Mission multitâches

Le doux son de l’acier qui raisonnait après chaque coup, était une douce mélodie à mes oreilles. Suivant un tempo régulier, les percussions produites copiaient le tambour de guerre. « Pam ! Pam ! Pam ! » Le même son encore et encore après chaque fois que mon bras s’abattait sur la tige de métal, pendant que le feu dans le four, ronronnait tel un gros chat, se laissant bercer par la berceuse. Quelques fois, la musique s’interrompit, laissant un moment de répit avant de reprendre comme avant. Le métal rougit, crachotait quelques étincelles qui allèrent mourir sur l’enclume, disparaissant dans l’air comme par magie. La température avec tout cela montait. La fumée s’échappait de partout, cherchant une issue pour aller prendre la fuite dans la cheminée et ne plus jamais revenir. Mais, laissant comme souvenir la sueur noircie sur le visage et les habits.

C’était un exercice que je répétais jour après jour. Sans arrêter, mon bras guerrier frappait sans pitié ce qui passait sur le bloc de fer, ne connaissant que peu le repos. Dans un monde bien sale et physique, j’y trouvais mon bonheur. Ancien patron des artisans, j’eus paradoxalement le sentiment de ne toucher un outil qu’à de rares occasions. Utilisant surtout mon fameux marteau de guerre, l’artisanat que je pratiquais était surtout la guerre justement. Pourtant là, je concevais et réparais comme si je l’avais toujours fait. Ne plus courir après les nains pour demander une arme ou une armure, je concevais les choses par moi-même, et proposant une qualité d’ouvrage remarquable.

Au moins, le bruit de l’acier cabossé, du four crachant ses flammes et de l’odeur de brûler, me firent oublier par moment mes inquiétudes. Où était donc passé ma femme et mes gosses ? Si je ne pouvais retrouver tout Asgard, qu’on me rendait au moins ma famille ! Mais non, voilà que malgré toutes mes recherches, pas un seul ne fut retrouvé. Et je n’allais pas en parler à la police. Qu’allais-je dire ? Que ma femme et mes enfants qui sont des dieux, avaient disparues ? Le travail m’aidait à oublier ces soucis, mais paradoxalement, nourrissait l’espoir que l’enseigne puisse attirer à moi, ceux dont j’avais perdu la trace.

Tout à coup, j’entendis le tintement de l’entrée s’agitait. Quelqu’un venait d’entrée, sans nul doute un nouveau client. Souvent, il s’agissait de personnes venant juste « regarder », et partir une fois leurs yeux rassasiés. Au moins quatre-vingt-deux pour cent des passants. Cela pouvait être décourageant, mais je ne baissais pas les bras, en ignorant chaque entrée. Dès que le seuil de mon commerce signalait un nouveau venu, je laissais refroidir dans l’eau mon travail. Soufflant un peu, je m’essuyais le visage avec mon vieux torchon déjà bien crasseux, afin d’être plus présentable, avant de venir accueillir les arrivants.

La partie « vente » était justement très accueillante. La décoration déjà, était faite avec des poutres en chênes, où étaient accroché quelques boucliers ou objet divers sur les quels, furent gravés les symboles de clans vikings. Les divers objets fabriqués furent quant à eux, exposés derrières les vitrines contre les murs et au milieu de la pièce. Bien entendu, pour tous fan d’aventures des temps anciens, on y retrouvait des boucliers, épées, haches etc. Mais des fois il y avait des bijoux forgés, des outils originaux comme un marteau au manche sculpté, le tournevis vernis par exemple. Bref, tout ce qui pouvait être en métal se trouvait-là, attendant un potentiel nouveau proprétaire.

"Bienvenu chez Thorsen l’ami ! Puis-je vous aider ? Vous cherchez sans doute quelque chose en particulier ou vous voulez faire réparer un truc peut-être." Demandais-je en affichant mon plus beau sourire au milieu de ce masque noir fait de crasse.

Je m’attendais bien à la réponse « Je ne fais que regarder », ce qui provoquerait une moue bien désappointer de ma part, mais me ferais lui lâcher les chausses. J’étais là pour faire tourner une affaire après tout. Et non, je ne tenais pas un musée, il fallait que je vendre. En tout cas, je restais là, au comptoir, surveillant le nouveau venu pour m’assurer qu’il n’est besoin de rien. Avec un peu de chance, il pouvait s’agir d’un de mes rejetons allez savoir.

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Il s’agissait avant tout d’un jeune homme. Grand, mince, plutôt beau gosse. Un beau ténébreux qui à qui on voyait de suite qu’il avait du charme. En réalité, il me faisait penser à mon demi-frère Loki. Ouaip, rien que sur le physique, ils partageaient des similitudes, et comme à chaque fois, je suspectais chaque visiteur d’être un dieu ou une créature. Notre puissance étant réduite, il était plus difficile qu’avant, de reconnaître l’un des siens. Et d’ailleurs, il m’était déjà arrivé une ou deux fois où un client se révélait-être un ancien adversaire cherchant vengeance. Alors oui, je gardais mon sang-froid, me montrant toujours amical, mais ma main se tenait prêt à donner quelques coups pour chasser tous les impudents.

