire. Je lui expliquais difficilement, la douleur était trop forte et j'étais trop faible :

- Vous avez des gants..... dans la poche et..... les fils.... dans la partie glissière....... Il ne vous faut .....qu'un paquet.......Piquez..... à cinq..... millimètres..... du bord extérieur..... de la plaie et ......coupez votre fil..... à chaque fois...... les ciseaux...... sont..... dans la boîte en métal..... Faites un point..... tous les cinq millimètres..... trois ou quatre devraient suffirent...... Ensuite .....désinfectez..... avec l'alcool à 70°C .....à droite..... dans ma sacoche.... vers..... les compresses.

Ces explications avaient finies de m'épuiser et lorsqu'il commença de recoudre, je serrais des dents. Non pas que je n'avais pas pris l'habitude mais disons qu'elle était passée car mon travail était beaucoup plus calme ces derniers temps. Des larmes coulaient de mes yeux mais malgré tout, je ressentais un grand soulagement. Lorsqu'il vida l'alcool, la douleur fut trop violente et je m'évanouis.

J'avais l'impression qu'on me soutenait et que je m'envolais. Puis le vide total et enfin lorsque j'ouvris les yeux, le jour pointait le bout de son nez. Je me retournais et je le vis près de moi. Avait-il passé la nuit à me veiller ? Je me sentais coupable soudain. J'étais désolée pour ce que je lui avais encore dit même s'il était en partie fautif. Mais je lui souris :

- Merci, vraiment merci

Je ravalais ma salive alors que des larmes arrivaient au bord de mes yeux et je repris :

- Sans vous, je pense que je ne serais plus là. Cette satanée blessure n'était pas à portée de mes mains et .....Et j'ai cru que j'allais mourir.

Et c'était vrai, rien que le fait de repenser à la veille, me voyant incapable de me soigner, j'avais vu la mort en face. Pourtant j'avais décidé de résister.

- Je voudrais porter plainte. Je ne sais si cela servira à quelque chose mais.....Mais je ne veux pas que ça recommence. Je....Je voudrais avoir un nouveau départ sur de bonnes bases et je suis plutôt bien partie avec les commerçants locaux..... Je ne comprend pas..... Pourquoi moi ?


j'essayais de me mettre sur mes coudes mais la douleur me rappela soudain à l'ordre et je retombais sur mon oreiller, les larmes glissant sur mes joues.

"Patron ?! J'ai ce que vous avez demandé…"
"Merci Erik."
"Tout va bien boss ? Vous avez besoin d’autre chose ?"
"Non ça va. Tire-toi à présent. Ha si ! Rassembles les vidéos de surveillance de l’entrée de ce soir avant mon départ, j’en aurais besoin."

Des voix lointaines arrivèrent à mes oreilles, je ne savais où j'étais, une lueur blanche apparaissait devant moi et le trou noir.

"Ça va, c’est rien. Tenez, buvez cela, ça devrait vous remonter un peu."

Attrapant la bouteille de tequila, il me la lança près de moi afin que je prenne un peu de force. Je prie une gorgée telle une machine le ferait et je me mis à tousser, bon sang que c'était fort. Je retombais sur l'oreiller. Alors que je demandais à porter plainte, mon sauveur, toujours la mine renfrognée, me demanda :

"Vous savez qui vous a fait ça ? Vous avez vu son visage ou un truc particulier ?"

Non, bien évidemment, quelle question mais j'étais mal, la douleur m'empêchait de réfléchir. Malgré la brûlure procurée je repris de la téquila et secouais la tête, bon sang de bon sang c'était vraiment costaud. Je m'essuyais le bord des lèvres et je regardais Hector sans vraiment le voir, les yeux dans le vague. J'essayais de me rappeler. J'étais encore sous le choc mais je me rappelais notre nouvelle dispute, ma colère puis mon départ. Il y avait beaucoup de monde qui entrait, ça riait, chantait. Je bousculais des gens et cet homme.....Oui c'était un homme, brun, les yeux clairs.

Je....Je ne me rappelle plus très bien mais je dirais un homme, brun, les yeux clairs, plus grand que moi....Je ne comprend pas.

Je repris la bouteille de téquila, ma foi, si ça devait me rafraîchir la mémoire. J'en bus une bonne gorgée mais là je crus totalement m'époumoner, je ne me préoccupais même pas que je n'étais qu'en soutien gorge et je me relevais d'un bond sur le lit, assise à tousser tant et plus, faisant saigner de nouveau ma plaie, mais je ne pouvais contrôler cette toux et je repris de la téquila, ce qui ne fit qu'empirer les choses. J'avais tellement mal, que j'espérais noyer ma douleur dans cet alcool horriblement fort mais qui dissipait malgré tout la douleur de ma plaie.