Le nouveau s’exprima avec douceur, beau sourire et beaucoup de charme. Sérieusement, il me faisait bien trop penser à Loki, ce serait même son genre. Venir vous charmer et après, laissé un piège dans vos lieux d’aisance. En tout cas, sa demande d’emploi me fit bien rire. C’était la première fois qu’on venait me faire une telle requête.

"Désolé mon pote, mais je ne recherche personne en ce moment."

Ma boutique restait modeste. Petite, n’ayant pas trop de clientèle pour le moment, j’arrivais à gérer sans problème les affaires. Les commandes furent toutes réalisés en temps et en heure. Je pouvais aussi bien gérer la forge que la caisse. Bref, de l’aide je n’en avais pas spécialement besoin. Mais le dénommé Mickael insista, proposant même de faire une démonstration de ses compétences. Pendant un bref instant alors, j’examinais le postulant. Sans vouloir être vexant, il n’avait pas la carrure d’un forgeron. Je le voyais mal soulever un marteau et me faire une dizaine de sceau en fer rien qu’en une journée. Sauf s’il pensait à autre chose bien entendu.

"Cela dépend en fait. Tu as une spécialité ? Tu aimes travailler dans quoi ?"

Etant un peu le maître des artisans, j’étais touche à tout. Et donc, contrairement à beaucoup, je n’avais pas besoin d’une spécialité. Peut-être bien que le chétif fût bon à quelque chose en particulier et non à tout. En tout cas, malgré que je sois méfiant et que je n’avais pas vraiment besoin d’aide, j’étais tenter de lui accorder sa chance. Après tout, la vie sur l’île n’était pas facile, surtout pour trouver du boulot. Et il fallait avouer que comme avec Loki, j’étais tenté de le croire. Que vouliez-vous, ma bonté me perdra. Et puis, si c’était un ennemi ou pas, ce serait un bon moyen d’en avoir le cœur net. Le laisser approcher, et au moindre signe d’hostilité, un bon coup de marteau pour lui fendre le crâne.

Main caressant ma barbe dorée, je réfléchissais tout de même un minimum à sa demande. Bien que je spéculasse du fait qu’il puisse être une menace, je réfléchissais en même temps du côté positif, s’il était sincère. S’il arrivait à démontrer qu’effectivement, il était doué à ne pas laisser tomber ses outils sur son pied ou le mien, il pourrait me dépanner au final sur pas mal de chose. Ou bien mieux, il pourrait faire comme il le propose, de la vente. À la caisse, je pourrais rester à l’arrière-boutique pour poursuivre mon œuvre et ne plus être interrompue. Et je n’étais pas contre un peu de pub, naturellement.

"Bon, c’est une journée tranquille en ce moment. Et si tu me montrais ouais, ce que tu sais faire avec un marteau et une enclume. Je te testerais sur autre chose après et on verra."

Lui laissant ainsi sa chance, je l’invitais à me suivre dans la forge, se trouvant derrière la boutique. A croire qu’elle m’attendait, cette fabrique avait toujours son feu bien allumé et chaud, et l’épaisse fumée ne semblait vouloir nous quitter. Allant vers le fond, j’attrapais un vieux tablier de rechange que je jetais à ce potentiel apprentis.


"Enfiles ça, et montre-moi comment tu parles au fer petit."

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Et ainsi Mickael se hâta à la tâche. Sans rechigner, trainer ou plaisanter, il joua avec le marteau comme s’il en avait toujours tenu un entre les mains. Moi, dans mon coin, je le regardais faire. Il n’avait pas l’air comme ça, mais il fallait croire que les travaux physiques comme celui-ci ne semblait le dérangé. Sans le moindre signe de fatigue, aucun ralentissement, le petit nouveau frappa le métal comme si c’était moi qui agressais la matière. Ne disant rien, ne faisant aucune intervention, il se débrouilla seul. Et visiblement il semblait bien se débrouiller. Car pas une seule fois, je ne le vis hésiter, me regarder comme s’il cherchait un conseil silencieux ou un signe d’approbation. Et puis, après quelques heures, son labeur toucha à sa fin. Il avait confectionné une petite lame qu’il me passa pour connaitre le verdict final.

Attrapant l’objet, je l’examinais sous tous les aspects. Fine, légère, visiblement bien tranchante, on notait une qualité dans le travail. En si peu de temps, il avait réussi cet ouvrage. Aucun défaut, il ne manquait plus que la poignée et on pourrait le vendre ainsi. D’ailleurs, est-ce qu’une telle prouesse serait la preuve que Mickael soit un dieu ou une créature très douée ? En tout cas, je sifflais devant ses prouesses.

"Pas mal du tout. Je suis même impressionné mon gars. Sais-tu faire autre chose qu’un couteau ?"

S’il pouvait me faire épée, chandelier, fourche, me réparer des trucs aussi, je serais bien ravi de l’apprendre. Pendant qu’il me parlait de son CV, de ce qu’il pouvait savoir-faire, je désirais le tester sur autre chose. Par contre, s’il se loupait, cela ne serait pas si grave. Car déjà il pourrait me seconder à la forge, ce qui était pas mal du tout. Toutefois, il serait fort utile je pense, d’avoir quelqu’un pouvant me remplacer si le besoin se faisait sentir. Ce corps humain avait ses limites. Malgré certains dons qui m’étaient rester, gérer une affaire n’était pas facile tout seul. Et un peu de soutient ne serait pas du luxe.

"J’aimerais beaucoup voir ce que tu vaux à la vente. Comment tu te débrouilles pour faire acheter à la clientèle, viens donc te mettre à la caisse si tu permes."

Il fallait l’avouer, Mickael était avantagé par son physique et un charme divin. De très bon atout pour la vente. Contrairement à moi, il ne ressemblait pas à une montagne vivante intimidant facilement n’importe qui. Plus petit, plus mince et plus charmeur, il pourrait attirer une bonne clientèle et même convaincre à la vente. Et si ce que j’imaginais se révéla vrai, je pourrais revenir à une de mes principales idées, lui laissais l’espace vente à s’occuper, et moi m’avancer dans mes tâches de réparations et confections.

Comme si le destin voulait nous sourire, on voyait déjà approcher quelques passants de la boutique. Une belle occasion se présenta donc à nous.

"J’ignore si tu as déjà fait de la vente vraiment, mais souvent ce sont surtout des gens venant regarder. J’aimerais voir si tu seras les convaincre d’acheter ou non quelque chose ici. Allez montre-moi de quoi tu es capable !"

La porte tinta à l’entrée de ces nouveaux visiteurs. Deux personnes foulèrent mon antre, nous saluant de leur beau sourire, qu’on rendit, avant d’aller flâner entre les rayons. Restant à nouveau en retrait, je surveillais le postulant, étudiant sa démarche, comment il se comportait, ce qu’il disait etc. Bien entendu, il ne pouvait pas tout savoir, et si pour un quelconque renseignement, il avait besoin d’un coup de main, cela ne portera pas ombrage sur son évaluation.

Déjà, je vis quelque chose qui me conforta dans mes suppositions. Car l’un des visiteurs bien entendu, était une visiteuse. De suite attiré par les présentoirs à bijoux, elle jetait quelques rapides coups d’œil vers le futur membre de l’atelier. C’était un début prometteur pour moi, mais ce serait encore mieux si cette femme achetait quelque chose à la fin. Encore, il m’arrivait aussi de jouer un peu sur ma propre « présence » pour vendre, comme tout bon commerçant. Mais disons que je manquais de quelque chose. On me voyait plus comme le spécialiste des objets spéciales bourrins, et comme dit, ma présence intimidait.

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Sans bouger, je regardais le postulant agir. On pouvait dire qu’il était doué celui-là. Mais surtout auprès de la gente féminine, qui n’hésitait pas à user de petits stratagèmes de séduction pour arriver à ses fins. Oui, il me faisait beaucoup penser à Loki. Doué visiblement dans tous les domaines, rusé et séducteur. Pourtant, on lui connaissait tous ces traits, mais garda un certain charme auprès de vous qu’on ne pouvait jamais trop lui en vouloir. Une fois la vente conclue, achat encaisser et clients sortis, il était temps d’avoir une petite discussion avec notre ami. Bien entendu, il s’attendait surement à une évaluation, ce à quoi il aura droit naturellement. En même temps, j’aimerais m’entretenir avec lui sur certains points.

"Mon gars ! Tu es aussi doué avec un marteau qu’avec ta langue. Pas mal du tout. Il est vrai qu’avec un type de ton genre, j’aurais droit à une précieuse aide."

J’étais bourrin ok, mais pas stupide à ce point. Je savais reconnaitre le talent chez autrui et en tirer partis. Mickaël avait un don, bien trop incroyable même pour un humain. Alors oui, je fus tenté de l’embaucher, de lui faire signer un contrat, mais je restais avant tout prudent. N’oubliez pas qu’une armée d’ennemis m’attendait au tournent pour me faire la peau. Et j’aimerais savoir si Mick, était l’un d’entre eux. Malheureusement, je ne possédais aucun pouvoir de persuasion, ni de télépathite ou télépatate, enfin pouvais pas lire les pensées quoi. Donc, pour connaître la vérité, à moins d’avoir une puissante relique sous la main, je devrais me fier à ce que je vois et entend.

"En réalité, je suis prêt à parié que tu es doué dans pleins de chose encore. J’aimerais savoir dans ce cas, pourquoi moi, pourquoi ici ? Ma boutique est peut-être cool, mais on ne roule pas sur l’or. Je suis curieux de savoir pourquoi tu m’as choisis ?"

La question pouvait se poser. Il existait de nombreux endroits plus chicos, ayant de la gueule, payant sans doute mieux et qui embauchaient. Moi, je tenais cette modeste boutique avec sa forge seule, gagnant juste assez ma vie. Alors j’étais curieux de connaître les raisons qui poussaient cet homme à venir franchir ma porte. Après ouais, je pouvais me gourrer. Il pouvait s’agir d’un autre dieu ou une créature amoureuse du métal que je ne connaissais pas encore. Ou bien un humain vachement doué, mais ça j’en doutais. Rare, voir exceptionnel furent les mortels pouvant rivalisés avec les divins. Mais si s’en était bien un, il fallait à tout prix que je le garde sous la main.