Je gardais la bouteille entre mes jambes, remarquant que j'avais toujours mon jean. Je me mis à rire, sûrement les effets de l'alcool qui commençait d'apparaître. Mais je me rendis compte que mon sauveur faisait une drôle de tête.

Vous avez un problème, hic ! Je peux vous aider hic ! Laissez moi vous ausculter hic !

Mais je n'en eu pas la force et m'écroulais en riant sur le lit. Ma petite Samantha, cet alcool ne te convient pas. Mais je repris quand même la bouteille, prenant une nouvelle gorgée, je ne ressentais plus ma douleur mais je vis du sang apparaître sur mon flanc.

C'est quoi hic ! C'est tout rouge hic ! Oh la la, ça tourne.....

Je m'allongeais de nouveau à plat ventre car je ne tenais plus assise. Mais je tenais fermement ma bouteille.

"Vous avez besoin de quelque chose ?"

Hummmm, dormir !

Je pense qu'à peine prononcés ces mots, je tombais comme une souche. Le sommeil était réparateur et surtout je dessaoulerais. J'étais totalement épuisée mais je finis par m'endormir profondément. Puis mon sommeil fut agité et je me réveillais en sursaut. Je regardais autour de moi, j'étais seule, le gérant du Daedalus avait dû rentrer se reposer lui aussi. J'avais les idées embrouillées et je remarquais la bouteille de téquila près de moi. Les souvenirs revenaient doucement, ma blessure me le rappelait aussi. Malgré un mal de tête terrible, je décidais de me lever et d'aller faire un brin de toilette. J'étais vêtue comme la veille au soir.

16 heures, oh la la, une journée entière de perdue ! Il était temps de se remuer et aller à mon futur logement. Je devais être livrée le lendemain et rien n'était prêt. Allez Sam, prépares toi un bon café, un antalgique et tu seras debout. Je serrais les dents pour supporter ma douleur mais je réussis à me faire un brin de toilette au gant. J'enfilais rapidement un pantalon, un sweat et je me fis une queue de cheval. Je devais aller à l'agence demander quelqu'un pour le ménage, je savais que si je le faisais moi-même j'allais direct à l'hôpital.

Je me rendis donc dans le centre de Caelesti et trouvais l'agence de nettoyage. J'expliquais mon souci et on me dit que l'on m'enverrait quelqu'un dès 8 heures le lendemain matin. Ma foi, une partie du mobilier n'arrivait qu'en début d'après midi. Ce serait donc parfait. Nous convenions du tarif et je le trouvais raisonnable. Je passais devant un marchand de cycle et j'entrais naturellement. Je demandais pour un vélo électrique et je me l'offris. Et hop direct dessus une fois les réglages terminés. Je rentrais donc à Ardreven sans trop forcer. Du moins je ne sentais plus la douleur car assise, cela ne me tirait pas la peau.

Arrivée chez moi, je pris le temps de rentrer mon vélo dans le futur cabinet afin qu'il y reste la nuit sans souci. Je revisitais les lieux et ce double logement m'amusait. Je commencerais par en aménager un et l'autre je verrais pour mettre quelques bricoles si besoin. J'avais commandé un lit, de l'électroménager et divers meubles en local afin de faire profiter les commerçants de mon installation. Puis je me dis que je pourrais me rendre au Daedelus, il n'était pas très tard et il ne devait pas y avoir encore beaucoup de monde.

Mais je me trompais ! A peine arrivée, je passais la porte et il y avait déjà nombre de clients. Je demandais au barman si je pouvais monter voir le "patron" vu qu'il ne se trouvait pas en bas. Il m'indiqua comment monter et où se trouver son bureau. Je frappais et j'entrais. Il sembla surpris et j'avoue que face à lui, j'étais mal à l'aise. Mais je lui devais la vie. Les escaliers m'avaient tiraillée et  j'avais soudain très mal. Je ne le montrais surtout pas.

Bonsoir, j'espère que vous avez pu vous reposer ? Je venais vous remercier de m'avoir sauvée. Je pensais que vos auriez eu plus l'envie de me voir disparaître alors...

Je me tus deux secondes avant d'enchainer car je remarquais ses sourcils qui se fronçaient et j'aimais pas trop.