Après, j’avouais que j’aimerais de manière naïve, que Mickaël avouait de suite ses intentions mauvaises et/ou qu’il était divin ou créature. Enfin, s’il en était un. Avouez que les choses seraient plus simples ainsi, autant qu’un coup de marteau net et précis. Mais bon, nous verrons bien. J’espérais au moins être en mesure de reconnaitre les ruses de Loki si je les revoyais. Mais pas dit que ce sera le cas. Mon pauvre vieux, te voilà devenu vraiment parano. Mais quand on tentait de te tuer presque tous les quatre matins, il y avait de quoi se sentir un poil nerveux. Bon, j’y trouvais un peu de plaisir à massacrer tous ces abrutis, ça réveillait le guerrier qui était en moi. Malgré cela à la longue, on finissait par imaginer l’attaque d’un ennemi, sortant de sa cachette de n’importe où, pour venir vous tailler la peau.

J’écoutais donc la réponse du jeune homme. Réfléchissant déjà à l’avance ce que je pourrais dire, comment je réagirais s’il me disait ceci ou cela. Également, si on pouvait le mettre à l’épreuve encore, tester ses aptitudes, sa personnalité etc. Je pensais même y avoir trouver une bonne idée, mais à voir si on pouvait la caser quelque part.

Après, si tout se passait très bien, oui je pourrais le prendre à mon service. Mais vue ses talents, j’hésitais encore à le mettre soit à la forge ou à la caisse. En réalité je préférais le laisser côté boutique si possible. Il était bon avec un marteau, mais semblait plus doué que moi pour parler aux gens, moins brusque, plus diplomate charmeur, et cela me donnerait plus de temps de finir ma besogne.

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Il fallait avouer que je plus j’écouter, plus je l’appréciais ce maigrichon. Impossible d’imaginer effectivement qu’il puisse me nuire, ou moi lever la main sur sa tête. Sauf s’il devenait menaçant, Mickael me paraissait être le plus charmant et sympathique des hommes. De plus, sa première phrase me donna un semblant d’espoir. Un sous-entendu qu’il serait un dieu ou une créature ? Si oui et qu’il était guerrier, là je m’en ferais le meilleur pote de tous les temps. Pour le moment ne nous emballons pas. Rien n’était sûr et j’aimerais le tester sur autre chose encore.

"Je dois avouer que tu m’es fort sympathique Mickael. Et ton offre me parait fort attrayant. Mais effectivement j’aimerais te soumettre à une dernière épreuve. Trois épreuves, le chiffre parfait. D’ailleurs, ce sera le plus important."

Je l’avais testé sur son côté professionnel, manuel et social où à chaque fois il avait réussi haut la main ces derniers défis. Mais il restait quelque chose qui me tenait à cœur et dont je fus curieux de voir comment il se comporterait face à cela. S’il échouait, je me verrais dans l’obligation de le virer à coup de pied aux fesses car là, contrairement à la forge et à la vente, je ne pourrais rien y faire, aucun cours ou conseils ne pourront être donnés.

"Dernière épreuve mon gars : Allons au bar nous en jeter une ! Ce sera mieux pour apprendre à se connaitre."

Effectivement, l’épreuve était simple, voir comment il était dans un milieu décontract, loin d’un cadre pro. Il fallait que je voie si on pouvait bien s’entendre au final, et quoi de mieux que l’ambiance d’un bar pour se faire un pote. Ou mieux, voir si oui ou non le gars devant soit nous jouait la comédie, se faisant déconcentrer par l’ambiance bien vivante d’une taverne moderne. Me débarbouillant vite fait et enfilant une tenue propre, je l’invitais à me suivre, fermant derrière moi. Nous étions un peu en morte saison et une pause ferait du bien.

Inutile de vous raconter le trajet, j’aborderais directement à l’entrée au bar. Cadre chaleureux, déjà peuplé avec de la bonne musique à thème celtique rock. Quelques bons vivants qui riaient sous l’effet euphorisant de la boisson, tapotaient quelques fois sur le comptoir et parlaient bien fort nous accueillaient. J’en saluais certains que je reconnaissais la sale tronche et alla m’installer avec mon postulant à une table au fond. La banquette était renforcé teinté d’un vert foncé, adossé à une cloison en bois dont les barreaux s’entremêlaient pour former d’étranges motifs que j’eus du mal à reconnaitre.

"C’est un peu ta journée mon gars alors commandes ce que tu veux."

Je ne roulais toujours pas sur l’or, mais les prix ici étaient abordables, et la qualité du service et de la boisson plaisante. On avait de quoi se sentir à l’aise. Tellement que je me laissais m’avachir sur la banquette, laissant mes jambes glisser sous la table, le dos s’arrondissant contre la paroi de bois. Ouais, je venais souvent dans ce genre d’endroit. Curieusement, à chaque fois que j’y mettais les pieds, j’eus le sentiment que la dernière fois revenait à un siècle. Peut-être était-ce dût à ma condition de mortel. La vie devenait plus dure, le travail plus acharné, les conditions ne nous épargnaient pas… De quoi faire regretter sa vie d’avant. Mais trêve de nostalgie, c’était un moment quelque peu festif, et je comptais en profiter pour discuter avec notre nouvel ami. En attendant que quelqu’un vienne prendre notre commande, nous pouvions débuter notre conversation.

"J’espère que tu apprécieras l’endroit. J’en connais d’autre mais celui-là est sympathoche. Sinon, j’ai bien entendu ce que tu m’as dit. Mon chez-moi n’est pas très grand. Mais si dans l’absolue tu as besoin d’un endroit où dormir, on peut s’arranger. Après je ne suis pas d’accord. Pour moi, tout travail mérite salaire. Alors même si ce n’est pas grand-chose, tu toucheras quelques drekels. On négociera pour ça t’inquiètes."

Le premier point était dit. J’avouais que l’entendre me demander surtout de quoi bouffer et où dormir lui suffisait me surprit. J’aurais pus sauter sur l’occasion qui était plus qu’avantageuse pour moi, et lui faire un coin lit dans la forge seulement. Mais, ce ne serait pas mon genre. Je me sentirais coupable vis-à-vis de lui. Profiter des gars gentils, ouverts et serviables, même trop, je n’avais cœur à les exploités. Après, même s’il se payait ma tronche, je ne pourrais abuser de lui. En tout cas, je verrais tout ce que je pourrais faire pour l’aider.

"Sinon, à part le boulot parles moi de toi. J’aimerais en savoir un peu plus. D’où tu viens, t’as de la famille ou des amis. Que faisais-tu avant, qu’est-ce que tu aimes… Allez lâches toi."

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L’ambiance fut rapidement bonne. Mickaël se prêta au jeu et dévoila tout son humour. Ouaip, la serveuse était pas mal, donnait envie d’y croquer. Mais aucune femme ne saurait égaler Sif et quand mon regard fut attiré par une belle plante, le souvenir nostalgique et culpabilisant de mon épouse me revenait à chaque fois. Mais je n’en montrais rien, gardant l’espoir de recroiser un jour sa route et reformer une famille si on retrouvait aussi nos gosses. Je pouvais ne pas être le meilleur des pères, mais j’y tenais quand même beaucoup.

On aurait vraiment cru que Mickael réalisait un plan de séduction. Un pour-cent seulement des ventes de ses produits… Soit il cherchait à me manipuler en faisant l’offre trop bonne pour moi, ou bien ce gars était vraiment dans une salle situation et était prêt à accepter n’importe quoi histoire de se sortir un peu de la mouise. Bien que gardant un peu de méfiance envers le monde qui nous entourait, je ne pouvais m’empêcher d’éprouver de la sympathie pour cet homme, même si sa proposition était offensante.

"Arrêtes de dire n’importe quoi ! Tu me prends pour qui ? Un arnaqueur ? Ecoutes, voilà ce que je te propose. Cinquante pour-cent des ventes de tes objets ok ? Les réparations, tu auras droit à quatre-vingt. Toute besogne mérite un bon salaire et je ne suis pas homme à profiter d’autrui."

Voilà qui fut dit. Et la suite de la conversation devenait plus sérieuse. A Hel les mixtures et potions de vérités etc. Rien ne valait une bonne boisson fortement alcoolisée pour connaitre le cœur des hommes et des femmes. Mickaël ne semblait pas aussi bien supporté cette dernière contrairement à moi. Il fut soule bien vite, ce qui ne manqua pas de m’amuser et rire un bon coup à se dépend. Ceci-dit, j’eus droit à une bien belle révélation. Mon nouvel associé avoua sans retenue, entre deux hoquets, sa véritable nature. Un dieu ! Une nouvelle qui me réjouissait le cœur. Mais quel dieu ? De chez moi ? D’ailleurs ? Après Tyr, en voilà un second et j’en fus fortement heureux. Hélas, la pauvre divinité n’eut le temps d’ajouter quoi que ce soit de plus, avant de s’écrouler au sol.
Levant les yeux au ciel, je l’attrapais pour le soulever, rassurant les employés que je m’en occuper et l’emmena avec moi…

N’ayant bien entendu aucun toit, ce fut chez moi que le Mickaël fut ramené. N’ayant eut le temps de lui préparer une chambre, il devra se contenter du canapé du salon. Le déposant comme un gros sac de pomme de terre, je lui apportais oreiller et couverture afin de le mettre à son aise. Mais avant de l’abandonner, je restais quelques instants à son chevet. Je méditais en fait, prenant le temps de digérer la vérité qu’il venait de me balancer. Un autre dieu… Qui l’eut cru que j’en retrouverais un ? Je voulais savoir bien entendu le quel il prétendait être.

Micka dormit tout le reste de la journée et la nuit. Au petit matin, je m’étais levé pour préparer un déjeuner. La cuisine était ouverte au salon/salle à manger, laissant l’odeur du pain grillé et du bacon emplir l’air de la maison. Jadis, on ferait griller un sanglier pour le matin, le minimum à avaler avec une bonne bière, mais ici les gens semblaient plus avares sur la nourriture, ne voulant avoir l’estomac trop remplit. Pendant que je finissais de préparer le repas, notre invité semblait enfin se réveillé.