- Je me suis rappelée quelque chose à propos de mon agresseur si cela peut aider. Il avait un sorte de naevus sur la joue gauche et assez volumineux. L'homme devait faire dans les un mètre quatre vingt dix je dirais et surtout il était maigre. Je sais que vous avez dû commencer de visionner vos caméras mais vu qu'il baissait la tête, vous ne l'avez peut-être pas bien vu. Puis-je m'assoir ?

A peine dit je le fis sans attendre son autorisation, la tête me tournait et je n'allais pas bien. La douleur de ma plaie se faisait ressentir et je peinais à retenir mes larmes. J'ajoutais cependant dans un souffle :

- Je n'ai pas porté plainte, je vous laisse agir

Même si mon interlocuteur restait toujours impassible, il m'offrit un verre de jus de fruits et j'appréciais vraiment. Puis il nous passa les vidéos de l'heure de ma sortie. Mais l'homme sur lequel il fit une pause ne me disait rien. Cependant je lui demandais de revenir en arrière lorsque je m'apprêtais à sortir.

- Stop ! Celui-ci, je suis sûre que c'est lui, celui qui a un scorpion dans le cou. Je n'ai aucun doute car lorsqu'il est ressorti, j'ai nettement vu le tatouage avant qu'il mette sa capuche. Mais....

Je restais dubitative quelques secondes, fronçant les sourcils et réfléchissant. Je l'avais déjà vu mais où ....Soudain je me rappelais, c'était le jour de mon arrivée.

- Je le connais....Enfin....Je veux dire, je l'ai déjà vu. Lorsque je suis arrivée sur l'île, il y a une quinzaine de jours, il était là à mon arrivée et proposait des objets à vendre. Je lui ai refusé son offre, je venais à peine d'amarrer mon bateau.... Attendez...

J'essayais de me remémorer la scène. J'avais peiné à ramener le bateau et un homme m'avait guidé gentiment. Une fois le travail achevé, j'étais remontée deux minutes sur le bateau pour me changer de tenue avant de partir en visite et me trouver un endroit pour louer un moyen de locomotion. Lorsque j'eus posé le pied sur la terre ferme, il m'avait interpellée et j'avais de suite remarqué son naevus qui faisait pas loin d'un centimètre et demie et je m'étais dit qu'il aurait dû se faire enlever ça.

Puis il m'avait demandé si je désirais acheté ses objets souvenirs et je lui avais dit que j'arrivais et que je verrais cela à mon départ. Entre temps cette île m'a charmée et je suis restée. Le temps de faire les démarches et j'étais citoyenne de Caelesti depuis presque trois jours. Peut-être l'a t-il su et a profité de l'occasion pour me blesser ?

- Oui c'est bien ça, il vendait des objets souvenirs et j'ai refusé disant que j'arrivais mais cela fait 15 jours, il aurait la rancune tenace surtout pour si peu.

La douleur de ma plaie m'obligea à changer de position et je remarquais l'air soucieux de mon interlocuteur. Je me demandais si je n'étais pas une source de problèmes pour lui. Je commençais de le trouver sympathique, misère ! Il était tout l'opposé et la seule chose qui l'intéressait était son bar pas ma santé. Il veillait surtout à maintenir un endroit tranquille et ne pas entacher la réputation du Daedelus. Je me dis qu'il serait peut-être temps de rentrer avant de tomber dans les pommes. La tête me tournait, je posais mon verre et je m'excusais auprès d'Hector.

- Je vais rentrer, je ne me sens pas très bien. Je pense me reposer un peu plus. Si d'autres souvenirs apparaissent ou que de votre côté vous avez retrouvé cet homme....Enfin j'aimerais le rencontrer pour lui demander le pourquoi de cette violence.

Je fis une tentative pour me lever mais la tête ne suivait pas et je me sentais tanguer. Je me rassis brutalement.

- Je vais rester un petit moment si vous le permettez, je ne sais pas ce qui se passe mais ma vue se trouble. Je suis navrée, je n'aurais pas dû bouger et me tenir tranquille un ou deux jours. Dès que je me sens plus solide, je vous laisserais promis.

Mais là cela m'était impossible et j'avais l'impression que tout tournait autour de moi. Je me disais que je devais être blanche à faire peur. Ayant perdu autant de sang la veille j'aurai dû rester tranquille au moins 48 heures, le temps de refaire la quantité de sang nécessaire à mon organisme. Quelle idiote, pas la peine d'être médecin et conseiller les patients que je voyais régulièrement aux urgences. Je connaissais bien pourtant.