"Tiens ! Notre ami est enfin debout ! Bien dormi ? Allez viens manger quelque chose."

Je déposais le tout sur la table de la cuisine. Une petite table en bois ovale, reposant sur un pied mouluré, prenant vaguement la forme d’un serpent dont la tête ressemblait à un marteau de guerre. Une de mes créations. A sa surface, je disposais dans des assiettes, bacon, pains grillés et confitures. Et pour les boissons, café et jus de fruit. Tout ce qu’il fallait pour un mortel pour bien commencé sa journée.

"Comment tu te sens alors ? Tu as fini vite dans le coma hier."

Je lui laissais bien entendu le temps qu’il fallait pour remettre les idées en place. De se lever et remonté la pièce décorée d’armes de guerre et gravures en bois sur les murs. Passes sous les regards interloqués de mes connaissances immortalisé dans le bois, entouré de symboles atypiques asgardiens.

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On pouvait dire que malgré la gueule de bois, le crâne en mode tambour, notre ami ne fut pas dégouté de la parole et parvint à nous faire tout un joli petit speech sur son état et sa cuisine. Toutefois il me remercia pour l’aide offerte, ce qui n’était rien. Néanmoins, il ne nous fit pas tourner au tour du pot. Se connaissant visiblement bien, il se suspecta d’avoir lâcher quelques informations importantes pendant qu’il piquait du nez dans sa boisson et se doutant de ce qu’il pouvait avoir dit, ouvrit la porte pour les questions. Bigre ! Pour un dieu il ne tenait pas l’alcool, et lui faire arracher les verres du nez semblait facile. Si un jour nous devions nous affronter, je serais quoi faire pour connaitre ses petits secrets.

Attrapant une tasse de café que je remplissais avec la carafé chaude juste à côté, j’en buse une nouvelle gorgée devant Mickael qui lui, semblait en avoir bien plus besoin que moi. On pourrait faire durer la scène, trainer le suspense, mais ce n’étais pas mon genre. J’étais connu pour être un fonceur, un gars qui voulait tout savoir et tout avoir de suite, dont la patience n’était pas sa meilleure qualité. D’ailleurs, elle ne figurait pas dans ma liste. Et puis, c’était sans doute la meilleure occasion pour savoir à qui j’avais en face de moi, si c’était un dieu qui me voulait du mal ou non.
D’ordinaire, je questionnerais en fracassant la table avec mon marteau. Mais privé de mon arme, j’optais pour une approche plus amicale.

"Tu m’as avouer être un dieu. Quel genre ? Et si tu dis dieu ou dieu ancien, le quel ?"

Bien sûr, toute une liste de nom défilait dans ma tête. Principalement ceux de chez moi, j’essayais de rattachais les caractéristiques physiques et mentales de Mick avec ceux des Ases et Vanes. Je pensais surtout à Loki, pour le côté enjôleur amoureux des mots qui endorment l’esprit, Balder pour la beauté et le charme, Andhrímnirle dieu cuisinier pourquoi pas, Bragi de la poésie « beurk », il avait aussi un petit côté qui me fit penser à Hermod notre dieux messager. Après je n’allais pas tous les énumérés, on n’en finira pas. Mais plus j’y pensais, plus ceci me torturait. Et savoir que j’allais bientôt le savoir me rendait impatient.
Pourquoi pas une créature ? Il disait être un dieu, non un monstre. Même si en réalité, certaines créatures étaient vénérées telles des divinités. Fenrir avait ses adorateurs, tout comme certains géants. Voyons donc ce qu’on aller apprendre. Et pour l’y encourager, je cherchais à le mettre davantage en confiance, en plus du bon repas que je lui servais.

"Tu peux cracher le morceau sans avoir la trouille. Je t’écouterais et me sens capable de te croire."

Bien entendu, je prévoyais de dévoiler mon identité. Mais une petite voix me disait que ce serait stupide de le faire en premier et si vite. Je pourrais soit me faire passer pour un fou, ou pire, me dévoilais trop rapidement à un potentiel ennemi. S’il s’agissait d’un dieu qui m’en voulait, il n’hésiterait sans doute pas d’user de malice pour me piéger si je disais qui être. Mais si je devinais son identité avant et qu’effectivement il me voulait du mal, je pourrais lui balancer en pleine figure mon nom et lui régler son compte.
Je sais que dis ainsi, on pourrait penser que je devenais paranoïaque. Je dirais qu’en réalité non. C’était de la méfiance avant tout. Une prudence forgée après des siècles de tentatives de meurtres. A la longue, on s’attendait à voir un ennemi partout. Toutefois, contrairement à la paranoïa, j’accordais à chaque fois le bénéficie du doute à tout le monde, laissant une chance de montrer qu’ils pouvaient être de chocs types. Et j’offrais bien mon amitié à certains, ne les suspectant pas un seul instant, un dessin de traitrise.