Hector éteignit ses écrans et je me disais qu'il allait me mettre dehors au vu de mon état. Mais non, il alla vers son canapé, enleva les coussins en faisant deux tas à chaque extrémité.

"Tenez, vous pouvez vous reposer là, et piquer un somme. Si vous voulez, je peux aller vous chercher une couverture."

Joignant l’acte à la parole, il sortit de dessous son bureau une couverture neuve, pliée et propre qu'il installa sur le lit improvisé.

"Je vais vous laisser tranquille ici un moment. Je dois passer un coup de fil, je reviens rapidement."

Je ne me fis pas prier deux fois et à peine eut-il franchi la porte que je m'installais confortablement. Je m'endormis assez vite et plongeant dans un profond sommeil, je ne sentais plus la douleur. Je ne bougeais que très peu et je me mis à rêver. J'avais mon cabinet et les clients ne manquaient pas, le soir je venais au Daedalus et je discutais avec nombres des clients qui étaient aussi les miens. Je souriais, mon bonheur était à son comble.

Puis ce fut un cauchemar, l'homme qui m'avait agressée entrait et alors que je ne lui prêtais pas immédiatement attention, il s'installait face à moi et disait "alors chérie, un autre petit trou te ferait plaisir" et là je me réveillais brusquement. Je ne comprenais pas vraiment où j'étais tout de suite, toujours en état de panique, puis je compris, m'asseyant sur le rebord du canapé, je me mis à pleurer.

Je n'avais pas remarqué Hector installé à son bureau. Je me passais la main dans les cheveux puis essuyais les larmes sur mes joues. Je réfléchissais quant à ma vision si terrifiante fut elle et soudain je vis Hector face à moi. Je sursautais en premier lieu puis je soufflais de soulagement en le reconnaissant.

- Il a un souci à la mâchoire, elle est déformée comme s'il avait eu une malformation.

Face à la tête d'Hector, je précisais que je parlais de mon agresseur. Mais j'avais mal, j'étais vraiment mal et je me rallongeais sans me préoccuper de lui. Je replongeais dans le sommeil, tirant à moi la couverture. Je ne savais pourquoi, ici, je me sentais en sécurité et je voulais en profiter pour me détendre. Même sur le bateau je n'étais pas rassurée. Je m'éveillais sur le matin, plus un bruit. Je sortis de la pièce et plus de musique. Je descendis les marches et je vis Hector au bar :

Bonjour, enfin je suppose.....Je suis navrée, je....J'étais si fatiguée et votre offre était si généreuse que...Je vais rentrer, je pense que je dois essayer de refaire mon pansement. Je sens que ça accroche dans les fils.

Je devais aussi me changer et ensuite recevoir ma première livraison, prévue à 14h. Mon bureau, ma table d'auscultation et du petit mobilier commandés chez un vendeur local qui travaillait avec l'hôpital. Faisant la grimace à cause de ma plaie, je demandais à Hector.

- Serait-ce abuser de vous demander un café ?

Une belle tasse blanche fut posée sur le comptoir devant moi, et la machine à café fut lancée derrière, vibrant à cause du mécanisme qui faisait chauffer la boisson en compressant le grain. Quand ce fut fait, Hector me servit le nectar aromatisé et chaud dans la jolie tasse.

"Je précise que vous n’avez plus de raison de craindre de votre agresseur ou de qui que ce soit de son genre. Désirez-vous être tenue au courant de l’avancer, comme vous dire qu’on a retrouvé et capturer ce gars ou préférez-vous l’ignorer ?"

Nous étions revenus sur le sujet principal de mon histoire. Je pris la tasse regardant Hector, mes pensées virevoltant dans ma tête. Ces paroles me réchauffaient tout autant que son café. Je ne me sentais plus seule et j'avouais que son appui me faisait grandement plaisir. Le lui dire, non ! Il risquerait de croire que je suis une faible femme.

- Bien sûr que je désire être tenue au courant de l'avancée et non seulement me dire que vous l'avez eu mais je désire le voir afin de comprendre.

Je buvais une autre gorgée doucement car le liquide était très chaud. Je soufflais un peu dessus et je recommençais.  Je n'osais regardé Hector et lui dire "si vous saviez le bien que cela me fait d'être soutenue après les misères que je vous ai fait subir" mais je me contentais d'un :

- Merci de vous êtes occupé de moi. Je vais tâcher de faire plus attention et ne plus vous porter préjudice.