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Ainsi Mickael se présenta comme étant le dieu Celte Lucellos. Une réponse qui plaisait bien à Thor, car ce dernier suspectait un de ses ennemis. Fort heureusement, il connaissait plutôt bien les divinités celtiques, qui étaient pour lui, un peu des voisins ou cousins quelque chose dans le genre, donc il voyait parfaitement de qui, son nouvel associé, voulait parler. Bon, le dieu bourrin aurait peut-être au final, aimait retrouver un de ses anciens potes nordiques. Il y avait Sven, mais ce dernier était de l’autre bord, un rien risquait de les pousser à s’entre tuer, ce que déplorerait James. Un dieu celte pouvait donc servir de remplacement ?
En tout cas le forgeron écouta le récit de nouveau compagnon décapsulant une bière qu’il bue à petite gorgée. La présentation de ce dernier fut brève, mais il avait au moins craché le plus important sans doute, sautant sur l’occasion pour en savoir plus sur celui qui eut la bonté de prendre sous son aile. Et fidèle à lui-même, James aka Thor, ne pouvait s’empêcher de se lancer dans une présentation quelque peu grandiloquente. Que vouliez-vous, il y avait des choses qui ne changeront jamais après tout, ce qui faisait un peu le charme du dieu du tonnerre non ?

"Je suis Thor ! Dieu du tonnerre et patron des artisans. Fils du dieu-roi Odin et protecteurs d’Asgard et des mortels."

S’il avait gardé toute sa superbe quand il vivait sur Asgard, il aurait brandi son fameux marteau, frapper le sol et le ciel serait recouvert de nuage crachant des éclairs qui pulvériseraient le sol. Cependant la seule arme qu’il tenait et qu’il brandissait avec fierté, fut la bouteille de verre déjà à moitié consommer.

"Pour te répondre mon p’tit pote ! Je ne sais rien de Caelesti, j’ignorais l’existence de cette île jusqu’à ce qu’on m’y bombarde comme un obus. Pourquoi on est là ? Sais pas. Sans doute pour qu’on termine notre guerre ici ou qu’on trouve quelque chose. De toute après la réunion à la mairie. Tu y étais non ? Si oui tu dois en savoir autant que moi."

Cette fameuse réunion qui avait suivit le tremblement de terre. L’atelier de Thor avait quelque peu morfler comme on dit, mais grâce aux dons du proprio, le bâtiment fut comme neuf. Encore, réparer ses affaires ne lui posait aucun problème, mais ce qui en a découler de la réunion, ça ca l’avait perturber. Plus de guerre, un danger imminent en approche ? James ne disait pas non à un nouveau défi, mais plusieurs problèmes en découlaient. Premièrement, il n’avait plus son arme favorite. Donc casser quelques tronches à des trolls à mains nues pourquoi pas, mais face à un danger semblable au Ragnarök, que pourrait-il faire ? Et puis, Thor aurait aimé aussi comme tout le monde sans doute, des explications à leur situation, si oui ou non ils retourneront chez eux.
A travers ses souvenirs de cette soirée, le forgeron se souvenait des derniers mots prononcer par Michael qui le firent se poser d’autres questions. Par curiosité et aussi par suspicions, il demanda en prenant une autre gorgée :

"Qu’entends-tu par seconde chance ? Aurais-tu des trucs à te faire pardonner ?"

Mission multitâches

Prévoir une tempête était assez facile. Nuages noir et gris qui approchaient, le vent qui devenait de plus en plus fort, le son de l’orage qui résonnait au loin, les oiseaux qui fuyaient la bête monstrueuse céleste. Grâce à tous ces signes et bien d’autres, les ancêtres pouvaient prévoir l’arriver imminente d’un orage. Mais quand n’était-il de celui qui les provoquaient ? Lui qui lançait son marteau au temps jadis pour faire pleuvoir les éclairs sur ses ennemis ? Thor était-il autant prévisible ? Pour ceux qui le connaissait, la déité avec le sang chaud, animé par le plaisir du combat et coller ses énormes poings dans la figure de quelqu’un. Donc, on pouvait facilement s’attendre à ce que le fils d’Odin se jette à l’eau à la première occasion pour se battre.
Mais là, ce n’était pas une envie de jouer, de tester sa force ou ce genre de chose. Non, c’était la colère qui grondait en lui. La tempête crachait ses éclaires et remuait les océans dans les tripes du dieu nordique. Ok, Mickaël n’était pas un mauvais bougre, au contraire il forçait la sympathie et jusque-là, James appréciait ce p’tit gars quelque peu maigrichon. Mais loin d’être bête, Thor faisait attention aux mots qu’on lui balançait.

"Tu te fiches pas de moi là ?! Je croyais que c’était Dana ou Cernunnos le boss chez vous. Qu’est-ce que tu fiches ici alors ?! Et si t’es vraiment un dieu-roi, alors pourquoi vous nous avez tous envoyer à la même enseigne ici !"

Lucellos avait beau parler de paix et d’amour… Il avait réveillé une vieille blessure chez James. Aussi fidèle soit-il envers son père, il lui en voulait toujours de l’avoir envoyer sans son avis, chez les mortels. Ouaip, James aimait ces derniers, les protéger et jouait souvent le grand frère, mais cet exil forcé l’avait séparé de sa femme, de ses enfants et de tous ses amis. Il a été isolé sans explication par celui qu’il défendait. Et plus d’une fois, il se demandait s’il n’allait pas rejoindre la concurrence pour faire payer son géniteur.

Mais Odin n’était pas là, sans doute restait-il à l’abris sur le Mont Olympe, dernier refuge des dieux de tous panthéons à regarder leurs pions s’agitaient sur ce nouveau plateau de jeu. Lucellos risquait fort de servir de bouc émissaire pour toute sa frustration. Le forgeron espérait au moins que ce dernier avait les réponses qu’il souhaité. Si cela lui convenait, peut-être éviterait-il de trop lui abîmer sa belle gueule. Admirons néanmoins la retenue dont il faisait preuve pour ne pas se jeter immédiatement sur lui pour le mettre en pièce, même si ces tripes lui commandaient le contraire.

"Fais gaffe à ce que tu vas me dire mon pote ! Car je suppose que si tu as échouer ici aussi, tu dois être tout autant affaiblit que nous."

Les mots apaisant de Mickaël parlant de protéger les leurs etc. Ne semblaient apaisé justement la montagne de muscle. Cette dernière pourtant, était partager entre la colère et la déception. Le premier dieu rencontré fut un ennemi, venu de l’autre camp. Et le deuxième, sans doute un des responsables de son triste sort. Et à chaque fois, Thor se faisait avoir. Il commettait la même erreur, s’attacher à ces personnes avant de découvrir la terrible vérité. Certains diront qu’il avait tout simplement bon cœur et voyait souvent le positif chez les gens, mais pour lui, c’était de la naïveté. Et deux fois de suite… Cela le gonflait un peu… Même si pour le cas de Tyr, les choses semblèrent s’être améliorer, James Thorsen aurait aimé retrouver ou se faire un pote sans être obliger de passer à un moment par les hostilités.

Mission multitâches

Le visage de James devenait rouge. Il serait tentant de dire qu’il ne fut pas plus convaincu de toute la LONGUE et détaillé explication de son collègue divin.

"On peut dire que tu aimes parler et surtout baratiner !"

Se levant en manquant de faire basculer la table, le dieu du tonnerre, qui ressemblait beaucoup à celui de Marvel, se dirigea vers la fenêtre. Il regardait à travers sans trop savoir quoi regarder. En réalité il cherchait surtout à se calmer, à saisir le sens de ce que Mike ou Lug voulait lui dire et peser le pour ou le contre de lui en coller une.
Il était bien content au moins d’avoir retrouvé Geri, car jusque-là, chacune dieu ou créature retrouver était un potentiel ennemi, comme Tyr. Et là, il rencontrait un pseudo dieu-roi qui n’en était pas un. Oh oui son histoire ne manquait pas de détail, mais le forgeron trouvait plutôt absurde son titre. Il ne manqua pas de le faire remarquer.

"Tu n’es pas vraiment un dieu roi en fait. Ils t’on donner le titre, mais tu ressembles plus à une victime qu’autre chose."

Les mots étaient certes très durs, ainsi fut Thor fils d’Odin qui ne trahissait jamais ses émotions. Quand il était de bonne humeur, il était joyeux et ses mots exprimaient aussi bien sa joie que sa tendresse. Mais en colère, ses mots devenaient ses éclairs au milieu d’un orage qui grondait.
Il maudissait sur le coup sa bonté, trouvant qu’il s’attachait un peu trop facilement aux gens. Déjà avec Loki, ce n’était pas facile. Malgré sa malice et ayant mener plus d’une fois des misères à son ainé, Thor lui pardonnait à chaque fois à la fin, lui refaisant après naïvement confiance. Mike semblait pareil. Peut-être était-ce pour cela que le dieu aux gros muscles s’attachait à lui, peut-être que dans un sens il y retrouvait son cadet espiègle et pensait revivre encore un coup bas.

Au final, Thor ne savait trop quoi penser. Il était tenté de le croire. Après tout, il ne connaissait pas vraiment Lug, si ce n’était de nom. Il pourrait donc lui accordait une chance, mais ce n’était pas évident. Le bourrin ne savait plus trop quoi dire ou faire. Respirant un bon coup, il expira tout l’air qu’il avait dans ses poumons, évacuant cette pression qui ne faisait que s’accroitre sur ses épaules. Bras croisé sur son puissant torse, Thor se retourna vers son invité pour exprimer son verdict. Il ne savait pas s’il agissait avec justice ou avec cœur… En tout cas, il assumait la moquerie comme quoi il manquait souvent de jugeotte, mais il assumait, même si ce n’était pas toujours facile.

"Bon. Je t’accorde le bénéfice du tout. Je croyais que tu étais de l’un de ceux qui nous ont envoyé ici et qui m’ont séparé de ma famille."

Thor ne savait trop quoi penser des derniers mots de Mike non plus. D’ordinaire, le dieu était vaniteux, il ne disait pas non qu’on lui fasse un peu de lèche. Cependant ce comportement lui avait en retour attiré pas mal d’ennui, donc il resta méfiant sur ce point, au cas où Lug ou Mick chercherait bien à le baratiner. Car après tout, les mots pouvaient toucher, mais ils n’avaient aucune valeur sans actes. Pour cela qu’à son temps, Thor testait la valeur de ses guerriers par des duels. On avait beau dire être fort et le meilleur, encore fallait-il le prouver.