Une façon de m'excuser ? Oui et non, mais surtout une façon de reconnaître que même s'il n'avait pas été des plus chaleureux, il savait au moins prendre soin des gens et surtout c'était un bon couturier car ma plaie tenait bon. La douleur ne s'estompait pas mais quelques antalgiques allaient remédier à cela le temps de la cicatrisation. Huit jours, ce n'était pas le bout du monde après tout.

Par contre vu que je n'étais pas allée à l'hôpital et que je n'avais pas envie d'y allais je me sentie obligée de lui demander :

- Est ce que je vous ennuierais de vous demander de me retirer mes fils dans huit jours ? Je ne me vois pas me rendre à l'hôpital en disant que j'ai fait la suture moi-même.

Non pas que j'étais tributaire du gérant du Daedalus mais je n'avais pas d'autre solution car je ne connaissais aucun confrère suffisamment pour demander cela.

"Tenez, écrivez votre numéro. On vous rappellera quand ce sera fait."

Ben ma foi, c'était clair que c'était pas pour demander un rencard. Mais je m'exécutais et notais mon numéro de portable. Il accepta de me retirer mes fils pour mon plus grand soulagement.

"Très bien. Repassez dans au Deadalus. Et si voulez-vous faire discrète, passez par l’arrière ce sera plus tranquille, je vous donnerais un pass."

J'acceptais volontiers et autant se la jouer discrète et ne pas entrer par la grande porte.

"Vous avez quand même connue une sacrée soirée. Dites-moi, regrettez-vous votre venue ?"

Il me regarda d'un air intrigué alors que je finissais de siroter mon café. Avait-il un coeur finalement et me voyait-il comme un être humain ?

"J’ai horreur de me lancer dans des théories. Je me base avant tout sur les faits. Mais si je devais faire exception, je suis prêt à parié que votre agresseur vous a attaqué sans raison personnel. Il vous a pris vous par ironie du sort."

Je suis touchée que vous vous souciez de mon sort. J'avoue que je ne comprend pas ce qui m'arrive mais je me dis que je n'aurais certainement pas que des ennemis. J'espère de tout coeur que vous avez raison et que je me suis simplement retrouvée au mauvais moment au mauvais endroit.

Je finissais ma tasse de café qui ma foi était délicieux. Je la reposais délicatement sur le bar, regardant dans le vague.

Si je regrette ma venue ?

Je le regardais en me disant que le simple fait d'avoir connu un énergumène comme lui ne me le faisait pas regretter du tout mais je n'osais le lui dire ainsi.

Non, je ne regrette pas d'être venue ni sur cette île ni au Daedelus

Je regardais alors autour de moi et cet endroit vide, sans musique, sans personne m'apparaissait soudain comme un havre de paix. Je me disais que ce serait sympa de nous refaire des tête à tête aussi calmement et dans ce lieu qui avait un je ne sais quoi de mystérieux.

Et là je vais vous laisser afin de vous reposer. Quand à moi, je dois réceptionner mon matériel et je vais de ce pas à mon cabinet. J'aurai plusieurs livraisons cette semaine et je dois démarrer mes travaux si je veux que tout soit prêt à temps. Je vous remercie pour le café, il était délicieux. Je pense que je reviendrais vous en demander un demain matin.

Je lui souris et je pris mes affaires et sa clé avant de sortir. Sur le pas de la porte, je me retournais et lui dis :

Merci sans vous, je ne sais pas où je serais aujourd'hui.

Je sortis et me dirigeais directement à mon cabinet. Même si la douleur me rappelait de ne pas en faire trop, je regardais et fis mon bilan de travaux. Un coup de peinture partout en bas après un peu de ménage et ce serait propre, les locaux étaient en bon état général. Mais je préférais m'enfermer de peur de me faire agresser. Devenais-je parano ? Je devais vaincre cette peur qui venait me tirailler. Pourvu qu'Hector trouve mon agresseur.

Soudain on tapait à la porte. Ma première livraison, j'étais impatiente. Ma table d'auscultation, un bureau, quatre chaises, une armoire. Parfait, j'allais pouvoir commencer rapidement. Puis deux femmes arrivèrent pour le ménage et ma foi, je les laissais faire faute de pouvoir aider, je savais pertinemment que ma plaie ne supporterais pas la transpiration. Mais j'avais emmené mon escabeau dès le premier jour afin de faire les toiles d'araignée, des produits de nettoyage, mon nécessaire de peinture et je comptais bien faire le début de mes travaux.

Les livreurs avaient bien mis mes meubles au centre de la pièce et c'était parfait.